1 octobre 2011

Bosser jusqu’à 67 ans ?


C’est reparti, maintenant il va falloir bosser jusqu'à 67 ans ! Tout ça parce qu’une poignée de rentiers qui n’ont jamais travaillé de leur vie l’ont décidé ! Ils nous mentent car le niveau des retraites dépend avant tout de la richesse produite et non pas du nombre de salariés. Compte tenu des gains énormes de productivité obtenus ces dernières années, de l’optimisation des moyens de production, on produit plus avec moins de personnel. Certaines entreprises ont doublé leurs bénéfices avec 30% de personnel en moins. Le niveau des retraites ne doit donc pas dépendre du nombre d’actifs. Thème favori de la propagande du MEDEF, de la droite, de l'extrême droite et aussi de bon nombre de socialistes, il faut le dire.
Le gouvernement veut nous faire croire qu’il n’y aurait pas d’autres moyens de financer les retraites qu’en augmentant la durée de cotisation. Et que les salariés vont devoir jouer leurs retraites à la bourse par un système de capitalisation ! Cette escroquerie consiste à placer les cotisations prélevées aux salariés sur les marchés financiers dont on peut, en ce moment, apprécier la fiabilité. Ce sont les banques et les assurances privées qui s’occuperont de gérer ce «magot».
La logique boursière qui permet d’enrichir les actionnaires au détriment des salariés, c'est à dire de favoriser la rente par rapport au travail, s’attaque maintenant à nos retraites. En quelques années, ils ont créé des travailleurs pauvres (1) puis, par les différentes réformes, des retraités pauvres. En privatisant les retraites ils ont déjà calculé les énormes sommes qu’ils pourraient se partager. Nos vies leur importent beaucoup moins que leurs profits.
Les 500 familles les plus riches de France s’accaparent à elles seules la richesse équivalente de près de 30% des salaires perçus par 24 millions de salariés! Ces familles se partagent chaque année plusieurs centaines de milliards d’euros en actions ; ce sont les mêmes qui nous disent que la France est en faillite, qu’il faut se remettre au travail. Le travail, ils le laissent pour les autres, eux se contentent d’encaisser les bénéfices.
L’Etat a détruit les régimes spéciaux de retraite des salariés, mais se garde bien de s’attaquer aux retraites chapeaux des grands patrons et aux régimes très spéciaux de nos députés ou sénateurs. La logique aurait voulu que les régimes spéciaux mis en place par le Conseil national de la résistance soient étendus à l’ensemble de la population : c’est d’ailleurs ce qui avait été prévu à l’époque. Ce qui était possible dans la France sortie exsangue de la guerre ne le serait pas, aujourd’hui, dans un pays riche ?

Les propos de Fillon sur la retraite a 67 ans sont ce qu’il est convenu d’appeler un ballon d’essai, vieille méthode archi-connue où on envoie une énormité et on attend de voir les réactions et surtout, qui réagit. Il faut dire qu’en l’espèce je n’ai pas entendu des masses de réactions. Fillon propose « d’aller vers un âge de retraite commun entre la France et l’Allemagne, car c’est la clef de la survie… » Et patati… Mais il demeure entre ces deux pays une belle différence.
L’Allemagne relèvera progressivement de 65 à 67 ans entre 2011 et 2029 l’âge minimum de la pension. Mais même à cette date, les Allemands pourront continuer à partir à la retraite à 63 ans s’ils ont cotisé trente-cinq ans. La réforme française des retraites qui vient d’entrer en vigueur prévoit un recul de 60 à 62 ans de l’âge légal de départ en retraite et un recul de 65 à 67 ans de l’âge de départ à taux plein. On sait que le chômage des plus de 55 ans est énorme et que donc ces derniers vont choisir un départ avant 67 ans qui avec la décote donnera une retraite de misère.
Si jamais ce projet devait voir le jour, il est évident que de nombreux salariés, sachant qu’ils ne pourront pas attendre leurs 67 ans, chercheraient à se créer un complément de retraite privée destinée à compléter la décote qui leur serait appliquée pour départ anticipé. C’est déjà possible aujourd’hui, mais pas obligatoire. Et nous voila donc à la retraite par capitalisation, chère à Sarkozy (son frère Guillaume est président du groupe Malakoff Médéric) !
Une nouvelle fois le problème de la répartition des richesses est au cœur du débat. Le fruit du travail d'une majorité est automatiquement confisqué par une minorité dont le seul but est d'emmagasiner et de ne jamais participer au projet commun. Cette minorité agit en véritable parasite sur la société. Il serait temps de se poser des questions : a-t-on besoin de ces gens là ? À quoi servent-ils?
Alain Lefeez
(1) On en compte 2 millions en France


