29 janvier 2011

Brice Hortefeux soutient le projet de mur entre la Grèce et la Turquie

Lu dans le journal Le Monde :
« Le ministre de l'intérieur français, Brice Hortefeux, a soutenu la construction d'une clôture à la frontière gréco-turque, principale porte d'entrée en Europe des immigrants sans papiers, lors d'une visite à Athènes, jeudi 27 janvier. "Les mesures qui sont engagées, dès lors qu'il ne s'agit pas de restaurer le mur de Berlin, vont dans le bon sens et nous les soutenons", a déclaré M. Hortefeux, également chargé de l'immigration, lors d'une conférence de presse avec le ministre de la protection des citoyens, Christos Papoutsis.

Le gouvernement grec a annoncé, au début de l'année, sa volonté de construire une clôture de 12,5 km dans le nord-est de la Turquie, à proximité du fleuve Evros. Selon l'agence européenne Frontex, 200 clandestins par jour tentent de passer la frontière à cet endroit.

L'initiative a suscité l'embarras de Bruxelles. "Les murs ou les grillages sont des mesures à court terme qui ne permettent pas de s'attaquer de manière structurelle à la question de l'immigration clandestine", avait déclaré un porte-parole de la commissaire chargé de la sécurité, Cecilia Malmström. L'Organisation des Nations unies a condamné l'initiative grecque. Depuis, la Bulgarie – qui souhaite entrer dans l'espace Schengen, qui permet la libre circulation de ses membres sur le territoire européen –, a annoncé qu'elle souhaitait à son tour construire une clôture à sa frontière avec la Turquie.

"LE DÉFI EST LE PASSAGE PAR VOIE TERRESTRE
"

La Grèce avait alors dénoncé l'"hypocrisie" de certains Etats européens. Brice Hortefeux a été clair : pour lui, la lutte contre l'immigration clandestine "passe par l'action nationale de la Grèce, mais aussi par une très grande solidarité européenne avec le soutien de la France". "Les flux migratoires bougent en fonction des actions et des législations. Aujourd'hui le défi est le passage par voie terrrestre", a expliqué Brice Hortefeux, en rappelant que lors d'une précédente visite en 2008, alors qu'il était ministre de l'immigration, ils empruntaient plutôt "les façades maritimes". Les clandestins entraient alors en Grèce par les îles.

Le ministre des affaires européennes, Laurent Wauquiez, avait apporté son soutien, le 6 janvier, à la politique de lutte contre l'immigration du gouvernement grec, mais sans se prononcer sur "la solution technique" de la clôture.

La visite de M. Hortefeux – entouré d'une poignée de conseillers, dont l'ancien ministre Alain Carignon –, intervient alors que la Grèce et la Belgique viennent d'être condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme. La Cour de Strasbourg a condamné la Belgique pour avoir renvoyé un Afghan demandeur d'asile en Grèce, alors qu'elle savait qu'il serait soumis à des "traitements dégradants". Le règlement européen Dublin II prévoit que les demandes d'asiles doivent être examinées par le pays où la personne est entrée dans l'Union européenne. Mais la Grèce ne peut répondre aux demandes.

Plusieurs pays, de l'Allemagne à la Suisse, ont annoncé qu'ils suspendaient les mesures de renvois des demandeurs d'asiles, vers la Grèce, après la décision de la CEDH. Le ministre français a expliqué qu'il était encore en train d'analyser l'arrêt de la Cour du 21 janvier et qu'il donnerait sa réponse "dans les prochains jou
rs".

Alain Salles

28 janvier 2011

Contre la disparition des laboratoires de proximité

«  Il faut que je vous raconte la dernière de Roselyne, et je compte sur vous pour faire passer ! Aujourd'hui, j'avais formation obligatoire sur les prélèvements (sanguins et autres). Là, le directeur du principal labo avec lequel notre hôpital travaille nous apprend (tenez-vous bien !) que nous, les infirmières, n'avons plus le droit de faire les prises de sang !!!

D'après la dernière ordonnance de notre chère ministre de la santé (donc, pas de passage devant députés et sénateurs !), les laboratoires, pour subsister, devront passer une certification assez contraignante et compliquée, et pour ce faire, doivent, entre-autres, se porter garants du préleveur (c'est à dire, nous, en l'occurence !).
Conséquence immédiate : les infirmières ne seront autorisées à prélever que si elles ont été formées et agrées par le labo dans lequel le prélèvement est analysé ! Exit, donc, les infirmières intérimaires ou remplaçantes...

