3 août 2012

Le procureur Courroye n'a aucune raison de se plaindre

Philippe Courroye est muté à Paris. (photo DR)
François Hollande a placé sa présidence sous un signe essentiel : la justice. Il ne faut donc pas s'étonner que Christiane Taubira, ministre de la Justice et garde des sceaux, ait demandé au Conseil supérieur de la magistrature d'adopter la mutation de Philippe Courroye, procureur général à la Cour de Versailles, procureur de Nanterre, comme procureur général à Paris. Cette mutation a été justifiée pour le bien du service suite aux divers comportements d'un procureur très lié au pouvoir sarkozyste et dont le nom apparaît dans plusieurs dossiers dont l'atteinte au secret des sources de journalistes du Monde et l'affaire Bettencourt dans laquelle les enquêtes préliminaires ont duré trop longtemps.
Une bonne administration de la justice nécessite incontestablement de la sérénité, l'absence d'éléments passionnels, d'engagement direct ou indirect en faveur de tel ou tel pouvoir politique. Ce n'était pas le cas de Philippe Courroye dont le conflit permanent avec Isabelle Prévost-Desprez, juge au tribunal de Nanterre, entraînait des suspicions ou des retards sur la conduite des actes de justice. Philippe Courroye, comme on pouvait le prévoir, évoque une sanction plutôt qu'une mutation. Pourtant, l'homme est suffisamment rompu aux affaires et assez rusé pour savoir que cette défense ne tient pas, du moins auprès de l'opinion publique. Philippe Courroye a fait le pari de la réélection de Nicolas Sarkozy dont il est l'ami — ce qui n'est pas interdit — et doit donc en assumer toutes les conséquences dans la mesure où son protecteur a été battu par le suffrage universel et dans la mesure également où le nouveau pouvoir doit, autant que possible, éviter l'incursion de la politique dans le monde judiciaire.
Une question se pose ? La mutation — à grade et salaire égaux — du procureur Courroye est-elle juste ? Elle l'est assurément si l'on considère que la politique pénale de ce gouvernement devra être mis en musique sans interventions individuelles par les procureurs pas encore indépendants. Christiane Taubira a d'ores et déjà assuré qu'elle ne donnerait aucune consigne pour traiter les dossiers personnalisés. L'arrivée de M. Courroye à Paris — on a connu pire mutation comme celle de ce conseiller de cabinet exilé en Guyane — ne gêne en rien l'évolution de sa carrière. D'ailleurs le CSM a donné un avis favorable à la mutation de M. Courroye pour que la justice de Nanterre soit rendue sans trouble…

2 août 2012

Les artisans fraudeurs coûtent dix milliards d'euros à l'Etat

Une enquête conduite par les inspecteurs des fraudes sur 4 000 entreprises (excepté le BTP) artisanales amène à considérer que 7 % des chefs d'entreprises fraudent les organismes sociaux. Cela représente un manque à gagner de quelque dix milliards d'euros par an qui ne tombent pas dans l'escarcelle de l'Etat ou des caisses des régimes sociaux. Parmi ces entreprises, il apparaît que l'hôtellerie-restauration est le secteur qui emploie le plus grand nombre de personnes non déclarées. Et pourtant, c'est ce secteur qui a bénéficié d'un taux réduit de TVA soit trois milliards d'euros par année non perçus par l'Etat !
On sait maintenant que les promesses faites par les professionnels de ce secteur étaient des promesses en l'air et que Nicolas Sarkozy a tout simplement voulu s'attirer le vote de professionnels qui, à tort ou à raison, sont majoritairement considérés comme votant à droite ou à l'extrême droite. François Hollande a demandé une étude exhaustive sur ce sujet et s'il est prouvé que les hôteliers-restaurateurs n'ont pas baissé leurs prix ni embauché les dizaines de milliers de salariés promis, il proposera au Parlement de revenir à un taux de TVA plus conforme à la réalité économique même si ce taux n'atteint pas le taux maximum.
Si j'évoque ces fraudes c'est parce que la campagne électorale présidentielle a été polluée par les soi-disant escroqueries des chômeurs et des titulaires du RSA ! On se souvient que Nicolas Sarkozy et ses copains Wauquiez et Bertrand, ont mis en cause l'honnêteté de certains des bénéficiaires de prestations sociales visant à faire d'eux, dans le meilleur des cas, des assistés et dans la pire des situations, des parasites.
Il est bien que les services des impôts s'occupent des fraudeurs de toutes sortes et de tout acabit.

1 août 2012

A quand le judo pour tous à l'école primaire ?

