6 octobre 2011

« La banque Dexia victime de la crise de l’euro »


« Surréaliste est le titre du Figaro du 5 octobre ! Vous avez bien lu « La banque Dexia victime de la crise de l’euro ». Victime : c'est-à-dire qu’elle subit les conséquences d’un accident ou d’un préjudice. Et forcément, derrière ce mot victime, il y a le non dit : la victime innocente.
Décidément, le Figaro est expert en matière de manipulation. Car si la banque franco-belge Dexia se retrouve aujourd’hui en si fâcheuse posture, il faut en fournir les raisons. Toutes les raisons. La banque Dexia fait partie de ces banques françaises et européennes qui, jusqu’à la crise des subprimes – ces emprunts pourris américains – de 2008, ont joué au casino de la finance internationale. Et ont perdu. Mais elles n’ont pas perdu seules. Car ces emprunts toxiques titrisés, elles se sont chargées de les disséminer auprès de leur clientèle. Et aussi de leur proposer des prêts à des taux alléchants indexés sur des valeurs exotiques comme le franc suisse, le yen ou des formules incompréhensibles, mais toujours spéculatives. La banque Dexia, un des principaux bailleurs de fonds des collectivités a mis nombre de communes dans des situations intenables. Grâce soit rendue à Michel Doucet, alors adjoint aux finances de Louviers, dont la clairvoyance permit de déjouer le piège ainsi tendu.
En Europe, Dexia a été un des acteurs majeurs responsables de la propagation de la crise américaine au reste du monde. Ce qui lui a une première fois valu le soutien des États afin qu’elle n’entraîne pas ses clients dans sa chute. Mais Dexia a menti en sous-estimant largement le montant de ses créances pourries. Elle a alors tenté de se refaire une santé en vendant ses actifs. Sans succès car la crise de 2008 a provoqué leur dévaluation qui s’est encore accélérée avec la crise de l’euro et des dettes souveraines.
Dexia paie donc aujourd’hui les conséquences de ses imprudences, de son aveuglement et de sa rapacité. Paie donc… C’est vite dit. Car il semble bien que son démantèlement va s’opérer avec le secours des pouvoirs publics : Caisse des Dépôts et Banque postale pour la France. C’est-à-dire qu’en dernier ressort, ce sont les contribuables qui épongeront la dette. Comme ce fut déjà le cas lors de la faillite du Crédit Lyonnais.
Privatiser les profits et socialiser les pertes. La formule fonctionne encore parfaitement et il semble même que cela ne fasse pas réellement réagir les peuples qu’on enfume avec des titres d’articles comme celui du Figaro. Jusqu’à quand vont-ils accepter de payer pour les erreurs et les fautes inexcusables des banquiers ? À peine remis en selle, ils ont repris leurs errements comme auparavant, se goinfrant de nouveau au passage de dividendes. À ce jour, mais hors de l’Europe, seuls les Islandais ont dit non… Et ne s’en portent pas plus mal. Mais Chut ! Ne le répétez pas. Il ne manquerait plus qu’ils fassent des émules. »
Reynald Harlaut
Front de Gauche


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