24 décembre 2011

Grève des agents de sécurité des aéroports de Paris : la duplicité de l’État sarkozyste


La grève du personnel des sociétés de droit privé assurant les missions de sécurité pour le compte d’ADP – Aéroports de Paris –, fait depuis quelques jours la une des médias. Je ne reviendrai pas sur le principal argument du gouvernement, élément de langage fourni par l’Élysée, sur la prise en otage des voyageurs que constituerait cette grève et repris comme un leitmotiv par tous les ministres concernés. Mon ami Jean-Charles Houel a dit ce qu’il fallait penser de l’emploi de cette formule.
La décision dictée par l’Élysée de briser ce mouvement social en faisant appel aux forces de l’ordre pour se substituer au personnel gréviste constitue une atteinte sans précédent au droit de grève. Au point qu’une action en justice est enclenchée par les syndicats pour son caractère anticonstitutionnel.
Les sociétés qui emploient les personnels de sécurité pour remplir cette mission de service public qui était il y a encore peu du ressort exclusif de la police de l’air et des frontières, c’est-à-dire de l’État, déclarent ne pas être en mesure de répondre à la revendication salariale des grévistes, pour une augmentation mensuelle de 200 euros. Elles mettent en avant comme argument le fait qu’elles sont soumises au travers des conditions d’appels d’offres imposées par ADP, à une pression financière qui leur interdit de pouvoir proposer à leur personnel de meilleurs salaires.
Si tel est réellement le cas, il faudrait donc que le donneur d’ordres, ADP soit également présent autour de la table de négociations, ce à quoi ADP se refuse pour l’instant. Il convient donc alors de s’intéresser de plus près au statut de cette société. ADP, société de droit public entièrement aux mains de l’État depuis sa création, a été transformée en 2005, sous le gouvernement de Villepin, en société anonyme en vue de sa privatisation.
Or, l’État, toujours détenteur à lui seul de 52,1% des actions, en est toujours l’actionnaire majoritaire. C’est donc lui le principal responsable de la situation actuelle des personnels des sociétés de services sous-traitantes qu’il emploie. C’est lui qui, sans aucun état d’âme, se comporte comme n’importe quel actionnaire privé, exigeant pour ses actions un rendement maximum sans se soucier des répercussions que cette exigence impose aux salariés.
Cet État sarkozyste, dans cette affaire juge et partie, joue donc la partition la plus scélérate qui soit. Jean-Luc Mélenchon, en rendant aujourd’hui visite aux salariés en grève les a assurés du soutien du Front de Gauche. Il a proposé qu’une nouvelle répartition de la taxe aéroportuaire que paient les usagers soit étudiée afin qu’il soit mis fin à ces conditions indignes. Car pour espérer atteindre un salaire compris entre 1200 et 1400 euros mensuels, ils doivent enchaîner nuits, week-ends et jours fériés. Quelle famille monoparentale peut vivre en région parisienne avec un tel salaire ? Cela ne semble pourtant pas préoccuper outre mesure les médias qui cette semaine ont de loin préféré nous parler tous les jours des 800 000 euros mensuels offerts à M. Beckham pour venir taper dans un ballon à Paris.
Reynald Harlaut


Aucun commentaire: