14 mai 2011

Le centre est à droite…et à droite

Je lis que les adhérents du Parti radical (le plus vieux parti de France) ont voté à plus de 90 % pour leur indépendance à l'égard de l'UMP. Le problème avec les radicaux, de gauche et de droite, c'est qu'on ne sait jamais très bien à qui l'on a affaire. Comme disait Mitterrand, les radicaux sont au centre, ils sont donc à droite et…à droite. Autrement dit, on ne rencontre que très rarement des radicaux de gauche même s'ils s'obstinent à se présenter comme tels.

Aujourd'hui, les radicaux affirment qu'ils sont l'autre pilier de la majorité de droite. L'UMP serait le pilier libéral et le Parti radical ou plutôt l'Alliance, nouveau nom choisi par Borloo et les siens le pilier social. Il ne faut pas se fier aux apparences. Il suffit d'entendre Wauquiez (la droite sociale) pour comprendre que derrière ce mot un train libéral peut en cacher un autre, plus dur avec les pauvres et horrible avec les titulaires des aides sociales.

Quand on regarde la situation en face, on sait que Borloo a été au gouvernement pendant des années et qu'il y serait demeuré en cas de nomination à Matignon. Il a donc cautionné la politique conduite par Sarkozy dans tous les domaines (écologie, fiscalité, politique étrangère etc.) et il lui bien difficile de convaincre les Français de sa sincérité. Borloo est dans la situation que nous avons connue aux municipales de Louviers. Nous sommes restés trop longtemps sous la coupe du maire de la ville et quand nous nous sommes séparés de lui pour des raisons politiques, démocratiques et financières, nous ne sommes pas parvenus à convaincre les électeurs de notre bonne foi (1). Les mêmes causes produisant les mêmes effets, Borloo ne parviendra pas, lui non plus, à devenir le premier à droite. Il lui faudra donc manger dans la main de Sarkozy si celui-ci veut bien lui laisser des miettes.

Elément non négligeable, la présidentielle a deux tours oblige les candidats à y réfléchir à deux fois puisque seuls les deux premiers du premier tour sont qualifiés pour le second. Borloo devra prendre le risque de voir Sarkozy derrière Le Pen et en porter éventuellement la responsabilité devant les Français. Les radicaux ne sont pas des idiots et ils sont même hyper-calculateurs. C'est une de leurs forces : savoir passer entre les gouttes et tirer profit de la moindre faiblesse de l'adversaire ou de l'allié-concurrent. J'imagine les trésors d'invention dont a dû faire preuve le président de la fédération de l'Eure du PRG pour attirer Champredon, maire d'Evreux, dans ses rets. Le fait est qu'il a été pris et pas pour un jour.

Un ami qui connaît bien les radicaux ne croit pas du tout à ces hypothèses de candidature Borloo. Pour lui, le Borloo d'aujourd'hui est en service commandé pour barrer la route à Bayrou et de Villepin. Il serait une sorte de leurre destiné à fixer un électorat plus docile. Autrement dit, l'UMP et les radicaux seraient plus unis qu'on le dit. Alors pourquoi Yves Jego s'en prend-il si violemment à Wauquiez qu'il compare à Marine Le Pen ? Car même si les Français sont à 70 % en faveur des propositions Wauquiez, cela ne prouve pas qu'ils aient compris le sens du RSA ni sa fonction.

13 mai 2011

Quel travail obligatoire pour Liliane ?


Personne n'échappe à la vindicte des ministres de Sarkozy. Après avoir stigmatisé les immigrés, les Roms, les jeunes, les fonctionnaires, les retraités, voici maintenant le tour des «assistés»! Recadrage ou pas, L. Wauquiez a bien été envoyé en mission sur le thème de l’assistanat pour reconquérir les frontistes. L’assistanat est un sérieux problème, ça on est tous d’accord et là s’arrête les comparaisons. Réfléchissons un peu, pourquoi on assiste des personnes qui ne font rien?
 
C’est très simple, sans assistanat une partie non négligeable de la population se retrouverait sans ressource, livrée à elle même, à la rue alors que les trottoirs sont déjà bien peuplés. Et cela n’a qu’une seule cause, l’impossibilité dans notre société actuelle de donner un travail à chaque individu. En effet, l’assistanat et les aides sociales ont été créés pour penser les inconvénients du capitalisme (je ne parle pas des cas de handicap, de maladie ou d’impossibilité de travail).