Seconde conséquence, et non des moindres : les prélèvements à domicile seront désormais interdits ! Les patients devront donc se rendre au laboratoire par leurs propres moyens, quel que soit leur état, ou bien se faire hospitaliser !

Troisième conséquence : les laboratoires étant tenus de s'équiper de machines hyper-performantes, avec le moins de personnel possible, (ah oui, parce que j'ai oublié de vous préciser que l'état a décidé de diminuer fortement le remboursement des examens sanguins aux laboratoires !) pour pouvoir continuer à fonctionner, ils vont devoir se regrouper (but final avoué : 1 à 2 labos seulement par département !!!).
Bref, les hôpitaux de taille moyenne qui possèdent leur propre labo vont le fermer (c'est déjà fait à Paoli-Calmette, par exemple, Cavaillon et Orange vont suivre) et il faudra donc se déplacer vers un grand plateau technique pour faire les examens qui ne sont pas hyper-courants. Comme ces grands plateaux techniques seront les seuls à accueillir une grande partie des examens à réaliser, nous n'aurons les résultats qu'au bout de plusieurs jours (et mieux vaut ne pas en avoir besoin un vendredi après-midi !)

Enfin, cerise sur le gâteau : en toute discrétion, il a été décidé que désormais le directeur d'un labo n'a plus besoin d'être biologiste !

La Générale de Santé, ainsi que d'autres grands groupes financiers sont donc en train de racheter tous les labos de France et de Navarre et il devient donc impossible à un médecin biologiste de posséder son propre labo...

Voilà, je ne peux vous conseiller qu'une seule chose : surtout, ne tombez pas malade ! Et si toutefois cela vous arrivait malgré tout, déménagez aussitôt vers une grande ville, seul moyen d'ici très peu de temps de pouvoir être soigné dans des conditions acceptables !

P.S.: Je viens d'entendre aux infos que le gouvernement envisage sérieusement de réduire les cotations des examens radiologiques : ça ne vous rappelle pas quelque chose ???
Nous avions le meilleur système de santé au monde, mais c'était avant que le gouvernement Sarkozy n'arrive au pouvoir !


Encore un grand merci à tout ceux qui ont voté pour lui !!! »

Une infirmière démoralisée et dégoûtée...
http://alternative50.over-blog.com/article-la-derniere-de-roselyne-bachelot-63316827.html signez la pétition :
http://www.touchepasamonlabo.com/php/index.php>

Du biogaz transformé en électricité à Castres

Lu sur le site www.igepac.com
« La régie municipale de la Castraise de l'eau prépare un important investissement afin de produire du biogaz à partir de sa station d'épuration de Mélou. Lequel sera ensuite converti en électricité destinée à être revendue à ERDF.
La ville de Castres et en particulier sa régie municipale la Castraise de l'Eau prépare un important projet de valorisation de ses boues issues de la station d'épuration de Mélou, laquelle reçoit la totalité des effluents de la commune. Lors du dernier conseil municipal le maire UMP, Pascal Bugis, a proposé à l'assemblée de délibérer sur un aspect administratif de ce lourd dossier très technique. Mais pourtant, le principe général de cette réalisation est tout simple. Les eaux usées collectées sur la station sont actuellement traitées de façon a extraire sa partie solide avant que l'eau claire, une fois propre, ne soit rejetée à l'égout.
 
Un moteur qui chauffe
 
Les boues sont actuellement stockées dans de grandes cuves étanches et produisent du biogaz qui est simplement brûlé par une torchère. Pierre Lapelerie, directeur de la Castraise de l'eau explique: « Plutôt que de brûler ce gaz produit par le méthaniseur, notre idée est de le valoriser. Il pourrait être utilisé comme source d'énergie pour faire tourner tout simplement un moteur. Lequel moteur peut produire de l'électricité. »
Cette électricité peut ensuite être revendue à ERDF et réinjectée dans le réseau. Selon les premières études, la station castraise pourrait dégager un potentiel de 150 kilowatts.
Voilà une idée à travailler par les spécialistes de la CASE, non ?

27 janvier 2011

« On arrête les conneries, tu fais tes valises et on rentre à la maison ».