30 septembre 2011

Laurent Mauduit à Val-de-Reuil : que devient la démocratie sociale ?

Laurent Mauduit invité par la section PS de Val-de-Reuil
Le capitalisme Rhénan a capitulé devant le capitalisme anglo-saxon. Les dividendes l'emportent dorénavant sur les salaires. Jamais la promiscuité entre les intérêts financiers et le monde des affaires n'a été si importante en France ! Laurent Mauduit, journaliste du site Mediapart, n'y va pas par quatre chemins. Les Sarkozystes ont achevé la mutation en marche depuis des années — sans exclure d'ailleurs le rôle des gouvernements de gauche — destinée à privilégier les actionnaires au détriment des salariés.
Laurent Mauduit assure que jamais la gauche ne pourra mettre en œuvre une politique juste si elle ne met pas les banques au pas. Il semble bien que les candidats à la primaire socialiste ont compris cette nécessité. A des degrés divers cependant d'où l'impérieux devoir pour les votants du 9 octobre de bien lire et de bien saisir les engagements de Hollande Aubry, Royal et Montebourg pour ne citer que les principaux candidats.
Le paysage français décrit par Laurent Mauduit est apocalyptique. Copains et coquins règnent en maîtres dans la république sarkozyienne. Là où il y a de la gène, il n'y a pas de plaisir. Et de citer les Minc, Courbis, la privatisation de GDF, sans oublier évidemment les affaires qui font la une : Tapie, Bettencourt, Takiedine…la campagne de Balladur, commissions et rétrocommissions…financements occultes. Grands intérêts et petits arrangements.
Mauduit s'interroge ? Si le capitalisme rhénan (1) fait de compromis et d'échanges entre les capitalistes et les syndicats, de partenariats entre les salariés et les patrons, a perdu la partie face à la méthode anglo-saxonne, comment la gauche va-t-elle reprendre la main dans une économie mondialisée et une Europe ouverte sur la terre entière ?
Les passages obligés : séparer banques de dépôts et banques spéculatives, créer un pôle public d'investissements, retrouver une Caisse des dépôts et consignations financier du logement social. Peut-être faudra-t-il aussi interdire les licenciements boursiers, rétablir l'autorisation administrative préalable ? Ces mesures obligeront la gauche à faire une vraie politique de gauche…
(1) Capitalisme rhénan du nom du congrès du SPS à Bad Godesberg qui a renoncé au marxisme pour accepter une économie de marché régulée et disciplinée.