Le capitalisme crée le chômage et l’ancre bien dans notre société. Et ça ne s’arrange pas avec les gains énormes de productivité de ces dernières années. Et pour que cette société perdure, il lui faut un minimum de cohérence, atténuer un minimum les problèmes pour que la machine reste en place. Mais distribuer des minima sociaux à quelques millions de pauvres paumés n’est qu’un moindre mal pour conserver les avantages faramineux dont jouissent tous les possesseurs, les exploitants, les héritiers de ce monde. Et ils ont même réussi à ce que ce soit l’état qui versent l’assistance aux assistés. Ils gagnent sur toute la ligne.
Les « assistés » sont victimes du manque de travail, victimes de l’inégalité des chances, victimes d’un système qui ne donne vraiment pas envie d’y contribuer. Alors oui il faut lutter contre l’assistanat, mais dans l’organisation actuelle de la société il est scandaleux de faire payer aux assistés leur assistanat, alors que cet assistanat sert justement les intérêts capitalistes. Pour lutter contre l’assistanat, nous devrons inévitablement changer de modèle économique et social. Si cette affaire montre une chose, c’est bien que l’état et le capital sont intrinsèquement liés. 

On ne peut pas accepter d’entendre dire que si les gens sont pauvres c’est qu’ils sont paresseux : non la pauvreté n’est pas une fatalité, c’est le résultat d’une politique ! On ne peut pas dire que si les politiques gouvernementales ne fonctionnent pas c’est la faute de la population qui ne travaille pas assez : non, là encore ce sont des choix politiques qui privilégient le capital au travail. Le thème de l'assistanat, est une mise en scène qui permet de cacher la violence économique du système capitaliste. Cela évite de débattre sur le choix de société que l'on veut.

Les gens ne deviennent pas assistés par paresse, cela leur est imposé par la situation, et c’est ce système économique qui en est responsable. Oui, il faut lutter contre l’assistanat.... par exemple plus aucune subvention aux patrons, plus aucune niche fiscale, plus aucune exonération sociale pour les entreprises ! L’assistanat aujourd’hui, c’est quelques euros aux manants et des dizaines de milliards aux banques, sans parler des entreprises.
Sans parler de Liliane ! Le cout du RSA devrait avoisiner en comptant très large, directement et indirectement, dans les 8,5 milliards d’euros alors que Liliane à elle seule s’assoit sur le double. De plus ses prochains prélèvements fiscaux vont être divisés par quatre grâce à la réforme de l'ISF et la suppression du bouclier fiscal (la baisse du taux de l'ISF est applicable dès 2011, mais le bouclier fiscal est calculé sur les revenus perçus deux ans auparavant. Il s'appliquera donc jusqu'en 2012. Pendant ce temps elle aura donc le beurre et l'argent du beurre: le taux réduit pour l'ISF et le remboursement du bouclier fiscal). Si ça, ce n’est pas de l’assistanat…
Liliane perçoit une somme gigantesque sans qu’elle ne travaille vraiment. L. Wauquiez, demande aux gens qui touchent le RSA de travailler gratuitement obligatoirement 5 heures. Prenons au mot Laurent Wauquiez ! Quel travail obligatoire pour Liliane ? On l’envoie servir les gosses dans les cantines ? Balayer ? Vider les poubelles ? Dame pipi dans des toilettes publiques ?
Le travail obligatoire serait seulement pour les plus pauvres ? Ah bon ? Et pas pour Liliane ? Le travail obligatoire seulement pour les miséreux ? Et pourquoi pas, par souci d’équité, pour les riches ? Non ? Et pourquoi ?

Alain Lefeez

11 mai 2011

Quel est le vrai cancer de la société française ?


Le collectif ALERTE proteste contre les propos inattendus et surprenants tenus dimanche 8 mai 2011 par Laurent Wauquiez. Selon lui, les « dérives de l’assistanat » seraient « le cancer de la société française ». C’est laisser entendre, une nouvelle fois, que notre système de protection sociale profiterait à des paresseux et des fraudeurs. Les associations de solidarité veulent témoigner que l’immense majorité des personnes défavorisées et des chômeurs veulent travailler et se donnent beaucoup de mal pour s’en sortir. Ils utilisent d’ailleurs toutes les solutions qu’on veut bien mettre à leur disposition pour sortir de la spirale du chômage et de l’exclusion (notamment les dispositifs de l’Insertion par l’activité économique). Laurent Wauquiez, eu égard à sa responsabilité ministérielle précédente, devrait pourtant connaître mieux que quiconque les difficultés et
les efforts d’accès à l’emploi des plus pauvres et des plus démunis.