Bernard Amsalem, chef de la délégation française à Londres
Les jeux olympiques sont l'occasion, pour de nombreux téléspectateurs de découvrir des sports qu'ils connaissent mal ou pas du tout. Il est ainsi du judo. Cet art martial est, avant d'être un sport, un art. Autrement dit, il exige de la part de ses pratiquants le respect de certaines règles, une conduite sportive impeccable et un sens de l'adversaire que seuls les Japonais sont capables d'inventer. Question d'histoire et de culture.
A Louviers, le club de judo a été créé par Claude Vial, docteur en médecine, dans les années soixante et mon père, ceinture noire et enseignant, lui a succédé auprès des jeunes générations. Aujourd'hui le judo est un sport de masse et Gérard Holtz, le journaliste de France 2 qui exaspère le plus le public, se demande s'il ne faudrait pas rendre obligatoire la pratique du judo à l'école.
S'il est vrai que ce sport nécessite à la fois des qualités physiques et des atouts moraux indéniables, le judo se pratique dans des conditions matérielles particulières. Il faut une salle vaste (un dojo) un tatami spécial afin d'amortir les chutes, des professeurs compétents tels que peut l'être Patrick Freschi qui, à Louviers, a formé bien des judokas de tous âges.
Le sport à l'école est le parent pauvre du système éducatif. Bernard Amsalem, président de la fédération française d'athlétisme, membre du comité national olympique, chef de la délégation française à Londres, a écrit des pages et des pages sur ce qu'il faudrait faire, en France, pour donner au sport en général et à l'éducation physique en particulier, leurs lettres de noblesse. Une politique comme celle-là devrait faire appel à des structures spécialisées sous l'égide de l'Etat avec l'aide et le soutien logistique des collectivités locales. En matière d'investissements, les Régions, les Départements, les Agglomérations — c'est le cas chez nous — mettent la main à la poche pour que des équipements modernes, ouverts, aptes à la pratique du sport de compétition et du sport de loisirs, éclosent ici et là. La halle d'athlétisme de Val-de-Reuil, le stade du Havre, la grande salle de sports de Rouen, autant d'équipements régionaux et nationaux financés majoritairement par les collectivités locales. Il reviendrait à l'état de mettre à disposition les éducateurs et de prévoir des heures dans les programmes scolaires. Il ne faut pas que le sport ne serve qu'à flatter les egos chauvins et nationalistes.

31 juillet 2012

L'indécence de Nicolas Sarkozy


« Les confidences, commentaires et critiques de M. Sarkozy, plus ou moins distillés dans la presse, sont indécents. L’ancien Président de la République a besoin de vacances. Il devrait s’y consacrer pleinement. Et s’il a quelque chose à déclarer, qu’il se contente d’excuses qu’il doit à la France et aux Français.
Brocarder la politique étrangère de la France conduite, sans la moindre faute, par le Président François Hollande et le Ministre Laurent Fabius quand on a terni l’image de la France dans le monde, quand on a sans cesse attisé les antagonismes, divisé les Français, abimé la France, cela confine à l’imposture.
Avec le recul nécessaire s’agissant de la politique étrangère, on fera le bilan de M. Sarkozy, y compris de son intervention en Lybie dont il se vante et qu’il n’a pourtant évoqué à aucun moment pendant sa campagne présidentielle, parce qu’il en mesurait déjà les répercussions dramatiques sur le Sahel.
Ce qu’aujourd’hui M. Sarkozy a le mieux à faire, pour les Français et pour lui-même : se taire. »
François Loncle, 
député de l'Eure

29 juillet 2012

Sarkozy a raté une belle occasion de se taire

D'après Le Parisien libéré, Nicolas Sarkozy, en vacances au Maroc, porterait des critiques contre François Hollande. Il lui reprocherait notamment sa brouille de début de mandat avec Angela Merkel et surtout l'accuserait de se montrer trop mou vis-à-vis de la Syrie de Bachar El Assad. Faisant allusion à son attitude en Libye, Nicolas Sarkozy aurait déclaré : « Moi au moins j'ai agi. »
Suffit-il d'agir pour avoir raison ? Sarkozy a raté une belle occasion de se taire car les conséquences de ses choix en Libye sont redoutables. Les dommages collatéraux créés par l'intervention des « alliés » occidentaux a suscité des troubles au Mali, au Niger et l'Algérie du sud n'est pas épargnée. Des centaines d'armes se promènent dans le désert, fruit de l'anarchie qui a régné et règne encore dans l'ancien territoire de Kadhafi. Les otages sont toujours otages et une armée africaine va devoir intervenir au nord du Mali pour chasser Aqmi et faire régner l'ordre.
Agir sans réfléchir, c'est ce qu'on reproche aux enfants. Agir sans réfléchir aux conséquences de ses actes, surtout quand il s'agit d'intervention armée, cela donne le résultat afghan. La France est présente en Afghanistan depuis plus de 10 ans. J'aimerais savoir ce que l'intervention occidentale a changé dans ce pays. Les femmes sont-elles plus libres ? la culture du pavot a-t-elle reculé ? Les enfants sont ils plus scolarisés ? La sécurité est-elle assurée ? La démocratie a-t-elle avancé ? Les réponses sont malheureusement négatives. Et c'est bien pourquoi François Hollande a annoncé le retour au pays des troupes françaises (plus de 80 morts !) embourbées dans le chaos afghan.
Quant à l'attitude de François Hollande à l'égard d'Angela Merkel, elle est celle qu'il fallait avoir. La première chancelière avait snobé le candidat socialiste, la droite européenne l'avait marginalisé, François Hollande, par son intelligence subtile acquiert ses galons de commandant. C'est lent et progressif. La situation léguée par Sarkozy est si grave et si dangereuse que la sérénité du nouveau président devrait aider à trouver des solutions et à les faire appliquer.