29 septembre 2011

Le 9 octobre, tous les citoyens sont conviés à la primaire

capture d'écran (photo JCH)
De haute tenue. Le second débat opposant les six candidats aux primaires citoyennes a été de haute tenue. C'est tant mieux pour le débat démocratique et c'est évidemment de bon augure pour les prochaines vraies présidentielles. Face à une droite discréditée par les affaires et par des résultats catastrophiques dans tous les domaines : justice, éducation, santé, pouvoir d'achat, fiscalité,  les six candidats de la primaire ont donné du sens à la politique et renforcé le rôle du citoyen conduit à choisir celui ou celle qui portera les couleurs de la gauche gouvernementale en 2012.
Je n'ignore pas que nombre de mes amis d'autres partis que le PS refusent la logique des primaires citoyennes. Ce serait, assurent-ils, négliger le rôle fondamental du parti dont une des fonctions est de désigner ses dirigeants et ses animateurs. Il est vrai que notre constitution consacre des articles à cette importante participation au fonctionnement de la démocratie politique. Mais la logique de la 5e République construite pour et par le général de Gaulle est aux antipodes des traditions et des aspirations de la gauche.
A gauche, on n'aime pas les hommes providentiels, les bonapartistes, ce que Guaino appelle la culture gaullienne. Pour sortir de ce piège — désigner un candidat par acclamation — le PS propose aux citoyens qui le souhaitent de faire connaître leur avis et de voter. Non pas une simple consécration mais un vote succédant à un débat public télévisé et radiodiffusé. Chaque citoyen peut choisir en toute connaissance de cause sans nier l'importance des sondages et celle des médias qui peuvent influencer les votants…même s'ils sont des millions.
Ces primaires obligent à une rigueur, une organisation sans failles. Le PS, les élus et les militants s'y emploient. Il est en effet indispensable que ce vote se déroule sans contestation possible et sans incident. J'invite même aujourd'hui touts les citoyens à venir contrôler les opérations et à apporter leur soutien en participant au dépouillement par exemple, en y assistant, en contribuant aux opérations de vote s'ils sont membres ou sympathisants de la gauche, s'ils sont socialistes ou radicaux de gauche évidemment. A Louviers, aucune bonne volonté ne sera rejetée. Il en va de la crédibilité de ces primaires.
Tous les renseignements utiles sur le fonctionnement des primaires. Tout sur les candidats, leur personnalité, leur programme : www.lesprimairescitoyennes.fr

28 septembre 2011

François Hollande candidat de substitution de DSK

Je suis comme tout le monde, j'écoute la radio et je regarde (trop) la télévision. A l'évidence, François Hollande est devenu le candidat des médias, de la droite et de l'establishment. Tous les sondages (pourtant sujets à caution eu égard aux nombreuses inconnues de la primaire citoyenne) le placent nettement en tête devant Martine Aubry. Il y a plus grave. On assiste à une propension à affirmer que les programmes de François Hollande et Martine Aubry sont superposables. On entend aussi que Martine Aubry est la candidate de substitution depuis que DSK a fait sa sortie de route et reconnu ce qu'il appelle sa « légèreté ». Quel euphémisme !
Je ne suis pas d'accord avec cette lecture. Si je reconnais qu'Arnaud Montebourg possède les qualités personnelles en faisant un vrai bon candidat (qui monte dans les sondages mais…) si l'évidence oblige à avouer qu'il est le seul candidat favorable au renversement de la table des conservatismes, je n'accepte pas qu'on mette François Hollande et Martine Aubry dans le même sac.
Souvenons-nous, tout d'abord, du rôle joué par l'une et l'autre à la tête du Parti socialiste. Il a fallu attendre le congrès de Reims pour que ce parti redevienne un parti au travail, un parti de propositions et d'élaboration de solutions. Et c'est bien à Martine Aubry qu'on le doit. J'ai participé à diverses reprises aux travaux du laboratoire des idées animé par Christian Paul. Des idées, nombre des experts, des élus et des militants associés n'en manquaient pas. Si j'en juge par le document édité sur l'eau et les délégations de services publics, je peux affirmer que jamais sous l'ère Hollande, un tel travail n'a été produit.
Le référendum sur le projet de traité constitutionnel ? Qui est allé demander ce vote à Jacques Chirac sinon François Hollande. Le résultat ? Un sacrée pétaudière au sein du PS avec des Oui et des Non et une fracture durable entre différents courants et leaders. Cette demande de François Hollande dénote une absence de sens politique mais aussi un certain aveuglement.
Sur les propositions pour sortir de la crise, les deux candidats en tête ne sont pas sur la même longueur d'ondes. Le retour aux critères de Maastricht dès 2013 (pas plus de 3 % de déficit du PIB) pour François Hollande semble impossible à Martine Aubry qui a compris que la croissance atone aurait pour conséquence une augmentation des prélèvements et une augmentation du déficit de la balance commerciale. Sans doute sont-ils d'accord pour revoir la fiscalité et unir impôts directs et CSG mais il y a plus qu'une feuille de papier à cigarette entre elle et lui.
Si on regarde de près les propositions de François Hollande, elles sont plus proches de celles qu'avançait DSK avant le 14 mai dernier. C'est lui le candidat de substitution, pas Martine Aubry.
Nous en saurons encore plus ce soir, après le débat de 18 heures sur i-télé et la chaîne parlementaire. J'imagine que Martine Aubry va passer la surmultipliée comme elle l'a fait à Cléon, lundi, devant 1500 personnes et devant une salle comble.

