28 novembre 2011

« Je te rejoins, il y faut du courage moral…»


Un lecteur assidu de ce blog nous écrit :
D'accord avec toi sur le constat, je crois que nous pouvons tous être d'accord, la lutte contre le crime organisé, mais aussi la simple délinquance, qui se livre à des violences qui s'affranchissent de toute moralité, de tout sens de l'honneur, de toute référence aux règles sociales, démocratiques ou républicaines est perdue d'avance si l'on refuse les moyens à la justice, la police et à l'éducation.
On peut s'inquiéter du fait d'apprendre les voies de fait de primo délinquants séniors, parfois très âgés. Ce ne sont plus les règles qui font défaut, mais le sentiment d'abandon, de pertes de repères et de misère galopante. Que dire des émeutes, elles ne sont pas nationales, elles fleurissent à travers la planète, et c'est le mal de vivre tout autant que la réclamation des droits qui font se mélanger dans une élan collectif des indignés, des démocrates, des sans voix, des chômeurs, des retraités, des jeunes désemparés et des hooligans.
Il y a un véritable mal de vivre qui s'installe dans toutes nos sociétés, et l'on n'apporte en réponse que des recettes éculées, des économies de plus en plus drastiques et un accroissement des inégalités de plus en plus flagrant. En corollaire des aspirations des peuples, on riposte par la violence, et chez nous, les services publics déjà sous pression constante, police, gendarmerie, justice, enseignants, personnels hospitaliers, pompiers, pôle emploi, et même services sociaux sont pris à partie par les habitants qui se trouvent délaissés et exclus.
Ce pacte républicain qui est à refonder, il ne passe sûrement pas par la menace au journal télévisée, comme tu le dis. Il ne passe pas par des lois bricolées pour réagir aux feux de l'actualité. Une enfant est tuée par un chien, et Michelle Alliot-Marie va au combat au 20 heures pour proposer une nouvelle loi aux lois déjà existantes dont les décrets d'application qui s'entassent sur une pile déjà débordante. Tous les faits divers entraînent aujourd'hui une réaction à chaud des politiques, qui ne prennent pas le temps de consulter leurs pairs, les institutions, justice, police, éducation, mais apportent une réponse émotionnelle.
On sait combien il a coûté à Voynet de n'être pas sur les lieux du naufrage de l'Erika, et depuis tous les ministres prennent leur pelle et leur seau, tout habillés de blanc pour faire un tour en hélicoptère au dessus des catastrophes. C'est le quotidien d'une politique spectacle : on ne recherche pas les solution efficaces et à long terme, on zappe.
Les solutions ne passent pas en tous cas par l'exclusion et un chômage qui s'accroît, et l'abandon des services publics. Qui va croire qu'il est plus économique à long terme d'entretenir un chômeur qu'un enseignant bien formé, ou qu'un policier sur le terrain ?
Les jeunes ont besoin d'une éducation rigoureuse, pas d'un plan de rigueur dans l'éducation.
Pour ceux qui ont décroché, est-il préférable de punir leurs familles pécuniairement, ou de leur offrir une autre chance d'intégrer un processus de formation qui leur permettra de décrocher un job ? Pour les chômeurs, que Pôle emploi peine à accueillir, n'ont-ils pas plus besoin d'une vraie formation que d'employer des méthodes punitives pour les radier de l'assurance et des statistiques ?
Dans l'actualité, nous constatons les changements successifs du président qui est contre le vote des étrangers dans les communes où ils vivent, travaillent et payent leurs impôts. Puis il estimera que oui ce serait une bonne chose pour l'intégration. Et puis de nouveau non. Ils n'ont qu'à choisir la nationalité française. Encore faudrait-il qu'on leur accorde !
On avait déjà eu le président de Copenhague qui allait partir à la lutte contre le dérèglement climatique, celui d'un grenelle ambitieux, jusqu'à ce que l'environnement, ça commence à bien faire.
En matière d'exclusion, on peut trouver la proposition de Franck Gilard, député de la droite pop dans la cinquième, qui propose ni plus ni moins une loi organique : "Le mandat de député et de sénateur est incompatible avec l'appartenance à un des statuts de la fonction publique". http://www.nosdeputes.fr/document/1143
Les bancs du Sénat seraient interdits à des chercheurs, des policiers, des membres de la magistrature, au motif qu'ils ont la possibilité de retrouver leur boulot après leur mandat ? On peut être chirurgien dans le privé, et continuer de travailler pendant sa mandature, ou être député et avocat d'affaires, mais pas, surtout pas d'un de ces fonctionnaires qui coûtent tant d'impôts. Ce n'est même plus de l'exclusion, c'est la division de la Nation.
Je ne peux avoir cette haine du service public, ayant appris à lire sur les bancs de l'école publique, étant protégé par la police, la gendarmerie et les pompiers, et ayant déjà eu à me faire convoyer par le SAMU pour me faire soigner à l'hôpital.
Alors je te rejoins. Il y faut du courage moral, de l'honnêteté intellectuelle et une vraie passion de la chose publique. Pas des gens qui veulent le pouvoir pour le garder ou pour en tirer des profits personnels. Il faut savoir conserver cette flamme, et la transmettre.
Il faut trouver des solutions durables pour le bien commun, pour mieux vivre ensemble, pour adapter notre société aux changements radicaux qui nous attendent. Des idées, il y en a. Il faut passer à l'application et même l'expérimentation. Il va falloir que les politiques et les citoyens bossent ensemble pour fabriquer les outils qui nous permettront de surmonter les crises. On ne se nourrit pas que de mots et de menaces.

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