1 octobre 2010

« Pourquoi payer comme un malade quand je ne suis pas malade ? »

C’est le slogan de la campagne en cours organisée par un assureur dont nous tairons le nom afin de ne pas lui faire de publicité et qui fait ainsi la promotion de sa nouvelle assurance santé : « mon assurance santé comme je veux ».

On y voit en ville sur les affiches une femme du style bon chic bon genre tenir ce discours qui semble à première vue frappé au coin du bon sens.

À y regarder de plus près, cette phrase nous interpelle à plus d’un titre. D’abord par son populisme. Ce type d’affirmation, c’est du Sarkozy pur sucre. Cette forme d’évidence qui ne résiste pas à une analyse sérieuse, c’était par exemple « La France est un pays d’assistés » ou encore son inénarrable sortie sur la Princesse de Clèves. C’est en enfilant ces apparents truismes comme des perles qu’il s’est fait élire en 2007. Et le corollaire, cet effet boomerang, est le niveau record de désamour des Français auprès desquels il ne recueille plus que 26% d’opinions favorables au dernier sondage de popularité TNS-Sofrès.

Mais cette phrase nous interpelle aussi par les valeurs sous-tendues qu’elle défend. Contre le principe de solidarité, fondement même du pacte social mis en œuvre au lendemain de la Seconde Guerre mondiale par le Conseil national de la Résistance avec ce qu’il est convenu d’appeler l’État providence dont les piliers sont notre Sécurité sociale et notre système de retraites par répartition, l’affirmation que l’individualisme et l’égoïsme leurs sont bien préférables.

Avec la Sécurité sociale, certes si je suis en bonne santé, je cotise aujourd’hui pour les autres. Mais demain, quand je serai malade, ce seront les autres qui cotiseront pour moi. Eh bien non ! On veut faire croire au gogo qu’il a quelque chance de payer moins tout de suite parce qu’il est en bonne santé, mais on se garde bien de lui dire ce qu’il adviendra demain lorsqu’il sera sérieusement malade. Les compagnies d’assurances ne sont pas des œuvres philanthropiques. Nous savons tous les énormes difficultés que rencontrent les personnes atteintes de maladie lorsqu’elles recherchent un assureur susceptible de garantir un emprunt immobilier.

Après la défense des retraites, le prochain combat à mener va être celui de la Sécurité sociale. Avec cette publicité, nous constatons que les grandes manœuvres pour la privatisation de la santé, jusqu’à présent contenues dans l’ombre des cabinets ministériels, éclatent désormais au plein jour.

Reynald Harlaut
Parti de Gauche

Arnaud Montebourg écrit au président de TF1 : « vous devriez présenter des excuses à la France »

Monsieur le Président Directeur Général,
J'accuse volontiers réception de votre lettre reçue au Conseil général de Saône-et-Loire, le 20 septembre dernier, dans laquelle vous qualifiez "d'inadmissibles" les propos que j'ai pu tenir devant la caméra de Monsieur Pierre Caries, dans son film intitulé "Fin de concession".
Comme vous le savez, la chaîne que vous dirigez utilise à des fins commerciales le domaine public hertzien, propriété publique appartenant à la Nation toute entière, et dont la chaîne TF1 et ses actionnaires ne sont, aux termes de la loi, que les utilisateurs à titre précaire et les dépositaires fragiles et éphémères. Le regard libre et sans concession d'un représentant de la Nation sur le comportement d'une chaîne qui fait un usage contestable de ce bien public national, relève de ses devoirs politiques et moraux élémentaires.
La chaîne TF 1 n'a donc pas d'autre choix que d'accepter, quoi qu'il lui en coûte toute critique publique de ses agissements, puisque la télévision reste un bien collectif appartenant à tous les Français même si celle-ci s'exerce dans la forme de l'entreprise privée que vous présidez.
Est-il nécessaire de rappeler que l'actionnaire majoritaire et opérateur de la chaîne TF l, la Société Anonyme Bouygues, exploite une activité quasi exclusive de construction de bâtiments et de travaux publics, à travers des marchés publics, dans lesquels le pouvoir d'Etat et la diplomatie nationale disposent d'une influence avérée.
Les rapports de proximité politique entre les orientations éditoriales de TF 1 et le pouvoir actuel pose le problème dans une démocratie comme la nôtre, du respect du pluralisme et de la séparation des intérêts publics et privés, et les échanges de services et de bons procédés entre eux.

TF 1 dispose à ce sujet, en quelque sorte d'un long casier judiciaire, constitué de rappels à l'ordre et d'amendes pour violation des règles du pluralisme politique. Dernièrement, vous avez cru devoir donner la parole pendant plus de 2 heures au Président de la République, chef du parti majoritaire, à une heure de grande écoute, tout en ne permettant à la principale dirigeante de l'opposition de ne répliquer que pendant 4 minutes. Dernièrement encore, selon le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, au premier trimestre 2010, en cumulant TF 1 et LCI, votre chaîne d'information, vous avez offert 32 heures de temps de parole au Président de la République, au Gouvernement et à l'UMP, contre 8 heures à des membres de l'opposition. Il y a quelques temps déjà, Monsieur François Bayrou, lui-même, avait dénoncé au mois de janvier 2007, votre arrogance et votre mépris du pluralisme en ces termes: "Vous n’êtes pas les patrons de la France. Nous ne cèderons pas à votre matraquage."

