30 avril 2011

La Fédération française de football sort le carton rouge

Le dialogue entre Laurent Blanc et un responsable technique de la fédération française de football tel que transcrit par le site Médiapart est édifiant. Et redoutable. On y lit des expressions qu'on avait l'habitude de découvrir dans d'autres bouches et ailleurs que dans le domaine sportif. C'est si vrai que ce responsable technique a été limogé cet après-midi et que la fédération française de football est bien obligée de se rendre à l'évidence. Des propos racistes ont été tenus par des membres importants de la DTN visant à limiter, chez les jeunes, la présence de joueurs de couleur ou d'origine maghrébine.

C'est lamentable mais c'est le produit d'une lepenisation des esprits et des modes de pensée. On ne se cache plus. On ne se tait plus. On ose proclamer haut et fort que les petits blancs et finauds ne sont pas assez nombreux dans les équipes de France. On ose imaginer des quotas de joueurs de couleur. Georges Frèche l'a rêvé, François Blaquart l'a fait ! Et ils ont osé nier. Évidemment, Edwy Plenel (qu'on écoutera le vendredi 6 mai à Val-de-Reuil) et les journalistes de Médiapart ne sont pas partis à la guerre sans munitions. Il les distille au fur et à mesure des démentis grotesques des personnages mis en cause. Gageons qu'ils en ont d'autres dans leur besace et que les responsables devraient faire très attention avant de l'ouvrir.

29 avril 2011

La LICRA et les quotas de « joueurs de couleur »

« Le site d'information Médiapart a révélé, dans une enquête parue hier, que la Direction Technique Nationale (DTN) de la Fédération Française de Football (FFF) serait tentée d'instaurer des quotas réduisant le nombre de Noirs et d'Arabes dans les équipes.
Si ces informations s'avéraient exactes, cette politique discriminatoire, contraire à la constitution française et constitutive d'un délit, relèverait de la Justice devant laquelle la LICRA n'hésiterait pas à porter l'affaire.
Au-delà des faits honteux rapportés, ce « FFFgate » appelle pour la LICRA trois commentaires :
Il est indéniable que ces éventuelles pratiques s'inscrivent dans un contexte qui dépasse largement le sport et ne sont, au final, que la triste résultante de l'ethnicisation des questions sociales à laquelle on assiste et que dénonce la LICRA depuis plusieurs mois autour du cri de ralliement « Non au morcellement ethnique de la République ».

Le sport était jusqu'alors relativement épargné par la discrimination puisqu'il donnait la prime au mérite et au talent des pratiquants ; cette affaire démontre clairement que le football ne l'est plus. Si la FFF souhaite avancer après l'épisode Knysna (Coupe du Monde 2010), ce n'est pas en racialisant ses choix sportifs qu'elle réussira mais en demandant en premier lieu à la DTN de former des citoyens responsables encadrés par des dirigeants convaincus. C'est ce que la LICRA propose depuis plusieurs années au football français par un renforcement de l'éducation civique au sein des structures de formation. Elle l'a encore rappelé en octobre dernier lors des Etats Généraux du football.
Enfin, la LICRA ne peut être surprise de cette situation puisqu'aucune politique cohérente et volontariste, qu'elle a pourtant appelée de ses souhaits, n'a jamais été menée au niveau fédéral pour lutter contre le racisme dans le football.
Aujourd'hui, la LICRA attend en premier lieu que toute la lumière soit faite sur l'exactitude des révélations de Médiapart et que les suites nécessaires y soient données. Quels que soient les résultats de l'enquête, cette affaire doit servir à renforcer, au sein de la FFF et du Ministère des Sports, les moyens consacrés à la lutte contre le racisme. La LICRA compte sur les réformes en cours au sein de la Fédération et les prochaines élections pour apporter une dynamique positive et se tient à la disposition de l'ensemble des parties pour apporter son concours à un nouvel élan. »


Communiqué de la LICRA

« Qui a tué l’écologie ? » (Chapitre IV)


Réunion dite du Grenelle de l'environnement
Quatrième épisode de la série « Qui a tué l’écologie ? », titre du dernier ouvrage de Fabrice Nicolino, journaliste. De la « bande des quatre », nous nous sommes précédemment penchés sur les cas de la Fondation Nicolas Hulot, du WWF et de Greenpeace.