Ces paroles sont d’autant plus graves que dans la campagne électorale qui s’ouvre, il serait catastrophique d’opposer les catégories de population les unes aux autres : ceux qui travaillent contre ceux qui ne travaillent pas ; les classes moyennes contre les pauvres ; les Français contre les étrangers. C’est notre pacte républicain qui est en cause. Le cancer de notre société n’est pas l’assistanat mais le chômage. Le RSA comporte des droits et devoirs en matière d’insertion. Ce n’est pas de l’assistanat. Attention aux solutions simplistes ou démagogiques :
Ce n’est pas de travail obligatoire dont ces personnes ont besoin mais d’un emploi. Le plafonnement des minima sociaux proposé par Laurent Wauquiez aboutirait à une paupérisation de la société française. Il s’agirait en somme, pour les plus défavorisés, de « travailler plus pour gagner moins ». Le RSA est bien en dessous du SMIC (43 %) ; même en ajoutant les aides au logement ou les allocations familiales, on reste en deçà. Dire que le RSA plus les droits associés donnent une rémunération supérieure au SMIC est une contre-vérité grave. Faut-il réduire encore le droit à la protection sociale des étrangers, alors qu’ils n’ont déjà accès au RSA qu’au bout de 5 ans ? S’ils devaient se trouver sans aucune protection sociale pendant 5 ans, comme le propose Laurent Wauquiez, ils seraient en grand danger.

Le collectif ALERTE juge inacceptable que Laurent Wauquiez jette l’anathème sur les plus pauvres, les plus vulnérables. Cela ne saurait tenir lieu de politique sociale responsable. Il est choquant de vouloir aggraver les conditions d’existence de ceux qui, dans notre société, n’ont déjà presque plus rien. ALERTE restera très vigilant sur les suites qui seront données aux intentions de Laurent Wauquiez.

Contact presse
Bruno Grouès – 01 53 36 35 47 – bgroues@uniopss.asso.fr

Coordination et animation du collectif Alerte national
Uniopss - 15 Rue Albert – CS 21306 – 75214 Paris cedex 13
Bruno Grouès : 01 53 36 35 47 – bgroues@uniopss.asso.fr
Site ALERTE : www.alerte-exclusions.fr
Site Uniopss : www.uniopss.asso.fr

 

Le 10 mai en musique et sur écran à Val-de-Reuil

Dominique et Marc Antoine Jamet, Ivan Levaï et des journalistes de FR3
Le 10 mai 1981, vers 19 heures 30, j'étais dans la salle des fêtes de Louviers où j'attendais les résultats du vote national du second tour de l'élection présidentielle aux côtés d'Henri Fromentin, maire, l'un des animateurs de la campagne électorale au niveau local. C'est à cette heure-là que François Loncle, demeuré à Paris, me fit savoir que les instituts de sondage donnaient François Mitterrand vainqueur de l'élection. J'accueillis cette victoire avec joie, soulagement mais aussi lucidité. A cette époque, j'étais membre du Comité d'action de gauche de Louviers et le terrain politique était occupé par des des contradictions fortes entre ce que voulait le CAG et ce que préconisait l'union du PS avec le PC. L'une des principales caractéristiques du programme du CAG était l'action concrète et la participation des citoyens. Le PS-PC proposait un projet venu d'en haut. Il fallut bien des années pour réconcilier les frères ennemis mais nous y sommes parvenus.

Revenons à l'élection présidentielle et aux souvenirs nostalgiques. Une bonne initiative de Marc Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil et de son équipe de communication dont Philippe Méoule et Philippe Bove ont permis de fêter le trentième anniversaire de la victoire de François Mitterrand à l'élection présidentielle comme il devait l'être. Sans faste mais avec la simplicité d'une camaraderie sincère dans laquelle se retrouvent les amis de Ségolène, les supporters de François et les soutiens de Martine et Dominique.