C’est ainsi que Gérard s’est adressé à son père Marcel dimanche dernier. La scène s’est passée dans une maison de retraite de la région. Marcel était résident d’une maison de retraite depuis 2006 et à 91 ans, il comptait bien y finir ses jours. Mais voilà, ses enfants ne sont plus d’accord. Désormais, il vivra chez son fils. Gérard m’a dit : « Je n’ai pas pris cette décision de gaieté de cœur. J’y ai été forcé pour une question d’argent. C’est simple, la retraite de papa, c’est 690 euros par mois et la maison de retraite, c’est  57,10 euros par jour soit plus de 1700 euros par mois». Pendant plus de 4 ans, la famille a puisé la différence sur les comptes en banque des parents. Quand il n’y a plus eu un fifrelin dans le bas de laine, les enfants et petits enfants ont été contraints de prendre eux-mêmes le relais. « On s’est cotisés pour y arriver ».
Mais voilà, pour 2011, il faut aussi aider la fille de Gérard qui vient de divorcer et se retrouve seule au chômage avec deux enfants. Gérard, lui aussi en retraite ne reçoit qu’une pension d’à peine du double de celle de son père pour avoir travaillé 43 ans en usine et à la chaîne. Et pour 2011 aussi, les tarifs de la maison de retraite augmentent. 2,20 euros de plus par jour, ça fait 66 euros de plus par mois. Comme on dit, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Rappelez-vous, c'était il y a 4 ans, une éternité en politique. Nicolas Sarkozy promettait d'augmenter de 25% les "petites retraites". L'institut Thomas Moore a mesuré récemment l'avancement des réformes de Nicolas Sarkozy. Le chapitre sur les retraites est édifiant : les promesses de campagne ne sont toujours pas à ce jour « pleinement mises en œuvre ». Concernant les petites retraites, le gouvernement avait attendu la veille des élections municipales de mars 2008 pour annoncer que la promesse de revalorisation de 25% du minimum vieillesse serait tenue d'ici 2012. Il faut toujours promettre aux électeurs. En avril 2009, un décret a fixé les prochaines échéances de revalorisation du minimum vieillesse. Pour 2012, la revalorisation de 25% des petites retraites ne concernera que les personnes seules vivant au minimum vieillesse.
Marcel qui était paysan a une toute petite retraite, mais il dit qu’il n'a pas voté pour Sarkozy parce qu’il ne croyait pas à cette promesse. Pas plus qu'aux autres. Marcel dit toujours que les promesses, ça n'engage que ceux qui les croient. Le problème, c'est que beaucoup de retraités n'ont pas la sagesse de Marcel. Et ils sont tombés dans le panneau : ils ont voté pour Sarko.
Le comble de l’histoire, c’est que pour justifier le départ de Marcel de la maison de retraite, Gérard a dit à la directrice de l’établissement qu’il avait trouvé une meilleure place ailleurs pour son père. On a sa fierté tout de même. 

Alain Lefeez
(Cette histoire est authentique, j’ai juste changé les prénoms à la demande de cette famille.)

Visite de la station d'épuration du Pré aux moines à Léry-Val-de-Reuil

Régis Petit explique le fonctionnement de la station (photo JCH)
Plusieurs membres de l'Association pour la protection et l'amélioration du cadre de vie ont été conviés, hier, à visiter la station d'épuration de Léry-Val-de-Reuil. Cet équipement de 25 millions d'euros financés par la CASE (autofinancement et emprunts) l'Agence de l'eau et le Conseil général de l'Eure, épure les eaux usées de 60 000 habitants (théoriques) de Val-de-Reuil, le Vaudreuil, Saint-Etienne et Saint-Pierre du-Vauvray, Poses, Herqueville, Pitres, le Manoir-sur-Seine, Les Damps et Pont-de-l'Arche dans des conditions techniques et écologiques avancées.

Régis Petit, directeur général adjoint de la CASE et cheville ouvrière de cette nouvelle station d'épuration, a été un guide à la fois compétent et talentueux. Pendant près de deux heures, M. Petit a répondu à toutes les questions posées par la dizaine de visiteurs attentifs à ses réponses, toujours pertinentes et argumentées.

En quoi cette station d'épuration est-elle « avant-gardiste » ? Elle répond (1) aux contraintes normatives actuelles — c'est bien le moins — et tient compte des spécificités géographiques et hydrologiques du site retenu par les élus de la CASE. Le choix d'une grande station unique (et non plusieurs petites) est justifié des nécessités de contrôle et de sécurité et par la plus grande facilité d'obtenir des aides à l'investissement. Au-delà des seules économies d'échelle liées à la centralisation des fonctions. Les visiteurs ont également retenu le souci d'offrir des conditions de travail sécurisées aux salariés affectés aux tâches quotidiennes. Le hasard a voulu qu'un organisme spécialisé soit présent, le jour de notre visite, pour parfaire les équipements destinés à favoriser cette sécurité.