Il nous reste à faire la lumière sur le quatrième larron de cette bande et non le moindre : FNE, France Nature Environnement. Écoutons Fabrice Nicolino au cours de l’entretien qu’il a eu avec Daniel Mermet dans son émission « Là-bas si j’y suis ».

« FNE, France Nature Environnement, fédère autour de 3.000 associations sous ce sigle. France Nature Environnement tire environ 70% de ses ressources de fonds publics. Pour Fabrice Nicolino, cette fédération est dans les mains du gouvernement. Elle a été le principal soutien de cette action politicienne connue sous le nom de « Grenelle de l’Environnement ». On en arrive à ce point de l’histoire où FNE, qui a fait aussi des partenariats avec Veolia, avec Suez-Lyonnaise des Eaux, et bien entendu dépend de ces financements, n’a cessé d’applaudir à tout ce que faisait et disait le gouvernement : Jean-Louis Borloo, Chantal Jouaneau, Nathalie Kosciusko-Morizet, tous ces ministres liés au « Grenelle de l’Environnement ». Jean-Luc Porquet du Canard enchaîné avait parlé de supercherie, rappelle Daniel Mermet. ATTAC y avait vu une dépolitisation de l’écologie politique et une instrumentalisation de l’environnemental contre le social.

Première critique énonce Fabrice Nicolino : c’est à pleurer de franchouillardise. Quarante ans après, on fait semblant de croire que la crise écologique planétaire peut se régler à l’échelon de la France. Cela n’a aucun sens. Rappelons que le « Grenelle » de 1968, c’étaient des syndicats ouvriers, des représentants patronaux et des représentants de l’État qui s’étaient mis autour d’une table parce que dans la rue, il y avait dix millions de salariés en grève et qu’il y avait alors une pression sociale considérable. Contrairement au « Grenelle de l’Environnement » où tout s’est déroulé à froid. Cela a été une pure opération de tactique politicienne de Nicolas Sarkozy qui a senti monter au travers des sondages les préoccupations écologiques dans l’opinion à partir de 2006. Et déjà vu s’installer le jeu de Nicolas Hulot, hésitant sur l’opportunité de se présenter à la présidentielle de 2007. Lui a été apportée sur un plateau d’argent l’idée sur laquelle il a rebondi instantanément de regrouper autour d’une table, en bons camarades, tout le monde : les écologistes, les industriels, les agriculteurs industriels, les fabricants de pesticides, les grands ingénieurs d’État, toutes personnes ayant des intérêts opposés. En l’absence de tout rapport de force dans la société, on allait faire ce que Sarkozy a osé appeler : « une révolution écologique ». Rien de moins. Ce fut une sorte de grand-messe, de pantomime où l’on fit semblant qu’il n’existait plus aucune opposition ni contradiction, dans une logique de boy-scouts convenant parfaitement à un Nicolas Hulot et effaçant tous les conflits sociaux, écologiques, politiques, industriels. Une assemblée de gens de bonne compagnie dans laquelle on allait régler d’un coup tous les problèmes. Mais en évacuant les questions du nucléaire, des agro-carburants, de l’eau, des nanotechnologies, des rayonnements émis par les téléphones portables, c’est-à-dire toutes les questions qui auraient pu, si peu que ce soit, fâcher les industriels. À l’appui cet exemple, à lui seul un raccourci illustrant parfaitement ce qu’a été le « Grenelle de l’Environnement ». « En octobre 2007, vers la fin du « Grenelle » raconte Fabrice Nicolino, je reçois un coup de fil d’un responsable écologiste, totalement triomphal, et qui m’annonce : « Sarkozy a accepté de réduire de 50% l’usage des pesticides en France, en dix ans ». Je mesure immédiatement l’importance de cette avancée à laquelle je crois sincèrement en cet instant. Un quart d’heure plus tard, j’apprends le changement de donne. Entendant cette annonce de Borloo, Jean-Michel Lemétayer, à l’époque président de la puissante FNSEA, le syndicat de l’agriculture industrielle et de l’agroalimentaire est sorti furieux de la séance. Après quelques coups de fils donnés aux bonnes personnes, il est revenu et a annoncé lui-même, alors qu’il n’était qu’un acteur secondaire, la vraie mesure, celle qui a finalement été retenue ». « Oui, a-t-il annoncé, la France s’engage à réduire de 50% l’usage des pesticides en dix ans…, si c’est possible ! ». Si c’est possible ! Et on en est restés là, car comme cela ne va pas être possible, on ne le fera pas ! Que reste t-il donc aujourd’hui, en mars 2011, du « Grenelle de l’Environnement » ? Après qu’on a renvoyé la taxe carbone aux calendes grecques et réduit drastiquement les aides d’État aux énergies renouvelables. Rien, sinon la désormais célèbre phrase de Nicolas Sarkozy aux agriculteurs : « L’Environnement, ça commence à bien faire ! ».