N'était la panne d'électricité qui sema la panique à bord du vaisseau amiral, tout s'est déroulé comme sur un tapis de roses. Musique, exposition, film exclusif, présence d'Ivan Levaï, de Dominique Jamet, de François Loncle, des secrétaires de sections de la quatrième circonscription et de nombreux militants, le clou étant un magnifique feu d'artifice semblable à celui qui fut tiré le 10 mai I981 après la pluie. Le film met en scène de grandes figures du PS : Jospin, Quilès, Fabius, Lienemann, Glavany, à la mémoire fraiche et au ton enjoué. Tous sont d'accord sur un point. Le 10 mai 1981 n'aura vraiment de sens que si le ou la candidat(e) de la gauche gagne en 2012. Le tout, c'est de se donner les moyens de la victoire. Le tout c'est de proposer un projet sérieusement de gauche et un ou une candidat(e) répondant aux aspirations d'un peuple usé par le sarkozysme et affaibli intellectuellement par le matraquage de l'extrême droite. Sans Le Pen, pas de Wauquiez, sans Le Pen, pas de Guéant !

On ne pense pas dans un palais comme dans une chaumière

Les mots de ne sont jamais choisis au hasard. Les lapsus ont un sens, les textes de lois aussi. Quand Nicolas Sarkozy a mis en place le bouclier fiscal, il savait bien ce qu'il faisait : Limiter le montant des impôts payés par les plus gros salaires et faire un cadeau fiscal à ceux qui se reconnaissent en lui, le défenseur des grosses fortunes et des gens très aisés. Ce bouclier fiscal, la gauche le dénonce depuis sa création. Face à elle, la majorité et le gouvernement n'ont rien lâché pendant des années. Mais nous sommes en 2011 et l'année prochaine, les électeurs devront se prononcer sur le projet et le nom du (de la) future(e) président(e). Aussi faut-il ruser, biaiser, pour limiter la casse chez ses amis du moins quand on gouverne à droite toute.

Alors, les méninges majoritaires ont phosphoré et, comme le mathématicien grec ont crié Euréka ! On supprime le bouclier fiscal en 2013 et on réduit l'impôt sur la fortune dès 2012. Le résultat est lumineux. Non seulement on poursuit les cadeaux aux riches mais on les amplifie puisque le gain pour l'Etat va être moindre avec l'ISF nouvelle formule qu'avec le cadeau bouclier fiscal. Là je dis, la droite est forte. Très forte. C'est vraiment le moment d'affirmer que le gouvernement veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Les riches encore plus riches, voilà une idée qu'elle est belle comme dirait Coluche. Il suffit d'entendre les réactions des 90 % de Français (sur 300 000) qui vont bénéficier du nouveau calcul de l'ISF pour comprendre que les gestionnaires de fonds et de grosses fortunes se frottent les mains.

Les Sarkozy Fillon pourront toujours taper sur Wauquiez et ses insanités sociales. Ils pourront toujours lui signifier que les affaires européennes n'ont rien à voir avec les attributions de Roselyne Bachelot. De quelque côté qu'on se tourne, les Lagarde et compagnie avantagent les Tapie et les Bettencourt, les fortunes, petites ou grosses. Heureusement, il s'est trouvé un élu écologiste pour rendre public le fait que la directive européenne sur les limitations de bonus avait été mal transcrite par les Français, ce qui ne nous étonne pas. C'est ainsi que les banquiers de l'hexagone ont pu se mettre dans les poches des salaires exceptionnels de plusieurs centaines de milliers d'euros sur l'année 2010. Le Fouquet's, le yacht de Bolloré, le bouclier fiscal, l'ISF, l'affaire Tapie etc. confirment ce que l'on savait déjà : on ne pense pas dans un palais comme dans une chaumière.

10 mai 2011

Je n'hésite pas à l'affirmer, Wauquiez est un âne

Martin Hirsch (photo JCH)
Martin Hirsch a poussé une grosse colère, hier soir, pendant le journal de 20 heures de France 2. Il s'en est pris sans ménagement à Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat, qui n'a rien trouvé de mieux que d'inventer un système de travail gratuit (donc non payé) pour les « bénéficiaires» du RSA. Ce RSA est de 467 euros par mois. Il a été inventé par Martin Hirsch et expérimenté dans le département de l'Eure avec l'accord de jean-Louis Destans, président du conseil général, avant le vote de la loi définitive à l'Assemblée nationale.