27 septembre 2011

Sacré Edouard, va…

J'ai suivi avec attention et passion le débat opposant Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy et Edwy Plenel, fondateur du site d'information Mediapart. ce site, depuis des mois, se charge de publier scoops sur scoops obligeant la justice à se saisir des documents et des témoignages rendus publics par Medipart.
Yves Calvi, journaliste meneur de jeu, n'a pas réussi à conduire le débat tel qu'il l'avait conçu. Au lendemain de la défaite de la droite au Sénat, l'animateur de « Mots croisés » souhaitait entendre les explications de la Plume du président et les remarques de l'ancien directeur de la rédaction du journal Le Monde. En fait, de sénatoriales, il fut peu question, les deux bretteurs préférant régler quelques comptes et purger (mission impossible) un lourd contentieux.
Guaino s'est échiné à faire passer Plenel pour un diffamateur, un justicier, un insinuateur…ce que n'aurait rien à voir avec le journalisme. Au contraire s'est exclamé Plenel, le journaliste cherche, se livre à des investigations, enquête, publie, prend le citoyen à témoin. Le tout fondé sur des documents officiels, des preuves en un mot, récusées par son contradicteur.
Henri Guaino n'est visiblement pas habitué à ce qu'on lui résiste. Sa conception gaulienne, assure-t-il, de la démocratie française, repose sur l'homme providentiel (ou d'exception) et sur des institutions qui le servent. A contrario, Plenel plaide pour une démocratie permanente, une information complète des citoyens mais une information libérée des féodalités politiciennes ou économiques et financières. Mediapart est tout de même le site qui a sorti les affaires Tapie-Lagarde, Bettencourt-Woerth, Takiedine…Balladur ?
Que de subtilité de la part de l'auteur des discours de Dakar, Toulon (pas Grenoble) pour assurer que la mise en examen de Nicolas Bazire ne prouvait pas l'implication de l'autre Nicolas dans l'affaire du financement de la campagne du rival de Jacques Chirac. Ils sont amis, et alors ? La présomption d'innocence doit aussi jouer pour Nicolas Sarkozy qui pourtant n'avait pas hésité à traiter Villepin de coupable dans l'affaire Clearstream bien avant qu'il ne soit jugé et innocenté.
Je regrette qu'Edwy Plenel n'ait pas rétorqué à Guaino qui le titillait citant Clémenceau : « Les millions, les millions, ils sont où les millions ? » Justement c'est la question que se posent les juges : les millions de francs en espèces déposés sur les comptes d'Edouard Balladur, ils viennent d'où tous ces millions ! De la vente de tee-shirts et de ballons de baudruche…Sacré Edouard, va.

26 septembre 2011

Nicolas Bazire : Marc Antoine Jamet répond à Reynald Harlaut

Marc-Antoine Jamet m'écrit :
« En général et en particulier, j'aime bien les papiers de Reynald Harlaud. Ils sont drôles, bien écrits, parfois d'une extraordinaire mauvaise foi ce qui ne les rend que plus épatants. En revanche, le commentaire que je vais apporter à celui-ci ne va pas me valoir que des amis. Prenons ce risque et tant pis pour les culs-bénits, les pisse-froids et autres Ignace de Loyola au petit pied.

L'amitié est un devoir. Elle oblige et elle exige. Elle se mesure davantage dans l'adversité des temps difficiles que dans l'euphorie des périodes d'abondance. Nicolas Bazire m'a souvent aidé. Alors une remarque et des faits.