La grossièreté des violations, la lourdeur des sanctions et la répétition des infractions depuis 15 ans, m'amènent à considérer que le comportement de la chaîne TF 1 que vous présidez relève du piétinement systématique de nos lois et règlements. A mes yeux, j'ajouterai que les journalistes de TF1, dont le professionnalisme est connu et louable, n'ont pas la responsabilité qui est la vôtre dans cet état de fait condamnable. Malgré ces comportements blâmables, TF 1 a néanmoins obtenu des gouvernements et des majorités parlementaires qui se sont succédées, de nombreux privilèges et avantages indus: assouplissement du dispositif anti concentration, renouvellement automatique de la concession sans mise en concurrence, droit à une deuxième coupure publicitaire dans les œuvres de fiction, introduction forcée sur la Télévision Numérique Terrestre qui a provoqué des réactions extrêmement vives de vos concurrents, et allègement substantiel et régulier des obligations contenues dans votre cahier des charges. Au point qu'il me paraît possible de faire observer que sur un bien pourtant public, TF1 exerce désormais un monopole privé, profitable et incontrôlable avec la complicité de l'Etat.

Puisque vous employez dans votre lettre le vocable "inadmissible" au sujet d'une phrase de ma part qui, semble-t-il, vous aurait froissé, ne pensez-vous pas que ce mot devrait plutôt s'adresser au comportement de l'entreprise que vous dirigez? Mais le plus grave n'est pas là. Sur le plan culturel, il faut rappeler les dégâts considérables que votre chaîne a provoqués sur la vision que les Français ont d'eux-mêmes et de notre société contemporaine. Je m'autoriserai à dire, comme il est légitime qu'un représentant de la Nation puisse le faire, que vous avez participé avec méthode et constance à l'appauvrissement de l'imaginaire collectif des Français.
Dans la semaine du 29 septembre au 5 octobre 2010, vous avez choisi de consacrer 41 heures 30 à des émissions liées à l'argent, soit des émissions de vente (télé shopping) ou à des jeux dont l'appât du gain est le moteur ("Une famille en or", "Les douze coups de minuit", "Koh Lanta", "Secret Story"). Les relations entre les hommes ne relèvent pas que de l'argent et une société ne pourra jamais se résumer à celui-ci. Pourtant, sur TF l, l'argent est malheureusement partout.

Les émissions où vous mettez en scène de façon artificielle la compétition acharnée et destructrice de la dignité, entre des êtres humains — jusqu'à leur faire manger des vers de terre — occupent cette semaine plus de 23 heures d'antenne (« Masterchief » "Koh Lanta"). Pourtant, les relations entre les humains peuvent être coopératives et non pas forcément conflictuelles, comme vous en conviendrez.

Enfin, je suis surpris par la contribution malheureusement décisive que TF1 a apportée à l'élévation du niveau de violence dans les œuvres de fiction diffusées. Le nombre de meurtres, de viols, et de violences physiques a acquis en 15 ans une importance démesurée dans les programmes de votre chaîne. En somme, les valeurs dominantes que vous diffusez et transmettez dans la société française ne seraient-elles pas celles de l'argent et de la cupidité, de la compétition acharnée et du conflit, de la violence et du règlement de comptes ?

En 1987, la société Bouygues avait obtenu le droit de racheter TF1 en faisant valoir un prétendu "mieux disant culturel". Votre illustre prédécesseur, Monsieur Patrick Le Lay, déclara presque 20 ans plus tard, "ce que NOUS vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible". Je me souviens que quelques jours après cette déclaration en forme d'aveu, la Société des Compositeurs et Auteurs déclarait: "Les propos tenus par le président de TF1 témoignent du niveau de dégradation que peut atteindre la télévision, le signe du cynisme, du mépris et de l'arrogance" .
Je brise là une énumération éprouvante, pour tous ceux qui ont une meilleure idée de ce que mérite la France. Mais vous conviendrez qu'il n'est pas illégitime de penser que votre chaîne porte une responsabilité considérable dans la dégradation à la fois du niveau du débat démocratique français, mais également de la représentation que les Français peuvent avoir d'eux-mêmes.

Puisque vous vous hasardiez dans votre lettre à évoquer la question des excuses, je me permets de vous dire avec une sincérité dont je ne voudrais pas abuser, que s'il est des excuses à présenter, je crois que c'est plutôt TF 1 qui devrait les présenter à la France.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président Directeur Général, en l'assurance de ma considération distinguée.