Ce revenu de solidarité active a un objectif : permettre aux Français sans emploi, sans perspective, de faire face aux besoins incontournables que sont la nourriture, l'habillement, l'éducation des enfants. Un second dessein se révèle sous le RSA, celui de trouver une formation, de déboucher sur un emploi. Wauquiez, contesté par plusieurs membres du gouvernement dont Roselyne Bachelot, a osé utiliser le mot de « cancer » comme s'il était infamant d'être atteint de cette maladie et de ne pas vouloir en guérir. C'est affligeant d'entendre un membre du gouvernement utiliser un mot qui touche de nombreux Français et intéresse des milliers de chercheurs de par le monde. Je suis toujours surpris d'entendre d'autres personnes évoquer « l'autisme » de tel ou tel comme si l'autisme n'était pas une maladie à reconnaître et à respecter…

Martin Hirsch affirme que la sortie de Wauquiez est à objectif électoral, que tout ce qu'il affirme est « faux, faux, faux ». Les simplistes se contentent souvent de ces discours à l'emporte-pièce et ils peuvent être sensibles à ces cinq heures de travail social « dues » à la société en remerciement des 467 euros ! Wauquiez, je n'hésite pas à l'affirmer, est un âne. Ceux qui ont cru en son avenir à droite ont eu tort. Il n'est pas à la hauteur de ses responsabilités et surtout, ne sait rien, apparemment, des difficultés de vivre que connaissent les pauvres, les précaires, les chômeurs, les titulaires du RSA…

9 mai 2011

Les journalistes ont l'obligation morale de protéger leurs sources

L'événement, car c'en est un, est passé inaperçu. Du moins n'a-t-il pas été commenté ni repris par la presse nationale d'information comme il aurait dû l'être. Certes, le journal Le Monde s'en est expliqué mais comme l'un de ses journalistes était en cause, c'était bien le moins qu'il pouvait faire. La chambre d'instruction de la Cour d'appel de Bordeaux saisie des différents dossiers de l'affaire Bettencourt a annulé la procédure du procureur Courroye concernant un éventuel délit de non respect du secret professionnel de la part du juge Prévost-Després.

Edwy Plenel (photo JCH)
Pourquoi cette annulation de procédure ? Tout simplement parce que les juges du tribunal de Bordeaux ont estimé que le procureur Courroye n'avait pas respecté la loi de janvier 2010 sur la protection des sources des journalistes. En se procurant les factures détaillées de téléphone du journaliste du Monde enquêtant sur l'affaire Bettencourt, le procureur a franchi la ligne blanche et devra donc en répondre devant la juridiction compétente puisque le journal Le Monde a porté plainte devant un juge d'instruction contre ce qui est un abus de pouvoir.

Cette décision des juges Bordelais est extrêmement importante car c'est l'application concrète et réelle d'une loi nouvelle qui, qu'on le veuille ou non, accroît l'influence des journaux et protège ceux et celles qui les informent. A l'évidence, on ne peut pas informer sans être soi-même informé et on ne peut pas être informé si les sources ne sont pas certaines d'être protégées par l'anonymat et ce qu'on appelle le secret des sources. La loi a, certes, prévu des exceptions en cas d'affaires de terrorisme ou mettant en cause la sécurité de l'Etat mais les juges bordelais, avec raison, ont considéré que l'affaire Bettencourt ne relevait pas de la sécurité nationale. Les conséquences de ce jugement sont essentielles car elles confortent les journalistes d'investigation dans la recherche des faits, des preuves, des témoignages qui apportent un éclairage public sur les comportements délictueux ou criminels d'hommes et de femmes bercés dans une certitude d'impunité.

La semaine dernière à Val-de-Reuil, Edwy Plenel a insisté sur cette nécessité de la protection des sources. Dans l'affaire des quotas de l'équipe de France de football, il est évident que l'informateur de Mediapart a besoin de dormir sur ses deux oreilles ce que la justice autorise et confirme.

François Loncle en mission au Sahel

François Loncle (photo JCH)
François Loncle (PS) et Henri Plagnol (UMP) sont les deux députés animateurs de la mission parlementaire de l'Assemblée nationale chargée d'enquêter sur AQMI (Al Qaïda au Maghreb islamique). Ils viennent de passer une semaine en Afrique, à Dakar, Nouakchott et Bamako. Le but de leur mission qui les conduira fin juin au Niger, au Burkina Faso et en Algérie, est de traiter «des conséquences pour les pays concernés» des activités d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du «rôle de la France» dans la lutte contre cette organisation.