Voilà donc présentées en quatre épisodes, les principales organisations environnementales. En conclusion dit Fabrice Nicolino, invité par Daniel Mermet à faire des propositions positives après le jeu de massacre auquel il se livre dans son dernier ouvrage : « Je pense que les instruments forgés il y a quarante ans sont obsolètes. Ils ne servent plus les intérêts pour lesquels ils avaient été inventés. Il faut donc les faire disparaître. L’époque est suffisamment grave, voire tragique, pour que nous inventions collectivement de nouvelles formes politiques, démocratiques. Notamment des formes capables de relier notre combat à celui des forces du Sud. Car le Sud est à l’évidence le grand oublié de tout ce bla-bla, de toutes ces proclamations écologistes. Il faut préparer une révolution intellectuelle et morale dans ce pays, en n’hésitant pas à assumer l’affrontement avec le système industriel et l’oligarchie. Car hélas, le monde n’est pas fait de Bisounours comme le croit Yann Arthus-Bertrand. Comment rétrécir le temps qui nous sépare d’un vrai mouvement populaire reliant les forces du Nord et du Sud, avec comme perspective l’affrontement avec le système industriel et l’oligarchie qui dominent le monde et qui nous mènent au gouffre ? Comment répondre à la violence de ce système en faisant tout pour éviter le piège d’un affrontement violent ? Là sont les vraies questions. En tout cas les pathétiques organismes environnementaux dont nous avons parlé sont incapables de nous emmener sur ce chemin ».

Il nous restera, dans un prochain et dernier épisode, à nous intéresser de plus près au cas Borloo, dont Fabrice Nicolino remet à toutes fins utiles la carrière en perspective. Et enfin de dire quelques mots de ce terme de « développement durable » employé à toutes les sauces sans que nous en possédions la plupart du temps la définition précise et sans savoir d’où vient la formule.

Transcription et présentation
Reynald Harlaut

Fabrice Nicolino, « Qui a tué l’écologie ? », Éd. Les Liens qui libèrent, Paris, mars 2011, 20,50 € dans les bonnes librairies.

Bernard Bonnechère nous a quittés


Le Parti de Gauche a l’immense tristesse de vous faire part du décès de notre camarade Bernard Bonnechère, survenu le 25 avril 2011. Ardent humaniste, il avait rejoint le Parti de Gauche dès son lancement par Jean-Luc Mélenchon en novembre 2008.
Bernard fut le créateur du Parti de Gauche de l’Eure. Jusqu’à l’annonce de la maladie qui l’a vaincu, il y a quelques mois, il en était le coordinateur départemental.
Homme de convictions, il a été le défenseur inlassable d’une gauche écologique, sociale et républicaine, antilibérale, anticapitaliste, émancipatrice. Authentique militant, il a été de toutes les mobilisations et initiatives.
Il nous manque déjà et sa mémoire nous accompagnera dans le combat qui fut le sien au service de l’intérêt général et pour faire vivre l’éducation populaire.
Ses obsèques auront lieu le mardi 3 mai 2011 au cimetière de son village familial de Regny dans l’Aisne. Mais conformément à ses dernières volontés, cette cérémonie sera précédée le lundi 2 mai 2011 à 14H30, au château de Trangis à Évreux, d’un hommage citoyen qui lui sera rendu « Pour passer un temps avec le militant bénévole de base » qu’il était et dont il voulait que l’on se souvienne(1).
Nous adressons à toute sa famille nos plus sincères condoléances.
Il est également possible de le faire par un message à l’adresse courriel suivante :