Arnaud MONTEBOURG
Député de Saône-et-Loire

Courage et dévouement, action et engagement…

Courage et dévouement, telle est la devise des pompiers, qu'ils soient volontaires ou professionnels. Du courage il en faut pour intervenir sur des accidents dramatiques, pour éteindre des feux compliqués et dangereux ou pour supporter des agressions totalement injustes. Du dévouement, il ne faut pas en manquer quand il y a nécessité de se former, de s'entraîner, de travailler nuit et jour au service de sa passion et des autres.

Pompier, voilà un beau métier, un bel engagement. Heureusement, les pompiers ne sont pas les seuls à jouer cette partition. Les médecins, les infirmières, les aides-soignants, les musiciens, les artistes, les travailleurs de nuit, tous ceux et toutes celles qui font preuve de compassion, de sollicitude, voire de désintéressement…tous ceux-là méritent un coup de chapeau et une forme de reconnaissance collective.

Les hommes et les femmes politiques sont, pour la plupart, de cette trempe là. Ils ne comptent ni leur temps, ni leur peine afin d'accroître les équipements publics, d'améliorer les services rendus aux groupes et aux personnes. Mais il s'agit souvent d'un travail de l'ombre, sans tapage ni photo, dont l'objectif est simple : servir la population et notamment ceux et celles qui en ont le plus besoin.

Ce portrait correspond bien à Leslie Cléret. Cette femme d'honneur est une femme engagée. Elle ne pratique pas la langue de bois, ne court pas après les médailles ou les titres, elle travaille à la réussite des projets de la majorité du conseil général. C'est grâce à des gens comme elle, conseillère générale à temps plein et à efficacité totale, que le département présidé par Jean-Louis Destans est devenu ce qu'il est : Un département qui bouge et qui réalise !

Lors du vote en section PS hier soir, Leslie Cléret a été élue avec 100 % des suffrages. Elle était la seule candidate de la section PS à se présenter à la candidature. Pourquoi ? Parce que chaque militant connaît son honnêteté, sa fidélité, sa loyauté, sa force de caractère. Présidente de la commission de l'action sociale puis présidente de la commission habitat au conseil général, ses buts ont toujours été les mêmes : utiliser au mieux des moyens financiers pour appliquer la politique définie par la majorité de gauche du conseil général.

En ces temps troublés où on ne sait plus très bien qui est de droite, du centre, du centre droit, du centre gauche, Leslie Cléret, elle, sait où se situer : bien à gauche au sein d'une gauche qui n'hésite pas agir contre la crise, contre le libéralisme, contre les méfaits de la politique sarkozyste. Elle « propose un autre modèle de société qui soit moins dur, plus solidaire et plus juste »,

Cette campagne électorale cantonale s'ouvre à peine. Mais déjà, on sent bien que certains ou certaines vont tenter de biaiser…préférant jouer sur l'affectif et l'émotionnel. Dans une campagne électorale, s'il est nécessaire d'affirmer ce qu'on fera, il est néanmoins indispensable de dire qui ont est et qui on soutiendra pour diriger l'assemblée départementale. Annoncer la couleur, c'est vital. Par respect des électeurs. Et par respect de soi-même.

Les Chinois aussi sont de gros farceurs

« Il serait surprenant, vu son succès, que vous n'ayez pas entendu parler de cette vidéo (diffusée sur ce blog) On y voit un journaliste interroger un invité, le professeur "Kuing Yamang". Et ce futur prix Nobel d'économie a une vision quelque peu décapante de la France, si l'on en croit les sous-titres...

Seul problème, il s'agit d'un faux ! Et son auteur, un certain Yann C., ne s'en est jamais caché, à tel point que nous n'avons eu aucun mal à l'interroger. Voyons, en sa compagnie, ce qui aurait dû vous mettre la puce à l'oreille.

D'abord, le nom du soi-disant professeur, visiblement calqué sur celui d'un célèbre gâteau breton. Yann confirme : "je parlais du gâteau Kouign Amann peu de temps avant de lui trouver un nom, j'ai donc "chinoisé" en changeant un peu et en mettant des "g" à la fin. Je précise donc aussi que si j'avais voulu que ce soit pris pour une vraie interview, j'aurais gardé le nom de Monsieur Wu Jianmin (en violet dans la vidéo)."

Ensuite, le décor. Pourquoi parler de la France avec de magnifiques vases chinois en arrière-plan ? Pour suggérer que le Français moyen n'a pas plus de cervelle qu'une cruche ? Ne serait-ce pas plutôt le signe que les deux hommes parlent de tout autre chose que d'économie ?

Enfin, les sous-titres. Rien ne prouve qu'ils soient exacts, et en effet ils ne le sont pas. Il suffit de poser la question à un vénérable professeur de chinois (Chong QI du CRLAO) pour qu'il vous réponde : "il s'agit bien d'une plaisanterie. La traduction sous titrée est complètement fausse." De nombreux internautes sinophiles l'avaient d'ailleurs remarqué.

Dès lors, la conclusion s'impose : le faussaire a pris une vidéo sur le Net, l'a remontée pour faire disparaître les passages qui pouvaient desservir son propos et a rajouté des sous-titres fantaisistes. Ce genre de pratique n'est pas neuf, même si Yann C. ne revendique aucune influence particulière.