 La remarque est la suivante. Je ne sais ce qu'a fait (ou pas) Nicolas Bazire. Il en répondra (ou pas) devant son juge.  J'ai d'ailleurs eu maille à partir avec le même magistrat lorsque, trésorier du PS, j'appliquais les directives du Premier Secrétaire, Henri Emmanuelli, pour mettre fin au système URBA. Je ne me souviens ni de la compétence ni de l'impartialité de ce monsieur. Elles ne m'ont vraiment pas frappé. Au contraire, guidé par la soif de notoriété, l'esprit de revanche et la méconnaissance absolue de ce dont il prétendait traiter, il prenait invariablement ses lubies et ses approximations pour des vérités traitant les uns et les autres avec mépris et méchanceté. En attendant, malgré les fuites du dossier dont il est coutumier, un principe, beau et républicain, s'applique à tous ceux qu'il met en examen même si ce sont des "ennemis" politiques: la présomption d'innocence.

Les faits les voilà.

1) Nicolas Bazire a passé deux concours de la fonction publique auxquels chacun peut s'inscrire pour peu qu'il satisfasse aux conditions exigées de ses citoyens par la République, l'un militaire et il s'agit de l'école navale ce qui n'est pas rien, l'autre civil et il s'agit de l'ENA qu'il est d'usage de dire que l'on n'apprécie pas. Nul n'a pris sa place alors que, déjà père de famille, il s'entraînait sur la "Jeanne" à 20000 km de chez lui. Nul ne s'est demandé comment dans une préfecture lointaine il faisait bouillir la marmite avec 6000 francs ce qui le mettait à l'abri du besoin, mais ne relevait pas de l'opulence. Il a 55 ans. Sa situation a changé voici quinze ans. Cela n'efface pas celle qu'il a connue auparavant.

2) Nicolas Bazire a été fonctionnaire. C'est mieux que de ne pas l'avoir été. A lui s'appliquait donc la totalité du statut général de la fonction publique. Pas une partie petite ou grande. Non la totalité. Après avoir fait largement plus que les dix ans de service public qui permettent ce choix, il a donc démissionné comme il en avait le droit. Faut-il le lui reprocher ? Des dizaines de milliers d'agents publics le font chaque année.

3) Nicolas Bazire travaille chez LVMH (comme moi, je le dis avant qu'on ne me le dise). Il vend des produits de luxe et c'est mal. Aurait-il fabriqué des armes qui tuent, des voitures qui polluent ou des OGM qui puent qu'on lui pardonnerait. Mais être dans une entreprise qui a son siège en France, paye ses impôts en France, vend à l'étranger des produits fabriqués en France, crée des emplois en France, assure une part des recettes du commerce extérieur de la France dans l'océan des déficits, voila un pêché supplémentaire dans la liste de ce qui lui est reproché. C'est ridicule.

Ne confondons pas tout. Je n'ai jamais aimé l'UMP, ses barons, ses marrons et ses larrons. J'ai toujours combattu la droite et ses idées qui ignorent la justice sociale et l'égalité des chances. J'ai toujours fait preuve d'une scrupuleuse honnêteté dans les affaires et en politique quitte à passer pour un parfait demeuré auprès de voisins élus, de promoteurs immobiliers, de financiers étrangers. Mais, pour les mêmes raisons, je n'accable pas un homme en fonction de préjugés ou de présupposés pour autre chose que ce qu'il a fait (ou pas) et dont il doit répondre désormais. »