Le Parti de Gauche de l’Eure
(1) Pour cet hommage et selon sa volonté, il ne sera déposé ni plaques, ni fleurs, ni couronnes.

27 avril 2011

« Un sommet de triste pitrerie » par François Loncle


« La rencontre de Rome, le 26 avril, entre Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi a représenté un sommet de triste pitrerie. Ils ont tenté de dissimuler leurs divergences en s'entendant sur le dos de l'intégration européenne. Au lieu de traiter sérieusement de la question des flux migratoires, ils se sont attaqués à ce qui est, depuis plus de vingt ans, l'un des acquis essentiels de l'Union européenne. En demandant le rétablissement des contrôles aux frontières, ils remettent en cause le fondement même des accords de Schengen qui ont créé un vaste espace de liberté sur le continent européen et dont nous disions, au moment de leur ratification, qu'ils ne devaient pas faire de l'Europe une forteresse. Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi se soucient comme d'une guigne de la construction européenne. Ils ne cherchent qu'à s'attirer les faveurs populistes, en n'hésitant pas à stigmatiser, une fois de plus, les immigrés.  »       


François LONCLE
Député de l'Eure, Vice-Président du Groupe socialiste
chargé des affaires internationales

Le pass contraception autorisé en Île de France

Le revirement de Luc Chatel, ministre de l'Education nationale, à l'égard du pass contraception en dit long sur les talents électoralistes des membres du gouvernement. Eux aussi ont compris, comme François Hollande que les jeunes de 18 à 25 ans seront des sujets déterminants lors de la prochaine élection présidentielle. Ainsi, des conservateurs bon teint, réticents depuis toujours à une libéralisation des mœurs se trouvent contraints de suivre le mouvement et d'admettre que la contraception orale, notamment, veut toujours plus et mieux qu'un avortement suite à une grossesse non désirée.

Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes, est de celles et ceux qui, depuis longtemps, militent en faveur d'une contraception chez les jeunes, gratuite et anonyme. Elle sait que la sexualité est une composante fondamentale du désir et qu'il arrive des « accidents » faute d'informations, d'éducation, autant de comportements irresponsables de la part des adultes, professeurs et parents, personnels médiaux y compris. Non la sexualité ne s'invente pas tous les jours. Oui, il est bon est sain que les jeunes filles et les jeunes hommes soient informés des attentes affectives et de l'art de faire l'amour.

A l'initiative de la région Île de France, en accord avec le ministère de l'Education nationale, un pass contraception va être expérimenté permettant aux jeunes filles de bénéficier d'une distribution de pilules contraceptives. J'ose espérer que les infirmières scolaires et pas seulement elles, sauront diffuser un message positif, une information claire et complète afin que les premières rencontres soient placées sous des augures favorables.

Plusieurs milliers d'avortements annuels concernent des jeunes absolument pas préparés à la maternité pour X raisons. Ce pass contraception a pour principal objectif de mettre un terme à un acte grave, délicat, sans doute indispensable mais jamais sans conséquences psychologiques. Peu importe les motivations de Luc Chatel, l'important est que sa décision aille dans le bon sens.

25 avril 2011

« Qui a tué l’écologie ? » (Chapitre III)


C’est le troisième épisode de la série « Qui a tué l’écologie ? », titre du dernier ouvrage de Fabrice Nicolino, journaliste. De la « bande des quatre », nous nous sommes précédemment penchés sur les cas de la Fondation Nicolas Hulot et du WWF.

Abordons à présent celui de Greenpeace, et voyons ce qu’en disait Fabrice Nicolino au cours de l’entretien qu’il a eu avec Daniel Mermet dans son émission « Là-bas si j’y suis ».