Deux filières distinctes caractérisent cette station. La filière eau et la filière boue. In fine, après un processus complexe, l'eau est rejetée en milieu naturel (la Seine en l'occurrence) tandis que les boues font l'objet d'un mélange avec broyat de matières végétales aboutissant à un compost agricole « produit » vendable comme élément d'enrichissement organique pour les agriculteurs ou les particuliers. M. Petit n'exclut pas de faire installer des bennes de stockage de ce produit dans les déchetteries, produit qui pourrait être offert aux visiteurs apportant des déchets verts : « Ce compost pourra être vendu aux professionnels de quatre à cinq euros la tonne alors qu'à la station de Louviers nous devons payer pour l'élimination et le transport de nos boues. » Rappelons que la station de Louviers est déjà âgée de dix ans et que des progrès sensibles ont été accomplis depuis dans les nouveaux équipements même si les normes de 1991 ont dû y être respectées.

Cette visite s'inscrivait dans la démarche globale de l'association qui vise à mieux connaître les équipements liés à la production et la distribution de l'eau ainsi qu'à la récupération et le traitement des eaux usées. Ainsi, des questions ont été posées à M. Petit sur la présence de métaux lourds dans les boues et sur celle de résidus médicamenteux ou hormonaux dans les eaux rejetées en milieu naturel. Les grands établissements hospitaliers, comme les entreprises aujourd'hui avec des contraintes différentes, devront sans doute, demain, procéder à la construction d'équipements de micro-filtration limitant la présence de ces produits dans nos rivières et dans nos fleuves.

(1) Pour le site Seine-aval, un schéma prévoyait la modernisation des installations actuelles afin de respecter les normes fixées par la DERU (directive des eaux résiduaires urbaines) en 1991. Cette directive impose notamment un traitement plus rigoureux du phosphore et de l'azote : des éléments susceptibles de nuire aux réserves d'eau douce et au milieu marin en favorisant la prolifération d'algues qui étouffent les autres formes de vie (eutrophisation).

26 janvier 2011

Que veulent exactement les écologistes ? Et surtout, que veut Nicolas Hulot ?

(Chassons.com)
Les Verts se disent à gauche voire de gauche. Pour la majorité d'entre eux, c'est une lapalissade. Comment vouloir la protection de la planète, de sa faune, de sa flore, une certaine forme de décroissance, comment favoriser les économies d'énergies et les énergies renouvelables, comment lutter pour l'égalité, la justice sociale, de nouveaux droits pour les salariés et pour un travail pour tous sans le partage des richesses ? Autrement dit en renouvelant le pacte social et en rétablissant un certain équilibre entre les salaires et les revenus du capital ? Les écologistes savent bien que la droite ne fera rien sur cette voie-là. Elle ne fera rien pour protéger les services publics. Elle traînera des pieds pour financer les filières des énergies renouvelables (voir le recul sur le photovoltaïque) elle continuera d'investir dans l'EPR (nucléaire) et surtout, elle ne changera rien au régime présidentiel et aux institutions qui la servent si bien.

Pourquoi ce texte d'alerte ? Si, par malheur, et je pèse mes mots, les militants d'Europe-Ecologie-les Verts choisissaient Nicolas Hulot comme candidat à la présidentielle, il en serait fini de leur crédibilité. Je n'ai rien de spécial contre Hulot, homme d'affaires aux résultats florissants, si ce n'est qu'il n'aime pas évoquer publiquement ses sociétés et leurs immenses bénéfices. Je n'ai rien de spécial contre celui qui a fait signer les candidats à la présidentielle de 2007 pour les obliger à s'engager sur des points durs d'un programme progressiste dans les domaines de prédilection des écologistes. Ce qui me gêne, c'est qu'Hulot avance masqué. Rien ne dit qu'il ne souhaite pas faire un tour de piste en 2012.

Quand j'entends Eva Joly parler de Nicolas Hulot, elle affirme qu'il est son alter ego et qu'il faudra choisir à l'instant T entre elle et lui. J'ai l'impression qu'Hulot est une sorte d'imposteur, de coucou installé dans le nid des écolos pour mieux expulser leurs petits qu'ils chérissent depuis tant d'années. Je m'interroge sur la naïveté d'Europe-Ecologie Le Verts car Hulot n'est pas né de la dernière pluie et eux non plus. On sait tous qu'au second tour de la présidentielle, Hulot, en le disant sans le dire tout en le disant, apportera son soutien au candidat de la droite…si Marine Le Pen ne l'a pas mangée toute crue ! Il a ses entrées chez Sarkozy. Il est le cador sur les écrans de TF1 et n'a jamais vraiment montré un penchant pour la gauche mieux à même pourtant de reprendre ses thèses…