Mais pourquoi se livrer à une telle plaisanterie ? Quand on lui pose la question, l'auteur du fake répond : "j'ai juste fait ça pour déconner et accessoirement faire passer certaines idées que je partage avec des potes". Lesquelles ? Notre faussaire explique : "j'ai des idées libérales". Trop d'impôts, trop de fonctionnaires, trop d'aides sociales, trop de fainéants... Tous les classiques du genre y passent en effet, sous une forme qui peut paraître indigne d'un professeur d'économie, même né dans le Thatcheristan... Il reconnaît d'ailleurs qu'il y a là "juste des idées en vrac que mes oreilles ont captées au café du Commerce", mais il estime que c'était nécessaire pour obtenir une efficacité digne d'une bonne publicité : "j'ai juste voulu faire simple avec un texte simple et des idées qui percutent sans trop non plus rentrer dans les détails techniques et/ou économiques, il fallait quelque chose avec une lecture simple et accessible à tous." Ce qui a fonctionné, peut-être même un peu trop.

Quid donc des dommages collatéraux ? Par exemple, ce faux ne risque-t-il pas de compromettre les relations franco-chinoises, en présentant des Chinois arrogants envers la Vieille Europe ? Le hoaxer s'en défend : "personnellement je les trouve plutôt sympathiques dans cette vidéo, même s'ils sont moqueurs et quelque peu sarcastiques". Et il ajoute : "ceux qui voient de méchants Chinois là-dedans sont les mêmes qui disent qu'ils nous envahissent, qu'ils tuent plein de bébés ou qu'ils passent leur vie à manger du chien... Les xénophobes sont de toute façon incurables et ils trouveront toujours des défauts chez les étrangers là où il n'y en a pas. Et puis on n'est pas chez les Bisounours, personnellement je pense que certains Chinois pensent ça de nous, maintenant le débat peut s'ouvrir sur le fait qu'ils ont raison ou non."

Bon, mais quid des milliers d'Internaute qui se sont fait abuser ? Yann avoue avoir sous-estimé les réactions qu'allait entraîner sa vidéo : "sincèrement, je ne pensais vraiment pas qu'autant de gens le prendraient pour argent comptant et au premier degré, je suis surpris par la crédulité et la naïveté des gens. De plus je ne pensais pas que ça ferait si vite ces scores d'audience, mais bon. J'ai dit qu'à 1 million sur Youtube, je l'enverrai à nos décideurs". Voilà, vous savez maintenant quel sera le cadeau de Noël de Nicolas...
Info suite - 24 juin 2010

Ce hoax prenant des proportions inattendues, l'auteur du fake nous a demandé de retirer son nom de l'article afin de protéger son anonymat. »
http://www.hoaxbuster.com/hoaxliste/hoax.php?idArticle=84504

30 septembre 2010

"La contrefaçon" par M. Marc-Antoine Jamet le samedi 9 octobre à 16 heures

"La contrefaçon" par M. Marc-Antoine Jamet, secrétaire général du groupe LVMH, ancien président de l'Union des Fabricants, vice-président du conseil régional de Haute-Normandie, maire de Val-de-Reuil.
Marc-Antoine Jamet donnera sa conférence le samedi 9 octobre 2010, à 16 heures, dans la salle Pierre Mendès France, à la mairie de Louviers.

« La contrefaçon consiste à reproduire ou imiter un objet sans en avoir le droit et en laissant croire que cette copie est authentique. C'est un sujet d'actualité, car avec la mondialisation et l'utilisation de l'internet, elle n'a cessé d'augmenter au cours de ces dernières années et touche de plus en plus de domaines, des vêtements de marque et accessoires de luxe jusqu'aux médicaments. Marc-Antoine Jamet, secrétaire général du groupe LVMH et président de l'Union des fabricants, est, en raison de ses activités professionnelles, l'un des meilleurs experts de ce problème. Quelles formes prend la contrefaçon? Quels en sont les risques et les dangers? Quelles solutions peut-on mettre en œuvre pour y remédier? Ce sont toutes ces questions qu'il abordera lors de la conférence. »

29 septembre 2010

Le déclin de la France et le syndrome du larbin expliqués par le profess...



Quand j'ai entendu les propos de l'éminent professeur, j'ai cru à une blague. Et pourtant, ce n'en est pas une !

L'eau ne doit plus être une marchandise


Jean-Luc Touly (1) est l’auteur de « l’eau des multinationales, les vérités inavouables » (Fayard) licencié il y a 5 ans par Veolia, il vient d’être réintégré après une décision du conseil d'Etat. Retour sur une belle victoire.

-Pourquoi Veolia avait donc voulu ta peau ?
J’ai été viré pour avoir dénoncé les drôles de relations que tisse cette multinationale. Cadre et syndicaliste CGT, j'avais d’abord cherché à défendre l’indépendance de mon syndicat tout en militant contre l’augmentation des prix et des bénéfices sur l'eau, et aussi pour le retour en régie des contrats venant à échéance. Mais peu à peu je me suis retrouvé affaibli à l'intérieur de la CGT.