Greenpeace, la fameuse organisation environnementale née en 1971. Pour Fabrice Nicolino, c’est devenu une entreprise, une boîte comme on dit familièrement. Une entreprise capitaliste ultra performante. Des militants d’origine, joyeuse bande d’hurluberlus chevelus, barbus – des babas-cool dirait-on aujourd’hui –, combatifs et sympathiques, il ne reste plus personne. Où sont passés ces militants qui se battaient contre les essais nucléaires américains sur une île en Alaska ? Disparus. Devenue une association extraordinairement consensuelle, elle a parfaitement intégré toutes les techniques de marketing de l’industrie : constituer des fichiers, faire de la levée de fonds et transformer les militants en spectateurs donateurs en mettant en avant quelques actions spectaculaires très médiatisées dont on ne sait rien de l’efficacité réelle. C’est pour ce travail que Greenpeace France a recruté en 2005 au Luxembourg son directeur actuel Pascal Husting, où il exerçait le métier de financier et de conseiller pour les entreprises cherchant à défiscaliser leurs profits, y compris dans les paradis fiscaux. Il faut dire que le budget annuel d’une telle organisation représente plusieurs dizaines de millions d’euros. À la revue « The Economist », il déclarait il y quelques mois : « au lieu d’être des militants exerçant une profession dans le monde associatif, devenons des professionnels qui continuent à militer ! Il n’est donc plus question d’embaucher prioritairement des militants et sur les 45 salariés présents à mon arrivée, 25 ont quitté Greenpeace parce qu’ils n’arrivaient plus à suivre cette logique de professionnalisation ». Et pour terminer, il se flatte que « dans le personnel licencié ayant déposé des recours aux Prud’hommes, aucun n’a eu gain de cause ». Quel patron de combat oserait aujourd’hui tenir devant les médias ce type de discours ?

De façon surprenante, Greenpeace est restée plutôt discrète dans les médias ces temps derniers. Pourtant, ce ne sont pas les sujets qui fâchent qui manquent dans l’actualité. Entre la catastrophe nucléaire de Fukushima et en France, l’affaire des gaz de schiste, voilà des questions sur lesquelles on aimerait la voir à la pointe du combat. Quelque peu prise au dépourvu, il semble bien qu’aucun d’entre eux n’entrait dans ses plans de communication définis longtemps à l’avance. C’est aussi cela les stratégies entrepreneuriales.

Transcription et présentation
Reynald Harlaut

Fabrice Nicolino, « Qui a tué l’écologie ? », Éd. Les Liens qui libèrent, Paris, mars 2011, 20,50 € dans les bonnes librairies.

À suivre…

Quelques réflexions d'actualité

La gifle de Jerôme Cahuzac (notre photo) le rendra-t-il aussi célèbre que celle de François Bayrou. Tous deux ont giflé, dans des conditions similaires, des jeunes qui pour l'un l'insultait, pour l'autre lui faisait les poches. Le président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, député-maire, a été en effet insulté et bousculé par un jeune homme visiblement provocateur. D'où une paire de gifles instantanée. Le député socialiste aurait pu regretter son geste. Au contraire, il l'a assumé pleinement en justifiant le fait qu'il défendait la fonction et ne pouvait donc pas reculer sous la menace. Je l'avoue, je ne suis pas un adepte des châtiments corporels. Favorable à la non violence, je considère qu'un élu doit donner l'exemple et chercher un terrain de dialogue mais j'avoue que si le cerveau civilisé commande de ne pas passer à l'acte, il en est un autre, souvent dérangeant, qui fait faire ce qu'on ne devrait pas faire. Jérôme Cahuzac démontre, en tout cas, qu'il existe des socialistes actifs pour lutter contre les incivilités autrement qu'en paroles.