Travaux pratiques maintenant. A Louviers, il est frappant que les Verts du conseil municipal ne trouvent rien à redire contre le programme de Vidéosurveillance condamné au niveau national par leur programme. Il est surprenant qu'ils votent des deux pieds et des deux mains (sauf un élu Rolivalois) pour les délégations de service public alors que les Verts plaident pour les régies publiques. Les Verts sont prompts à dénoncer les entorses du Parti socialiste à la plateforme écologiste, ils accepteront qu'un militant de base de ce parti s'interrogent sur ce qui se passe chez eux, sans volonté d'hégémonie aucune.

25 janvier 2011

Déclaration du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme sur la situation en Tunisie

« Dans le prolongement de son action en faveur des droits de l’Homme en Tunisie, le REMDH a envoyé une mission dans ce pays. Cette mission a séjourné à Tunis du 18 janvier 2011 au 22 janvier 2011. Les membres de cette mission ont pu rencontrer diverses organisations et institutions officielles. Ils regrettent que le ministre de la Justice ait décliné la demande d’entretien qui lui a été présentée. La mission a été reçue par un ancien responsable de la division de droits de l’Homme du ministère de la Justice. Ce refus de recevoir la mission est d’autant plus dommageable que cela n’a pas permis d’obtenir les éclaircissements souhaitables quant à la situation dans les prisons (où il semble que plusieurs dizaines de prisonniers ont été victimes de tirs mortels), le contenu du projet de loi d’amnistie, etc.

La mission du REMDH salue l’extraordinaire détermination du peuple tunisien afin de recouvrer sa liberté et de mettre un terme au régime instauré par l’ancien président M. Ben Ali. Elle rend hommage aux centaines de milliers de personnes de toutes conditions sociales qui, partout dans le pays, ont, par leur action, conduit au départ du dictateur. Le REMDH s’incline devant la mémoire de ceux et celles qui ont perdu la vie dans ce combat pour la liberté.

En ce qui concerne les évènements qui se sont déroulés entre le 17 décembre 2010 et le 15 janvier 2011, la mission du REMDH considère qu’il s’agit d’un soulèvement autonome du peuple tunisien, exaspéré par l’absence de liberté, de justice sociale et de démocratie comme par les manifestations d’une corruption d’un niveau inégalé au bénéfice d’un clan familial et politique. L’immolation par le feu d’un jeune « diplômé-chômeur », M Mohamed Bouazizi, en a été le facteur déclenchant. Le chiffre des morts évolue entre 78, selon la version gouvernementale et plus d’une centaine selon les ONG. Le nombre de blessés reste indéterminé. Il n’existe pas, à ce jour, un recensement précis des personnes arrêtées ce qui entretient une suspicion de disparition. Plusieurs témoignages et constatations médicales permettent de conclure à l’existence de mauvais traitements ou de tortures lors des arrestations et lors des détentions dans les locaux de police.   

La répression violente de ce mouvement populaire n’a pas empêché une mobilisation accrue des forces démocratiques qui a permis l’heureux dénouement que l’on connaît. Pour autant, le seul départ de M. Ben Ali ne suffit pas à garantir le rétablissement d’une vie démocratique et d’un Etat de droit. La permanence des liens entre l’Etat et le RCD qu’illustre l’appartenance, jusqu’à une date récente, à cette formation politique du Président de la République par intérim, du Premier ministre et de plusieurs ministres nommés aux fonctions les plus importantes soulèvent les plus grandes inquiétudes. Cette situation est vivement rejetée par les partis d’opposition et la société civile.

Les incertitudes qui planent sur le nombre exact de personnes décédées, les conditions dans lesquelles plusieurs dizaines de prisonniers ont trouvé la mort, l’attitude de membres de force de l’ordre pris en flagrant délit de pillage ou d’agression, parfois en civil, les violences commises par des bandes armées qui dépendraient du RCD, contribuent fortement aux inquiétudes du peuple tunisien et doivent faire l’objet d’urgence d’une enquête impartiale.

