16 janvier 2012

OGM : les citoyens à nouveau écartés du débat


« Le Conseil d’État a levé fin novembre 2011, le moratoire interdisant la culture du maïs OGM Monsanto 810. Dans la plus grande discrétion. Le choix de ce calendrier répond à un double objectif. D’une part, permettre aux agriculteurs d’ensemencer leurs parcelles avec ledit maïs dès le printemps prochain. Pendant le temps même où pour l’opinion, accaparée par les grands problèmes du moment : crise du système financier, aggravation du chômage, politiques d’austérité, cette décision apparaîtra comme une question secondaire. D’autre part, à quelques mois de l’échéance électorale présidentielle, satisfaire aux exigences du lobby agro-industriel, grand pourvoyeur de voix pour l’actuelle majorité.

Or, comme pour le choix de l’énergie nucléaire pour la production de notre électricité, le choix du recours aux OGM en agriculture est un choix de société qui engage lourdement l’avenir du pays. Un choix qui devrait en tout état de cause faire l’objet d’un débat citoyen. Choix qui, sauf mobilisation urgente, est en passe d’être escamoté.

Rappelons qu’il s’agit, en ce qui concerne la culture d’OGM, d’un choix irréversible. Dès lors que des pollens d’organismes génétiquement modifiés se seront, du fait des cultures en plein champ, disséminés dans la nature, il deviendra impossible de revenir en arrière, ce qui à terme constitue la plus grave menace contre la diversité biologique.

Dans sa dernière émission de CO2 mon amour, Denis Cheyssou de France-Inter recevait Éric Tourneret, photographe, passionné par les abeilles. Ensemble, ils ont souligné la contradiction flagrante qui existe entre l’interdiction absolue faite aux apiculteurs, au niveau européen, de commercialiser du miel contenant le moindre pollen OGM et l’autorisation qui vient d’être accordée de cultiver en France, en plein champ, le fameux maïs OGM MO 810.

Réponse surréaliste d’Yvette Dattée, directeur de recherche honoraire à l’INRA, membre du conseil scientifique de l’AFBV (Association française des biotechnologies végétales), lobby pro-OGM. « Il appartient aux apiculteurs de ne pas disposer leurs ruches à moins de trois kilomètres d’une culture OGM ». Comme si les abeilles ne pouvaient se déplacer au-delà de cette distance et comme si le vent ne pouvait transporter les pollens sur des distances plus considérables encore. Et pour cela faudrait-il éditer une cartographie complète des parcelles cultivées en maïs OGM afin que les apiculteurs puissent prendre leurs dispositions. Ce qui, selon elle, « ne serait pas sans risque puisque, jusqu’à maintenant, à quelques exceptions près, toutes les cultures (OGM) ont été détruites par les faucheurs volontaires ».

On voit ainsi clairement où se situent selon cette charmante personne, les priorités et le risque principal ! Ensemble, refusons de baisser les bras devant les manœuvres scélérates d’un pouvoir en pleine décomposition.

Reynald Harlaut

Site d’Éric Tourneret : Le Peuple des abeilles

Réécouter la dernière de « CO2 mon amour », l’émission de Denis Cheyssou sur France Inter :


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