Jean-Marie Le Pen est un homme habile. En rendant publique son opposition à l'exclusion du FN d'un militant pris en flagrant délit de salut nazi, exclusion décidée par sa fille Marine, il l'a dédouane et en fait, en quelque sorte, une tendre. « Marine, a-t-il déclaré, n'a pas pris connaissance du procès verbal de la commission des conflits, elle aurait dû attendre. Elle pourra faire appel de sa propre décision. » Ladite commission a en effet décidé que les photos de l'accusé étaient des photos truquées ce qui n'est évidemment pas le cas.
Chez les Le Pen, on a donc décidé de se répartir les tâches. Pour l'un les chambres à gaz sont un point de détail de l'histoire, pour l'autre, c'est le sommet de la barbarie. Il ne faut pas s'étonner que la fille de son père devienne, aux yeux d'un cinquième des Français, quelqu'un pour qui on peut voter. Du moins quand on vote puisque les votants se font de plus en plus rares. En prenant la tête du Front national et en écrivant aux préfets de la République, Mme Le Pen-Aliot veut jouer dans la cour des grands. Elle fait celle qu'on peut croire, celle qui va gouverner le pays, celle dont personne n'a rien à craindre. Il se trouve même 36 % des ouvriers prêts à voter pour elle. Cela ne fait pas une majorité, heureusement, mais démontre que la Gauche a encore du boulot d'ici 2012.

Les livres, les émissions, les témoignages ne vont pas manquer à l'occasion du 30e anniversaire de l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand et de la gauche en 1981. Hier soir, une chaîne consacrait deux heures à expliquer les événements de la semaine qui vit Giscard et Barre faire le dos rond après la victoire, dans les urnes, du premier secrétaire du Parti socialiste devenu président de la République. Entre le 10 mais et le 21 mai, les Français pleins aux as ont sorti un milliard de dollars par jour de notre pays sans que les VGE-Barre ne lèvent le petit doigt. Alors que des hauts fonctionnaires du ministère des finances et de la Banque de France proposaient à Raymond Barre d'agir et de prendre des mesures conservatoires, il a refusé ! C'est ainsi que la dévaluation s'est imposée et que Yvon Gattaz, ancien président du CNPF, pouvait assurer sans rire que les socialistes voulaient la destruction et la disparition des entreprises françaises. Ce sont les mêmes qui, depuis des années, délocalisent, suppriment des emplois, refusent les augmentations de salaires, spéculent à tout va…gonflés les patrons !

Le président de la République se mue en candidat. Il vient de faire distribuer 5000 exemplaires d'une plaquette dressant le bilan de ses quatre années de présidence. J'en ai lu des extraits. Je n'ai pas l'impression de vivre dans le même pays. Tout va bien : sécurité, emploi, immigration…la France est plus juste, plus moderne, réformée.
Le hic, c'est que les faits sont têtus. Et qu'il lui sera impossible de vendre un bilan pareil. Le président de la France qui se lève tôt, du travailler plus pour gagner plus a échoué sur toute la ligne. Le chômage n'a pas baissé, le pouvoir d'achat n'a pas augmenté, l'insécurité des personnes est plus grande encore et les moyens pour y remédier sont inadaptés ou inefficaces. Etonnons-nous que des hommes de droite, plus avisés que d'autres, proposent des primaires dans le camp UMP !

Nous sommes en guerre en Afghanistan, en Libye et en Côte d'Ivoire. Arnaud Montebourg soulignait, hier, qu'à aucun moment le Parlement n'a été invité à donner son avis sur les engagements militaires de la France et sur les moyens d'atteindre les objectifs fixés par le président de la République. En Afghanistan, la situation est, dit-on stabilisée. Chaque jour, les attentats des talibans et les drônes américains coûtent des vies. En Libye, la situation évolue. On a maintenant des conseillers français des forces spéciales au sol pour diriger les frappes aériennes et, qui sait, préparer…le terrain. Pendant ce temps-là, le clan Kadhafi règle quelques petits problèmes d'intendance en plaçant des milliards de dollars dans les paradis fiscaux. Les Koweitiens viennent, eux, d'offrir 180 millions de dollars aux insurgés : ils pourront acheter des armes et continuer le combat à Misrata ou ailleurs. Gérard Longuet, ministre de la Défense a prévenu : ce sera long et difficile.