Comment Veolia avait fait pour te débarquer ?
En 2003, mon premier livre va m’amener deux procédures en diffamation de la part de Veolia et deux autres de la part de la CGT Veolia et de la Fédé CGT des services publics.
En parallèle, deux procédures de licenciement pour fautes graves vont finir par un licenciement en mars 2006 avec l'autorisation du ministre du travail Larcher, qui n’a d’ailleurs même pas pris la peine de le motiver.

Tu viens d'être réintégré ? Comment cette victoire a-t-elle été obtenue ?
J’ai en effet retrouvé mon ancienne agence début septembre. Cela fait suite à deux recours : au Tribunal Administratif, puis à la Cour d'Appel de Paris. Ma réintégration est un solide point d'appui pour obtenir celle des deux derniers de mes cinq camarades syndicalistes licenciés, tous FO d’ailleurs, qui ont comme moi eu le tort de prendre leur mandat au sérieux : Stéphane Connan et Christophe Mongermont. Christophe, licencié depuis 6 ans, est toujours le secrétaire général de FO chez Véolia eau. Face à l’intimidation généralisée, les réintégrations sont un encouragement formidable. Même si la direction joue sa dernière carte, avec un recours au Conseil d’Etat qui statuera dans 2 ou 3 ans, mais en attendant elle a été obligée de me réintégrer, et on ne va pas bouder notre plaisir.

Comment ça se passe pour toi dans l’entreprise ?

Pour l'instant, ça va. On m'a confié des tâches qui ne sont pas trop importantes, comme la gestion des fontaines publiques, mais on ne peut pas dire que je sois au placard

Le fait que tu ais été élu conseiller régional « Europe écologie » a-t-il joué ?

Je suppose plus largement que le fait que je commence à être connu finit par produire certains effets, mais c’est difficile à estimer. Pour la petite histoire, j’avais auparavant été élu maire-adjoint chargé de l'environnement à Wissous (91), puis mon maire PS m’a retiré mes délégations ! Certaines vérités dérangent, à bien des niveaux et dans les milieux les plus divers.

Où en est la bataille contre la privatisation de l'eau ?

En France, 80% du service de l'eau est délégué au privé. Mais les trois géants qui se partagent le gâteau (VEOLIA, ONDEO, et SAUR) sont confrontés à un mouvement de fond : des centaines de collectifs agissent pour la gestion publique, et de ce fait le mouvement des collectivités qui ne renouvellent pas ou rompent les contrats grossit à vue d’œil : ainsi, après Paris ou Brest, Rouen revient en régie, avec comme partout une baisse de tarif d’environ 20%, un meilleur entretien du réseau et un moindre gaspillage.

L'Association pour le Contrat Mondial de l'Eau (ACME), que tu animes avec Danielle Mitterrand, fait partie des initiateurs de la « coordination pour un forum social de l'eau ». De quoi s'agit-il ?
Il s’agit de commencer à construire un Forum alternatif pour riposter au battage médiatique et étatique qui entourera le Forum mondial de Marseille de mars 2012. Il s’agit là d’un Forum business organisé par le Conseil Mondial de l'Eau, organisme sans légitimité aux mains des dirigeants d'entreprises privées du secteur. Or la crise écologique ne nous laisse guère de temps : réchauffement climatique, pollution, à ce rythme, d’ici 25 ans la moitié des réserves mondiales aura disparu. Dans 51 pays, il y a des risques de guerre pour l'eau. Cette dégradation mondialisée se fait sous l’égide de l'OMC, et 1,5 milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable, 2,6 milliards de personnes n'ont pas accès à un service d'assainissement, le manque d'eau potable est la première cause de mortalité dans le monde. Il est indispensable d’obtenir la reconnaissance de l'accès à l'eau comme un droit humain. L’eau est en effet un bien commun qui ne doit pas être considérée comme une marchandise, et doit donc faire l’objet d’une une gestion publique, démocratique et transparente.

Propos recueillis par Pierre Vandevoorde et reproduits sur ce blog avec son aimable autorisation avant parution dans l'hebdomadaire du NPA.


(1) Jean-Luc Touly sera dans la région prochainement avec Danielle Mitterrand. Nous en reparlerons.

28 septembre 2010

Les abeilles ne veulent pas des OGM : signez la pétition !

La Commission Européenne vient d'autoriser l'entrée et la culture d'OGM en Europe, contre le souhait de bien des citoyens, et contre l'avis de plusieurs États Membres. La gouvernance européenne nous permet de déposer une demande officielle auprès de la Commission, pour peu qu'elle soit soutenue par un minimum de *1 million* de citoyens européens. Aujourd'hui, et après 1 mois d'action, Avaaz a réussi à rassembler près de 900.000 signatures.

