19 décembre 2012

Le rapport de Didier Sicard : pour que la mort soit dans la vie


Le professeur Didier Sicard (DR)
Le rapport de Didier Sicard sur la fin de vie est publié au moment même où je suis personnellement touché par le décès d’une personne plus que proche puisqu’il s’agit de ma mère partie ces jours derniers. Sans entrer dans le détail de mon histoire privée, et conformément à l’idée que je me fais de ce blog — outil d’information générale — je souhaite apporter un éclairage sur le rapport Sicard que le président Hollande a décidé de transmettre dès aujourd’hui au comité national d’éthique afin d’en envisager l’application en totalité ou partiellement.
Que retenir de ce rapport sur la fin de vie ? Que la personne appelée à mourir est la personne la plus faible du monde. Qu’elle souhaite passer « de l’autre côté » entourée de ses proches, de ses amis, sans souffrance et avec un maximum de dignité, de liberté et d’humanité.
Dans son rapport, le professeur Sicard récuse l’euthanasie active (le «don» de la mort brutale qui existe dans certains pays européens) il propose une sédation progressive pour les personnes en phase terminale pour raisons de maladie ou de vieillesse. Sédation progressive c’est-à-dire endormissement comateux définitif sans souffrances physiques. Ce que la loi Léonetti (qui était déjà un gros progrès) induisait sans le dire, le rapport Sicard le dit. C’est toute la différence.
Ces constats impliquent une réflexion approfondie de la part des médecins et du personnel infirmier en première ligne, mais pas seulement. Accompagner une personne jusqu’à la mort implique, en établissement hospitalier ou en maison de retraite, des conduites collectives responsabilisant les oncologues, les ergothérapeutes, les psychologues, les médecins généralistes, les infirmier(e)s, les aides soignant(e)s, le personnel d’entretien, de restauration, d’animation et évidemment de direction. Tout un collectif travaillant au service d’une même cause : le bien être et le respect de la personne. La famille étant associée et consultée, elle se trouve face à ses choix philosophiques, religieux, éthiques. Conformément aux préconisations de la commission Sicard, la famille doit se situer en amont du «commencement de la fin» et intégrée au processus aboutissant à l’inéluctable. Le professeur Sicard a raison d’insister pour que la mort soit dans la vie.
Je dois l’avouer, j’ai été impressionné par l’attention, le dévouement, l’engagement des différentes équipes de soins ou d’accompagnement. Voir mourir est une chose auquel chacun est un jour confronté, « aider » à mourir en est une autre. Qu’on me comprenne bien, aider ne veut pas dire donner la mort. Aider veut dire entrer dans la complexité des personnalités, des choix, les argumenter et les appliquer. C’est cela le concept d’« humanitude ».
Est-ce sans douleur ? Sans souffrance ? Certes non. On ne quitte pas la vie sans regrets. On n’abandonne pas ses personnes chères sans remords. Comme l’immortalité n’est pas de ce monde, maîtriser sa propre fin apparaît comme l’ultime acte libre de chacun d’entre nous. A la loi de nous le permettre même si c’est difficile, surtout si c’est difficile. Certains adoptent la voie suicidaire, d’autres laissent des consignes, d’autres encore, choisissent de ne pas choisir. Qui blâmera qui ? L’important est que cette nouvelle loi prenne bien en compte avec harmonie le désir des appelés au trépas et la compassion de ceux qui restent.

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