François Loncle était à Louviers, ce lundi. Pour lui, la mort d'Oussama Ben Laden ne changera rien de fondamental aux activités d'Aqmi au Sahel. Non pas parce que Ben Laden était en semi retraite mais parce qu'Al Qaïda est un ensemble de nébuleuses décentralisées aux activités diverses et aux implantations géographiques variées. Sans préjuger du rapport final qui sera édité à la fin de l'année, François Loncle se félicite de l'aide apportée, sur demande du gouvernement, par les représentations diplomatiques françaises et sur la prise de conscience des états africains. S'il déplore l'absence de concertation entre les différents pays concernés, il ne doute pas que cette prise de conscience ira dans le bon sens dans les mois qui viennent. On peut imaginer que l'Algérie, par exemple, sortira du double jeu dont certains l'accusent comme on accuse le Pakistan de ne pas être très clair à l'égard d'Al Qaïda et des Talibans.

La situation des otages est évidemment préoccupante. L'objectif des preneurs des-dits otages est simple : financer leurs activités, en armes, en information, en rétribution de services d'où le coût élevé payé par les pays dont les ressortissants servent de monnaie d'échanges. Il est bien évident que les otages kidnappés à Arlit (au Niger) ont une valeur marchande très élevée. Que doivent faire les états ? Payer, ne pas payer de rançons ? Qui peut répondre à cette question sans drame de conscience ?

8 mai 2011

Le projet socialiste sérieusement de gauche avec Guillaume Bachelay

Les locaux de la fédération socialiste de l'Eure étaient bondés, jeudi dernier, pour une réunion exceptionnelle. Il ne s'agissait nullement de disserter sur l'adhésion de Michel Champredon, maire d'Evreux, conseiller général, ancien candidat au secrétariat fédéral du PS, au Parti radical de gauche mais d'écouter Guillaume Bachelay, l'un des co-auteurs du projet du parti socialiste pour les prochaines élections présidentielles et législatives, un projet « sérieusement de gauche. »

Guillaume Bachelay est venu à Evreux en voisin (photo JCH)
Guillaume Bachelay est de ces jeunes élus socialistes porteurs d'avenir. A Cléon, au conseil régional de Haute-Normandie, dans l'appareil du PS, il est une des étoiles montantes. Laurent Fabius l'a remarqué car il est remarquable et en a fait une plume mise tantôt à son service, tantôt à celui de Martine Aubry, tantôt à celui de tous les socialistes. A l'évidence, Guillaume Bachelay maîtrise son sujet. Il évoque aussi bien les avantages du projet PS que les dégâts du Sarkozysme. Il sait analyser les causes des crises que la France traverse, qu'il s'agisse de la crise économique et financière, de la crise démocratique que de la crise écologique. La crise économique ? Qui la paie, sinon les classes moyennes et défavorisées et dans un autre ordre les immigrés ou les Français d'origine étrangère (comme ils disent) ? La crise démocratique atteint tous les partis mais bénéficie au Front national par un effet de loupe. Quant à la crise écologique, comment faire l'impasse sur la catastrophe de Fukushima et le nucléaire qui prouvent au moins une chose : alors que tous les gouvernants  nous avaient promis avoir la situation sous contrôle, le monde voit qu'elle ne l'est absolument pas. Ce sera une priorité du futur (de la future) chef de l'Etat.

Bizarrement, le style, le ton, les effets de manche de Guillaume Bachelay me rappelaient ceux de François Hollande ! Auraient-ils le même coach ? Ou François Hollande, également amateur de bons mots et de phrases assassines, s'inspirerait-il de l'exemple de Guillaume Bachelay peu avare de verbe drôle et parfois méchant ? Qui copie l'autre ?

Le projet PS sera soumis au vote des militants le 19 mai prochain. Il ne fait pas de doute qu'il sera approuvé à 90 % ! Mais comme tout vote au PS, il sera amendé, amoindri par les accords de second tour avec des partenaires exigeants. On ne peut imaginer que JL Mélenchon ou Eva Joly (Hulot ?) ou des ralliés de la dernière heure se satisferont de l'ossature actuelle. Ce sera comme pour les régionales. De la liste adoptée par les militants, il risque de ne rester qu'une trame vague au nom d'une impérative union de la gauche condition indispensable pour gagner et pour convaincre les Français de la nécessité du changement. Les socialistes y retrouveront-ils leurs petits ?