Il manque 100 000 signatures sur 1 million pour pouvoir déposer une demande auprès de la Commission européenne. S'il vous plaît, faites suivre au maximum de personnes de vos carnets d'adresses. Merci à tous et à toutes.

Voici le lien vers la pétition : ça vous prendra 30 secondes et nous laissera peut-être une chance d'obtenir un moratoire au niveau européen, et d'éviter l'entrée massive en Europe de cultures invasives (elles menacent la biodiversité), potentiellement nocives pour notre santé (de nombreux avis médicaux mettent en garde contre les conséquences de la consommation d'OGM), potentiellement dangereuses pour l'indépendance économique des agriculteurs (les semences sont chères car brevetées, doivent être rachetées chaque année, et demandent l'utilisation de produits spéciaux disponibles uniquement chez les semenciers), et polluantes (ces cultures nécessitent l'utilisation d'énormément de produits chimiques).

https://secure.avaaz.org/fr/eu_health_and_biodiversity

Et surtout, si vous soutenez cette initiative, faites passer le message.

François Loncle : « jamais l'image de la France n'a été autant dégradée sur le plan international »

François Loncle est accueilli au Bundestag à Berlin par un membre du SPD. (photo JCH)

La section de Louviers du Parti socialiste a de la chance. Elle possède, parmi ses membres, l'ancien président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale et l'un des co-auteurs du texte consacré à l'international qui sera bientôt soumis au vote des militants socialistes.
Ainsi, François Loncle a planché, ce lundi, devant notre section lovérienne pour lui présenter la synthèse du numéro spécial de l'hebdo intitulée « la nouvelle donne internationale et européenne. » En introduction, le député de Louviers a souligné que depuis novembre 1989, date de la chute du mur de Berlin, aucun document réservé à la politique internationale n'avait été édité par le PS. Martine Aubry a tenu, avec juste raison, à consacrer une convention nationale à se sujet très important puisque la mondialisation lie évidemment politiques intérieure et extérieure.

Jamais, assure François Loncle, l'image de la France n'a été aussi dégradée, jamais son rôle n'a été autant critiqué. Le responsable en est Nicolas Sarkozy. Les cinq présidents de la 5e République avant lui — de Gaulle, Pompidou, Giscard, Chirac et Mitterrand — quelle que soit leur couleur, avaient réussi à conserver à la France une certaine influence sur le cours de la politique mondiale. Patrie des droits de l'homme, notre pays était écouté et respecté.

Il n'est qu'à lire la presse internationale aujourd'hui pour se rendre compte des dégâts commis par l'actuel président et son entourage (MM. Guéant, Levitte) alors même que le ministre Kouchner n'est qu'un ministre d'opérette. Si la Gauche gagne en 2012, il lui faudra entreprendre un travail profond de reconquête de crédibilité et d'équilibre. « Bien sûr, affirme François Loncle, notre difficulté à surmonter le dilemme droits de l'homme et real-politique n'est pas une mince affaire. Notre texte ne l'élude pas. »

D'ici 2012 les points chauds seront-ils identiques à ceux de 2010 : la résolution du conflit israélo-palestinien (dans lequel l'Europe est absente) la guerre d'Afghanistan (le PS préconise un retrait des troupes françaises) l'Iran et la prolifération nucléaire…sans oublier la guerre des grands lacs et sans omettre l'influence grandissante de la Chine, du Brésil, de l'Inde…

L'élargissement de l'Europe à la Turquie interroge de nombreux socialistes. Certains sont hostiles à voir ce pays adhérer à l'Union européenne, d'autres, au contraire, considèrent que cette grande nation a sa place dans l'Europe et qu'il est géopolitiquement important de l'arrimer aux démocraties occidentales : « Depuis 1945, constate François Loncle, la guerre a été absente de l'Europe unie. » C'est d'ailleurs l'apport essentiel de la construction européenne due, pendant longtemps, à l'axe franco-allemand si malmené par notre président.

Il y avait un autre sujet à l'ordre du jour de la section PS : les cantonales dans le canton nord de Louviers en mars 2011. Nous avons appris, sans surprise, que Leslie Cléret (conseillère générale sortante) était la seule candidate à la candidature et que par conséquent, elle aura 100 % de chances d'être désignée pour conserver ce siège à la Gauche et conforter la majorité de Jean-Louis Destans. Nous y reviendrons prochainement. Mais déjà, on peut affirmer que les ragots propagés sur certains blogs n'avaient aucun fondement. Ce qui n'est pas pour nous surprendre.

27 septembre 2010

Affaire Woerth : un juge d'instruction devrait être désigné

A de nombreuses reprises, sur ce blog, j'ai souhaité la désignation d'un juge d'instruction dans ce qu'on appelle maintenant l'affaire Woerth. Depuis les révélations du site Médiapart (1) bien utiles à la manifestation de la vérité, il est plus qu'évident que le juge Courroye, ami du pouvoir, ne pouvait être le seul à démêler l'écheveau des différents conflits d'intérêts potentiels.