Le clan, la clique, la claque…

Commençons par la claque. Et c'en est une belle ! La Gauche majoritaire au Sénat, je me demandais si je parviendrais à vivre assez vieux pour connaître ce séisme politique. Je finissais même par regretter d'avoir voté non au référendum proposé par le général de Gaulle en 1969, lui qui proposait de supprimer le sénat sous sa forme actuelle. En politique, il faut donc savoir se montrer patient et obstiné. Il faut également savoir profiter des failles et faiblesses de l'adversaire qui, cette année, n'en manquait pas.
Pour expliquer la victoire de la Gauche, les observateurs indiquent que le vote d'hier ne fait qu'enregistrer les diverses victoires obtenues lors des élections locales depuis 2003. Compte tenu du mode de scrutin, il est bien évident que plus on a de votants favorables à la Gauche, plus il lui est possible d'augmenter ses chances. Monsieur de la Palisse n'aurait rien dit d'autre. Tout de même, cette explication n'est pas suffisante pour expliquer les 26 ou 27 sièges gagnés, souvent dans des départements ruraux et au scrutin majoritaire.
Les réformes territoriales et fiscales de Sarkozy, passées à la hussarde « avec une brutalité de soudard » comme dirait Anne Mansouret, ont conduit nombre d'élus modérés à éprouver des hauts le cœur. J'ai commenté en long et en large la réforme aboutissant à la création des conseillers territoriaux pour en dénoncer les dangers et souligner le rejet massif des élus de gauche et de droite. Il s'agissait d'une manœuvre visant à priver les conseillers généraux et régionaux de certaines de leurs prérogatives et de leurs compétences. Sarkozy a cru que ces élus seraient bien obligés d'avaler le poison. Il en paie le prix.
Sarkozy est également victime d'un autre phénomène. Les Français à la suite de l'affaire dite de Karachi et des révélations de Pierre Péan, viennent d'apprendre que des porteurs de valises ont sans doute aidé à financer la campagne d'Edouard Balladur (1) tout comme ils ont aidé Chirac à une autre époque. Le fonctionnement du clan Sarkozy, avec les Hortefeux, Copé et consorts est jugé sévèrement par les citoyens ordinaires. Des élus, peut-être plus sensibles à ces scandales, ont voulu adresser un avertissement au président qui voulait « une République irréprochable », République finalement placée sous le signe des clans et des cliques. « Les copains et les coquins » disait d'eux Michel Poniatowski, grand connaisseur de l'Etat RPR devenu l'Etat UMP.
On comprend mieux, aujourd'hui, le désir de Borloo de s'émanciper. De sortir d'une nasse où il se sentait pris au piège. Je parie que les résultats des sénatoriales ne vont pas refroidir ses ardeurs. Borloo sera candidat à la présidence de la République !
Quant à la gauche, elle est allée unie à la bagarre. Le résultat est là : convaincant. Samedi prochain, lors de l'élection du président ou de la présidente du Sénat, cette gauche conquérante devra serrer les rangs et se serrer les coudes pour renvoyer le sénateur Larcher dans les Yvelines. Car la Gauche est Bel et bien majoritaire.
(1) Quand je pense que Roland Dumas a approuvé, contre l'avis des experts du conseil constitutionnel, les comptes d'Edouard Balladur ! On aimerait connaître le dessous des comptes.

25 septembre 2011

La grande réussite de Nicolas Sarkozy : faire passer le Sénat à gauche !


Nous sommes ici souvent si critiques à l’égard du chef de l’État, qu’il nous faut en cette grande occasion lui rendre justice. C’est, à ne pas douter, la grande réussite de son quinquennat. Nicolas Sarkozy est parvenu à faire basculer le Sénat à gauche. Ce qui semblait encore il y a peu totalement impossible vient de se réaliser. C’est historique et doit être salué comme tel !

Depuis l’avènement de la Vème République, en 1958, contre vent et marées, le Sénat était jusque là toujours resté ancré à droite. En cause, un mode de scrutin particulièrement injuste et défavorable à la Gauche. En favorisant outrageusement les territoires ruraux au détriment des secteurs urbains, il permettait le maintien d’un électorat conservateur rétif à toute évolution : parité, diversité, représentation injuste du corps social favorisant les agriculteurs, les professions libérales et d’une manière générale, les notables masculins de province.