Dans ce contexte, le REMDH entend émettre les recommandations suivantes :  A l’égard des autorités tunisiennes et sans autre délai :
Rendre publique une liste des personnes arrêtées lors des manifestations. S’assurer que les forces de police ne procèdent plus à des arrestations arbitraires et ne se livrent pas à des mauvais traitements ou des actes de torture.
— S’assurer que les bandes armées qui ont sévi ne sont plus en mesure d’agir et ouvrir une information judiciaire à l’encontre des personnes arrêtées à ce titre.— Mettre effectivement en liberté tous les manifestants en faveur de la liberté arrêtés lors des évènements. Mettre en liberté tous les prisonniers d’opinion qu’ils soient condamnés et détenus sous couvert de motifs de droit commun ou sous couvert de motifs politiques. Mettre un terme sans délai aux procédures qui peuvent encore exister contre les opposants politiques.
Mettre fin aux écoutes téléphoniques et dissoudre les services de police politique. S’assurer de la conservation de leurs archives.
Prendre les mesures d’urgence nécessaires, en Tunisie et à l’étranger, pour séquestrer les biens provenant de la corruption et arrêter les personnes soupçonnées de tels faits.
—  Assurer la libre circulation de tous les Tunisiens ce qui implique la restitution de leurs passeports à tous ceux qui en font la demande et la fin des limitations imposées aux fonctionnaires.
—  Rétablir la liberté de la presse et de la communication en mettant un terme à toute immixtion dans l’accès à Internet et en reconnaissant la liberté d’édition et d’impression. Assurer l’indépendance des médias propriétés de la puissance publique.
—  Rétablir la liberté d’association en mettant un terme aux régimes d’autorisation préalable des partis politiques, des associations et des syndicats et en cessant d’interférer dans leur financement.
—  Mettre un terme effectif aux liens entre l’appareil d’Etat et le RCD. La fin de la mise à disposition de fonctionnaires au bénéfice de ce parti, la restitution des biens immobiliers appartenant à la puissance publique et attribués au RCD, comme la confiscation des avoirs de cette organisation sont des exigences minimales.
—  D’user des mesures utiles pour assurer le respect des besoins immédiats de la population, y compris des personnes n’ayant pas de travail.
 A l’égard de ces mêmes autorités et à court terme :
Il appartient au président de la République intérimaire de nommer un gouvernement de transition qui ait la confiance de la population ce qui implique nécessairement l’exclusion, notamment des ministères régaliens, des personnalités les plus engagées avec l’ancien régime.

Les trois commissions dont la création a été annoncée et qui concernent le déroulement des évènements, la corruption et la réforme des institutions et des lois doivent être composées, à l’initiative de leurs présidents, de personnalités indépendantes issues de la société civile et reconnues par tous. Elles doivent pouvoir agir en toute indépendance, bénéficier des moyens nécessaires et de la collaboration de tous les services de l’Etat. Nul ne doit être en mesure de s’opposer à leurs investigations. Leurs travaux doivent être rendus publics dans un délai raisonnable et préalablement déterminé.— Engager les réformes législatives nécessaires à la tenue d’élections législatives et présidentielle, libres, sincères et transparentes, sous observation internationale, dans un délai raisonnable qui permette un réel débat  démocratique.
—  Rétablir un fonctionnement non partisan de toutes les institutions.
—  Créer une commission indépendante chargée d’apprécier les violations graves des droits de l’Homme depuis l’indépendance de la Tunisie, de déterminer les responsabilités, d’identifier les victimes et d’assurer la réparation des préjudices individuels et collectifs subis. Cette commission doit proposer les mesures nécessaires pour que de tels faits ne se reproduisent plus. Il appartiendra au peuple tunisien d’apprécier la manière dont les responsabilités encourues par les auteurs de ces violations seront sanctionnées.

Plus généralement, les autorités tunisiennes mais aussi toutes les composantes de la société civile et tous les partis politiques doivent entamer un processus de réformes qui s’appuie sur les engagements internationaux de la Tunisie en matière de droits de l’Homme, de bonne gouvernance, de démocratie, d’indépendance de la Justice, d’égalité de genre et de respect absolu de la liberté de conscience.

A l’égard de la communauté internationale et en particulier de l’Union Européenne, il leur appartient :
d’apporter tout son appui au processus de réforme démocratique en Tunisie.
 
— A brève échéance, il est essentiel d’apporter leurs concours au séquestre des fonds issus de la corruption et de l’arrestation des personnes soupçonnées de tels faits. Afin de permettre au processus de démocratisation de se poursuivre sans entrave, la communauté internationale et en particulier l’Union Européenne doivent, si besoin est, accorder le soutien financier nécessaire non seulement aux réformes entreprises mais au maintien des besoins économiques et sociaux du peuple tunisien. Les accords de toute nature, politique et financier, conclus avec l’Union Européenne doivent être révisés en totalité.
— de
s’opposer fermement à toute tentative d’ingérence extérieure dans les affaires de la Tunisie et à toute tentative de déstabiliser le processus démocratique en cours.