Le procureur général Nadal a indiqué, aujourd'hui, qu'il devenait indispensable de désigner un juge d'instruction qui permettra à toutes les parties d'avoir accès au dossier et ainsi de rendre contradictoire une enquête actuellement très secrète puisque dans les mains exclusives du parquet. Si Mme Prévost-Desprez avait la possibilité de mener ses investigations dans le soupçon d'abus de faiblesse (2) de Liliane Bettencourt, elle n'était pas saisie des turpitudes d'Eric Woerth.

C'est bien un lundi noir pour le président de la République et un membre éminent de son gouvernement. N'oublions pas que le juge Courroye avait indiqué à Nicolas Sarkozy et à la famille Bettencourt qu'il serait impossible d'instruire le dossier d'abus de faiblesse en l'absence d'avis médical circonstancié. Les événements à venir vont certainement lui donner tort ce qui serait une victoire de la justice sans préjuger de ses conclusions.

L'ancien trésorier de l'UMP, toujours ministre du travail, devra encore supporter le poids de sa charge pendant quelques semaines puisque le remaniement gouvernemental n'interviendrait qu'à la mi-décembre. D'ici là, le Sénat et l'Assemblée nationale, à nouveau, auront examiné le projet de loi sur l'âge de la retraite et la durée de cotisation. Rien ne dit que le ministre sera aussi « apaisé et serein » qu'il feint de l'être.

(1) En insultant les journalistes de Médiapart, M. Pflimlin a eu grand tort. Ces journalistes ont fait très correctement leur métier et s'ils ont diffusé le contenu des bandes enregistrées « illégalement » chez Mme Bettencourt, c'est parce qu'ils avaient la conviction, d'ailleurs reconnue par la justice, qu'il concourait à étayer certaines affirmations et éclairer certains faits.
(2) Un médecin convoqué par la police a détruit le dossier médical de Liliane Bettencourt qu'il avait en sa possession. Evidemment, ce médecin avait conclu à la pleine forme de Mme Bettencourt et niait l'abus de faiblesse. Il devra en répondre devant le conseil de l'Ordre et peut-être aussi devant un juge.

26 septembre 2010

Les plans d’austérité sont voués à l’échec – 2/2

« En Europe, face à la compétition féroce puis à la crise, les égoïsmes nationaux ont pris le pas sur les initiatives de l’Union européenne. La surenchère à laquelle se livrent les différents pays dans la course aux plans d’austérité n’a d’autre objectif que d’exacerber la compétition entre eux et d’offrir « au marché » le profil le plus profitable donc susceptible de recueillir la meilleure note au détriment des voisins. Là où l’Europe prendrait tout son sens en s’unissant contre la crise, l’Union européenne n’est plus qu’un rassemblement informe d’intérêts particuliers. Ceux des différents États qui la composent, quand ce n’est pas directement ceux des banques et des entreprises multinationales qui la conseillent avec beaucoup de persuasion.

Ces plans d’austérité imposés par le FMI, en n’abordant les problèmes économiques que de manière purement comptable, ne tiennent aucun compte des populations qu’ils malmènent sans autres raisons que celles précédemment énoncées. Jean-Luc Mélenchon poursuit : « Partout où ces plans d’austérité ont été mis en œuvre, en Lettonie, en Estonie, en Hongrie, en Bulgarie, les résultats sont catastrophiques. Ils ont déjà provoqué en quelques mois, alors qu’ils n’en sont qu’à leur début, une contraction vertigineuse de l’économie dépassant les 20% pour les deux premiers pays cités. Pour la Grèce, c’est surréaliste : le plan du FMI prévoit déjà qu’en 2015, en dépit des mesures déjà prises, et compte tenu du poids croissant de la dette lié à la dégradation de sa note, la situation sera pire qu’elle n’est actuellement ».

On en revient à nouveau à la question de la répartition des richesses créées, et aux choix politiques qu’elle sous-tend. Ou, comme c’est actuellement le cas dans le système libéral et avec les plans d’austérité du FMI, on ne cherche qu’à protéger le capital et les dividendes, ou l’on décide d’un nouveau partage des richesses produites en augmentant les salaires, donc la consommation et les rentrées fiscales.

Comment faire alors pour réduire l’endettement public qui ne peut éternellement augmenter ou pour relancer la demande ? Quelles solutions apporter à la crise actuelle ? « D’abord, - dit Jean-Luc Mélenchon –, on ne se satisfaire d’une économie réduite à un exercice comptable. L’économie n’est pas une finalité, mais un moyen. Le but à atteindre c’est de vivre le mieux possible en société. Et faire cela, c’est faire de la politique ».

