24 avril 2012

Alors au boulot, on vote tous et toutes Hollande


Le verdict du premier tour va tomber. A Louviers, François Hollande tient la tête. (photo JCH)

Avec 28,63 % des voix contre 27,08 % à Sarkozy, le challenger François Hollande crée le « choc » du premier tour et l’emporte sur le sortant Sarkozy. C’est un score qui le met en « pôle position » pour le 6 mai. La gauche obtient un total de 43,7 % des voix. Un record, depuis 1988, au premier tour d’une élection présidentielle. Elle peut gagner le 6 mai si elle s’unit et rassemble.
François Hollande a tenu une ligne de crête, avec une campagne prudente mais obstinément calée à gauche. Il a annoncé un Premier ministre socialiste et un gouvernement de la gauche. François Hollande a cité, pour les associer, dès le 22 avril au soir, Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly. Il a pris pour cible la finance et écarté l’austérité ; il a fixé comme objectif des négociations sociales avec les syndicats sur les retraites et les salaires ; il a appelé à une grande réforme fiscale ; il a appelé à une nouvelle branche de la sécurité sociale pour la « dépendance » ; il a défendu un encadrement des loyers ; il a proposé de rompre avec le système Sarkozy qui a affaibli le pays. Il a défendu une réorientat ion de l’Europe face au lourd passif de celle-ci placée dramatiquement sous le joug des néolibéraux.
Bien sûr, le second tour n’est pas joué, mais on entrevoit la possibilité de protéger le pays d’un second mandat de Sarkozy qui serait terrible pour tous les salariés. Sarkozy est un menteur grossier, manipulateur, cynique au service des 1 % les plus riches. C’est le pire président de la Ve République, le plus systématiquement antisocial depuis 5 ans. Sarkozy, annonçant au passage qu’il écraserait les syndicats (son appel à un « très grand rassemblement du vrai travail » le 1er mai montre même qu’il recherche l’affrontement avec les syndicats sur leur propre terrain), n’hésiterait sur rien : austérité et chômage organisés, services publics détruits, droit du travail démantelé. Nous achèverions de perdre les hôpitaux publics, l’école publique, les services publics, EDF, la SNCF. Le Smic serait supprimé, la 5e semaine perdue, la RGPP serait poursuivie et la garantie de l’emploi pour les fonctionnaires s’envolerait…
La contre-révolution thatchérienne, reaganienne finirait par triompher en France. La rupture serait consommée avec la France 1945, du CNR et de la Libération pour passer définitivement dans une France anglo-saxonne néolibérale intégriste. Déjà les inégalités se sont accrues considérablement, la xénophobie, les haines, le communautarisme, ont été attisés par Sarkozy pour phagocyter le FN.
Le FN obtient 18 % des voix. Contrairement à ce qui est annoncé par tous les médias, ce n’est pas une percée inédite mais un retour à la situation de 2002 où le FN avait obtenu 16,86 % des voix et le MNR de Mégret 2,34 %, soit un total de 19,2 % et donc 1,2 % de plus que Marine Le Pen. Ce qui explique ce score du FN à 18 %, avec un million de voix de plus, ce sont à la fois les résultats concrets de la politique antisociale de Sarkozy et à la fois le développement par ce dernier des thèmes xénophobes et sécuritaire lepenistes. En multipliant le chômage de masse, en aggravant les précarités, les inégalités, les frustrations, Sarkozy a attisé les désespoirs, les rancœurs, les colères et il a tout fait pour les orienter contre les Français d’origine étrangère, les Roms, les immigrés, les « assistés » plutôt que vers ses riches amis, banquiers et spéculateurs du Fouquet’s. Le Pen a aussi obtenu un meilleur score que son père en feignant de « faire du social », de se préoccuper du chômage, de l’emploi, des salaires.
Si la gauche peut être majoritaire, elle le doit aussi à la dynamique campagne du Front de gauche. Même sans obtenir autant que la gauche non socialiste de 2002 et 2007, il atteint un score inespéré (du moins en début de campagne) de 11,13 %. Le candidat « partagé » Mélenchon a su revivifier avec talent des thèmes essentiels pour les retraites, le droit du travail, le partage des richesses, la lutte contre la finance et l’austérité. En fait, il a défendu avec les 35 h, un Smic à 1700 euros, la retraite à 60 ans sans décote, un salaire maxima à 20 fois le Smic, une sixième République, des mots d’ordre qui sont largement majoritaires à gauche, y compris massivement parmi les électeurs de François Hollande. Les deux programmes sont compatibles et poreux l’un avec l’autre.
L’objectif c’était, c’est de battre Sarkozy car c’est bien celui-ci qui alimente le Front national. Sarkozy a non seulement gonflé sciemment le FN, repris ses thèmes, mais il est capable de s’allier avec lui dès qu’il pourra. UMP et FN, sont bonnet blanc, bonnet bi, et vases communicants. Mais l’ennemi n° 1 reste évidemment Sarkozy, celui qui gouverne, qui répand concrètement le mal depuis 5 ans.
Faire reculer le FN, ce n’est pas une affaire de discours, il faut pouvoir effectivement mettre en œuvre une politique concrète qui rompe avec celle de l’UMP et commence à changer la vie réelle des millions de salariés qui souffrent de chômage et de misère.
Le 1er mai, tous ensemble dans la rue avec nos syndicats. Le 6 mai, il faut une large unité, une dynamique autour de François Hollande pour conforter l’avance du 1er tour. Il ne faut ni mégoter les efforts, ni cultiver une quelconque acrimonie. L’heure n’est pas à mettre des conditions, encore moins des préalables. Alors au boulot ! On vote tous Hollande !
Les questions de programme social encore en suspens reviendront inéluctablement sur le devant de la scène pour les législatives, pour la constitution du gouvernement, pour les négociations prévues avec les syndicats. Tout commence le 7 mai et le 18 juin… si la gauche gagne. Rien de grand dans ce pays ne s’est fait sans unité de toute la gauche. Il faudra alors un gouvernement de toute la gauche, Hollande, Mélenchon, Joly…il faudra aussi une mobilisation sociale de tous les syndicats. Avant et après.
(Communiqué de Démocratie et socialisme)

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