Au moment où le regard de tous les peuples de cette région du monde se tourne vers la Tunisie, parce qu’en mettant à bas une dictature le peuple tunisien montre que l’aspiration à la dignité, à la liberté, à la justice sociale et à la démocratie concerne tous les peuples, l’universalité effective des droits de l’Homme, la volonté de vivre en paix, commandent de soutenir sans réserve le peuple tunisien. L’Union Européenne, et notamment l’Espagne, la France et l’Italie, qui ont, pendant des décennies, soutenu le régime de M. Ben Ali supportent, en ce domaine, une responsabilité particulière. »
 

24 janvier 2011

La suppression des allocations familiales ? Une mesure barbare

Le décret pour supprimer les allocations familiales aux parents d'enfants trop absents de l'école est absurde, indigne, révoltant, il vient de paraître au Journal Officiel. J'ai déjà dit sur ce blog tout le mal que je pensais de cette mesure. Elle vise à stigmatiser des familles déjà dans la difficulté. Si les enfants ne fréquentent pas régulièrement l'école c'est qu'ils s'y ennuient ou ne s'y trouvent pas bien. Pourquoi ? Voilà la vraie question. Et ce n'est pas en frappant au porte-monnaie des familles que ce pouvoir va apporter une réponse adéquate. Bien au contraire.

Jean-Luc Mélenchon expliquait bien, hier soir, sur la cinq que cette mesure était barbare. Vouloir punir toute une famille pour les vicissitudes d'un de ses membres, bien souvent sans que les parents le sachent d'ailleurs, est pitoyable et il faut vraiment avoir l'esprit répressif, voire indigent, pour voter une mesure pareille. Heureusement, les élus socialistes du Parlement se sont opposés de toutes leurs forces au vote de cette mesure totalement réactionnaire et discriminante. J'espère que si la gauche revient au pouvoir, elle supprimera aussitôt ce que la loi vient d'autoriser.

Je souhaite aussi que les personnes chargées d'appliquer cette loi considèreront son caractère antisocial et feront tout pour trouver des pistes pour la rendre inapplicable. Il faut penser à la désobéissance civile quand le pouvoir de la majorité s'oppose à la justice et à la capacité de progrès des familles en difficulté.

23 janvier 2011

L'eau en France : quels usages, quelle gouvernance ? Et quelques autres sujets d'actualité

Les vœux du maire de Val-de-Reuil. Du long discours très structuré et bien imagé de Marc-Antoine Jamet, les observateurs dont je suis, ont retenu ses talents de tribun mais également quelques écarts de langage à mettre sur le compte de l'improvisation et de l'éloignement compréhensible d'avec le texte initial. Il ne m'appartient pas de corriger un ou deux lapsus du maire. Qui n'en commet pas ? Tout de même, je n'ai pas bien compris, pour quelqu'un qui aspire à devenir parlementaire, pourquoi il faisait de l'Assemblée nationale une caste de « politiciens » à opposer aux élus de terrain que sont les maires et les conseillers généraux ou régionaux. La démocratie ne se divise pas. Moi qui suis un fervent supporteur du régime parlementaire, un opposant farouche au régime présidentiel et à tout ce qui ressemble de près ou de loin au pouvoir personnel, j'invite Marc Antoine à adoucir son point de vue et à ne point céder à une forme caricaturale de l'image de ceux qui nous représentent, contrôlent le gouvernement et votent les lois. A moins d'avoir mal compris et mal interprété ses propos ?

A ce propos, Jean-Luc Mélenchon est-il un populiste, est-il un démagogue ? Si j'ai détesté le titre de son dernier livre « Qu'ils s'en aillent tous » je ne range pas cet authentique homme de gauche du mauvais côté de la barricade. Toute sa vie, tous ses engagements, toutes ses fidélités et toutes ses actions d'aujourd'hui l'autorisent à symboliser un courant de la gauche démocratique et républicaine. J'ai toujours apprécié, chez Mélenchon, sa culture politique, son courage (même physique) et sa capacité de conviction. Voilà un homme qui mouille le maillot et ne s'embarrasse pas d'images molles. Pour autant, les critiques de certains dirigeants du PCF (membre du Front de gauche avec le parti de gauche de JLM) à l'égard des méthodes de Mélenchon, doivent être entendues. La gauche c'est le collectif, c'est la réflexion commune, c'est l'intelligence partagée. Mais oser le comparer à Marine Le Pen est une infamie.