C’est là qu’intervient le véritable génie de Nicolas Sarkozy qui a permis le basculement. Cette idée fabuleuse, c’est sans aucun doute la Réforme territoriale et la manière dont il l’a imposée aux élus. On sait le mépris qu’a le chef de l’État pour la représentation nationale : députés et sénateurs et la manière cavalière avec laquelle il se comporte envers elle. Mais ce mépris vaut aussi pour l’ensemble des autres élus. En les assimilant, qu’ils soient conseillers régionaux ou généraux, à des parasites vivant au crochet du contribuable et en niant le rôle considérable qu’ils jouent, cela d’autant plus quand l’État ne cesse de se désengager, il est parvenu à dresser contre lui le corps des grands électeurs qui aujourd’hui lui font payer la note. Et de quelle manière ! Il suffisait d’entendre Hervé Morin, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, commenter les résultats pour se dire qu’à droite, les couteaux sont tirés des étuis et qu’il va y avoir du sang et des larmes. Quant à sa règle d’or, le locataire de l’Élysée va pouvoir se la mettre en un endroit que seule la décence m’interdit de nommer.

Certes, tout reste à faire à gauche pour une victoire à la présidentielle en 2012, mais tout de même, en ces temps de crise et de morosité où s’accumulent pour les plus vulnérables d’entre nous les mauvaises nouvelles, saluons cette victoire comme un signe et ne boudons pas notre plaisir.

Reynald Harlaut


Val-de-Reuil conserve son triple A

Un lecteur attentif m'interroge sur un article de Libération consacré aux emprunts toxiques des communes et notamment ceux qu'auraient contractés Val-de-Reuil. Le maire de cette commune lui répond : 

« Le journal Libération a publié un document de travail vieux de deux ans, interne à Dexia, la banque des collectivités locales, déjà publié (ce qui devrait entraîner une action judiciaire de la banque contre le journal), indiquant que 5 500 collectivités, soit 15% des communes françaises, auraient contracté des emprunts toxiques entre 1995 et 2009. Val-de-Reuil y apparaît à tort. Plusieurs faits méritent en effet d’être rappelés qui viennent contredire cette information et confirmer que Val-de-Reuil conserve auprès de tous ses partenaires une note triple A en raison de son désendettement massif, de la non augmentation de ses impôts durant la dernière décennie et de la qualité de ses investissements.   


1/ Val-de-Reuil s'est désendettée massivement depuis 10 ans et continue de le faire. Supérieure à 60 millions d’euros à la fin des années 1990, la dette de la ville a été ramenée à 37 millions d’euros aujourd’hui, soit une diminution de 23 millions d’euros. Ce chiffre est donc sans comparaison avec le risque évoqué par Libération (7 millions d’euros). Les premiers éléments pour 2011 montrent que cet encours devrait encore diminuer.

2/ Val-de-Reuil a diversifié les banques auprès desquelles sa dette a été souscrite. Elle est moins dépendante de Dexia, son banquier historique et autrefois du fait de l'Etat unique. 35% de ses prêts proviennent désormais de trois autres établissements (Crédit agricole, Caisse d’épargne, Société générale) qui permettent à la commune de faire jouer la concurrence entre ses bailleurs. 

3/ Val-de-Reuil a sécurisé l’ensemble de ses emprunts. 50% d’entre eux sont dorénavant à taux fixes contre 10% voici quelques années.

Les éléments cités par le journal sont donc véritablement anciens. Ils remontent à 2009 et correspondent d’autant moins à la situation actuelle qu’ils n’ont jamais été exacts. La somme de 7 millions d’euros évoquée par Libération représente une indemnité éventuelle de sortie des emprunts souscrits auprès de Dexia. Ceux-ci ayant été renégociés au bénéfice de la ville, jamais cette clause n’eut à s’appliquer.  

Deux emprunts sont cités par l’enquête de Libération. L'un établi sur un différentiel de taux longs et de taux courts et portant sur un montant de 10 millions d’euros : il a été entièrement « capé » et sécurisé à un taux de 3,5% fixe. L'autre a été souscrit à hauteur de 12,5 millions d’euros et sa rémunération est établie sur un différentiel de taux de change entre le yen et dollar : il a été également sécurisé jusqu’à 2013 et lui aussi « capé » pour se prémunir d’une éventuelle hausse des taux. Ce dernier produit n’aurait comporté une part de dangerosité que si le dollar avait valu 92 yens. A titre d’indication, il en vaut 77 aujourd'hui.

La renégociation de ces deux emprunts est intervenue en juin et juillet 2011. La Ville a eu pour interlocuteurs directs M. Jean-Luc Guitard, Directeur Public Dexia France et M. Yann Cougard, Directeur régional de la banque. La part de chance (ou le coup de génie ?) de la Ville est d'avoir réussi à renégocier ces emprunts dans un calendrier qui lui a fait tenir ses discussions avec Dexia au meilleur moment (alors que les crises conjointes de la Grèce et de l’euro paraissaient s’atténuer et avant qu’elles ne reprennent l’ampleur que l’on connaît aujourd’hui et qui rend l’argent à la fois rare et cher pour les collectivités locales). Val-de-Reuil aborde ainsi 2012 avec sérénité et solidité. Ce n’est malheureusement pas le cas de toutes les collectivités, y compris dans l’Eure.  

Cette renégociation est d’autant plus fructueuse qu’elle s'est faite sans pénalités ni allongement de remboursement. Il est donc profondément exact de dire que Val-de-Reuil n'emprunte pas pour augmenter son encours de dette mais simplement pour refinancer à des conditions meilleures la dette qu’elle a héritée du passé.

La situation financière de la ville est parfaitement saine et ne souffre d'aucun emprunt toxique. Elle est considérée par les banques comme une des meilleures signatures normandes et a été à plusieurs reprises ces dernières années désignée comme la commune la mieux gérée du département par l'agence « Public System ». C’est un titre qu’elle espère encore obtenir pour 2011 et 2012, voire au-delà. »

Marc-Antoine Jamet
Maire de Val-de-Reuil

Nicolas Bazire, numéro 2 de LVMH, mis en examen


Le mercredi 21 septembre du matin au soir sur les médias audiovisuels, à chaque bulletin d’information, il n’a été question que de la mise en garde à vue de Nicolas Bazire, l’ancien directeur de cabinet du Premier ministre Édouard Balladur, directeur de sa campagne présidentielle et grand ami de Nicolas Sarkozy dont il fut également le collaborateur lorsque ce dernier fut ministre du Budget. 
Mais assez curieusement, à aucun moment n’a été révélée la situation actuelle de Nicolas Bazire. Car cet énarque, dont la carrière a débuté comme il se doit dans la haute fonction publique est un exemple parfait de la confusion des genres et de la proximité incestueuse entre haute fonction publique, politique et oligarchie, ce mal très français. Barré par la Chiraquie pour son allégeance à Balladur, il troqua prestement son costume de grand commis de l’État, pour des pantoufles fourrées en vison dans le privé. 
Mais attention ! Pas n’importe où et pas à n’importe quel poste. À la banque Rothschild d’abord comme associé-gérant s’il vous plait, avant de devenir numéro 2 du groupe LVMH qu’il est toujours. On comprend ainsi l’embarras de la gent médiatique à dire que le numéro 2 du groupe LVMH était en garde à vue. De quoi souverainement déplaire à Monsieur Bernard Arnault, lequel n’aurait pas sans doute pas manqué de priver de juteux contrats publicitaires tout organe de presse qui aurait imprudemment osé révéler l’information sous cette forme. 
Une question me taraudait l’esprit depuis un certain temps : quelles compétences particulières avait ce Nicolas Bazire pour occuper le poste de numéro 2 de LVMH ? La réponse vient de nous être fournie par Médiapart : c’est un expert en valises. L’histoire ne nous dit pas encore si les fameuses mallettes dont il est question étaient de la marque Vuitton, ce qui ne manquerait pas de piquant. Mais en attendant la suite, nous voilà au moins éclairés sur les raisons du choix avisé qu’avait fait Monsieur Bernard Arnault. Tout s’explique !

Reynald Harlaut