Marine Le Pen ? La fille de son père, les idées de son père, la gouaille de son père, tout comme son père. Il faut être aveugle ou sourd pour ne pas constater que « Travail, ma fille, patrie » comme l'a bien titré l'Humanité, demeurent l'obsession des Le Pen. Il ne suffit pas, c'est vrai, de porter un jugement moral sur les idées noires de Marine Pen pour amener les Français à rejeter ses propositions. Il ne suffit pas de blâmer les électeurs du Front national ou de les culpabiliser. A 18 % dans les sondages actuels, Marine Le Pen fait du bruit. Elle s'inscrit dans le paysage. Il faut donc la combattre politiquement. Pied à pied pour démontrer l'inanité de son programme économique (protectionnisme et sortie de l'Euro) de son programme social (la préférence nationale, on a vu ce que ça donnait à Vitrolles) de son programme sécuritaire (le retour de la peine de mort !). Marine Le Pen est donc fidèle à son père : elle est seulement différente dans son genre (c'est une femme) et dans ses talents de séduction (voir proposition précédente). Mais attention, les démons de Vichy sont tapis dans l'ombre.

Dans ma boite aux lettre ce matin, le dernier Allez-Louviers « magazine municipal d'information ». Je suis allé directement à la page réservée à l'opposition pour savoir ce qu'il était advenu des tribunes libres. On ne sait jamais avec les censeurs. Ouf, cette fois, elles sont parues sans les commentaires désobligeants du maire. j'ai ensuite lu l'éditorial du maire. « Vous voterez dans le canton nord, écrit-il. J'ai confiance dans le bon sens des Lovériens qui voteront pour construire l'avenir…efficacement. Vous ferez le bon choix, celui d'un nécessaire changement. » Une fois de plus, le maire franchit la ligne blanche et utilise le journal municipal pour faire une campagne partisane. Quand il parle de changement, de quel changement parle-t-il ? De majorité de gauche au conseil général ? De la titulaire actuelle dans le canton nord ? De toute façon, quelles que soient les réponses à ces questions, le journal de tous ne doit pas servir aux intérêts de quelques-uns. C'est cela le bon sens. Et j'ai au moins un point commun avec le maire : je fais confiance aux électeurs. Ils voteront donc pour Leslie Cléret !

Lors du colloque au siège du CESE (photo JCH)
Mercredi dernier, le conseil d'Etat et le Conseil économique, social et environnemental, organisaient un colloque à Paris sur le thème : l'eau en France, quels usages, quelle gouvernance ? Quatre tables rondes ont jalonné cette journée passionnante. Elles ont abordé tous les sujets dont deux, en particulier, ont retenu notre attention : les usages domestiques de l'eau, qui gère l'eau en France ? Il ne s'agissait pas de trancher entre les divers systèmes de gestion mais de souligner le cadre législatif et réglementaire et les propositions pour améliorer la gestion, diminuer les coûts, protéger la ressource, programmer les investissements, informer les usagers. Sur ce chapitre, tout le monde est d'accord : les usagers souffrent d'un manque cruel d'informations et bien peu nombreux sont ceux qui lisent leur facture d'eau ou savent la lire. Je rappelle que l'association que je préside favorable au retour en régie publique, s'est donnée pour tâche de mieux informer le public et de mieux comprendre les enjeux techniques et financiers. Le 26 janvier à 14 heures, les membres de notre association mais aussi ceux qui s'intéressent à la vie locale, pourront bénéficier d'une visite commentée de la station d'épuration de Léry-Val-de-Reuil par un cadre de la CASE.

J'ai été reçu, cette semaine, au Lycée des Fontenelles de Louviers par trois professeurs et une trentaine d'élèves de seconde. Les deux heures passées ensemble m'ont semblé bien courtes. Les élèves avaient fort heureusement préparé cette rencontre et les questions ont fusé. J'étais invité en tant qu'ancien journaliste à parler de la presse locale mais également de la presse télévisée et radiodiffusée. Comment pouvait-on éviter de commenter Internet et les réseaux sociaux, les infos de Wikileaks ? Une surprise, pourtant. J'ai l'habitude de demander aux élèves que je rencontre lesquels d'entre eux souhaitent devenir journaliste. Habituellement quatre à cinq mains se lèvent. Cette fois, seule Léa a levé la sienne. Et elle veut travailler dans la presse écrite. Je lui souhaite une belle et longue carrière aussi passionnante que la mienne.