« Nous avons à relever deux défis majeurs en ce début de XXIème siècle. Le premier c’est celui qui nous confronte en tant qu’êtres humains aux conséquences du désastre écologique que nous avons-nous-mêmes provoqué. Pour cela, il nous faut sans attendre organiser une bifurcation du modèle économique, et sans entrer dans les détails, sur le plan des énergies, il nous faut passer des énergies fossiles : pétrole, gaz, ou dangereuses : nucléaire, aux énergies propres et renouvelables. Le second est celui de nourrir l’ensemble de la population de la planète et revoir le modèle agricole productiviste mondial qui a pour conséquence que notre pays, par exemple, pourtant très gros exportateur, ne dispose plus aujourd’hui de sa souveraineté alimentaire. On peut étendre la réflexion à d’autres domaines. Par exemple, nous Français, avons besoin d’avoir une population très éduquée, puisque que ne disposant d’aucune rente liée à une ressource naturelle, notre principale richesse est notre matière grise. Nous avons donc besoin de faire un énorme effort d’éducation, et c’est le contraire qui se fait actuellement lorsqu’on supprime des postes dans l’Éducation nationale ou qu’on réduit le nombre des chercheurs et les crédits qu’on met à leur disposition ».

Quel est aujourd’hui le constat de la situation ? « Nous sommes en présence d’un État que la Droite a mis en lambeaux. Dans de nombreux secteurs d’intérêt général, l’État a disparu. Il faut à présent reconstruire un État fort, efficace, intervenant, stratège. Depuis vingt ans, les libéraux ont entretenu l’illusion que partout où l’on pouvait remplacer l’État par des entreprises privées, le service rendu serait de meilleure qualité et moins cher. Ce qui est totalement faux. Les exemples ne manquent pas ».

Comment alors, par exemple, pourrait réagir un État confronté au marché qui lui imposerait un renchérissement du crédit par des taux prohibitifs ? « Lorsqu’on est un gouvernement responsable, on se préoccupe de défendre sa population et non les banquiers. Avec nos camarades du Front de Gauche, nous n’avons jamais imaginé faire ce que M. Georges Papandréou, Premier ministre grec, président de l’Internationale socialiste, a fait. Se plier au premier coup de semonce envoyé par Bruxelles ou par le FMI et injurier comme il l’a fait de Londres et de Berlin, sa propre population. Si le système financier nous agressait, nous répondrions coup pour coup. On n’analyserait pas cela comme étant un coup du sort. Nous ne nous laisserions pas dépouiller sans réagir d’une main de fer. Il n’est pas envisageable un seul instant que les marchés et les institutions financières aient le dernier mot contre la République française ».

Comment faire ?

« La première mesure à prendre est d’abolir la disposition actuelle selon laquelle pour emprunter de l’argent, l’État est obligé de s’adresser aux banques et autres organismes financiers et d’aller chercher des fonds sur le marché. Et pour cela, d’une part, la Banque centrale européenne (BCE) ne doit plus avoir comme seul et unique objectif la stabilité des prix et d’autre part, elle doit pouvoir prêter directement aux États membres. La BCE doit pouvoir prêter aux États au même taux de 1% qu’elle prête aux banques, qui elles, le proposent aux États à 3%, 4%, voir plus. Et rien que cela représente une économie de plusieurs dizaines de milliards d’euros pour l’État ».

« La seconde mesure à prendre concerne la participation des banques au développement. Lors de la crise, et pour les sauver, le Gouvernement leur a prêté les fonds dont elles avaient besoin sans aucune contrepartie sinon un vague engagement moral à prêter davantage à l’économie réelle, c’est-à-dire aux entreprises. Non seulement elles n’ont rien fait de cela, gardant ces sommes pour reconstituer leurs marges, mais plus fort encore, pour la première fois depuis vingt ans, le total des encours de 2009 a diminué. Il faut donc les obliger à financer l’économie réelle. Et si elles ne cèdent pas à cette obligation, l’État, en dernier ressort, doit recourir auprès des banques à l’emprunt forcé à taux réduit, quand bien même cela ferait-il se dresser les cheveux sur la tête des libéraux. Et pour mettre cet argent à disposition de l’économie réelle, il faut disposer d’un grand pôle financier public ».

Mais comment pourrait-on changer le règlement de la BCE et obtenir pour cela l’accord des 27 pays membres de l’Union ? Cela paraît impossible. « Dans la réalité, cela peut aller très vite. Nous disposons toujours de la Banque de France et de son savoir-faire, en cas de besoin. Devrions-nous baisser les bras, soumis à un accord signé il y a dix ans – le Traité de Maastricht –, contre lequel était alors la moitié de la population ? Et au Traité de Lisbonne, copie conforme du Traité constitutionnel européen auquel les Français ont dit non ? Il faudrait réinterroger les Français et leur offrir la possibilité de renégocier un accord incompatible avec la politique en faveur de laquelle ils se seraient prononcés. Dans la construction européenne telle qu’elle a été développée, la France n’a pas été dissoute et reste par conséquent puissance souveraine avec un peuple souverain. Si donc elle était menacée par la finance internationale, elle aurait le droit de se défendre. De la même façon que, si elle était agressée militairement, elle n’irait pas demander à MM. Barroso ou Van Rompuy, ou encore à la baronne Ashton, le droit de se défendre. Si la finance internationale attaque la France, nous sommes en état de légitime défense. Et nous serions alors amenés à proposer aux pays membres de négocier le changement le statut de la BCE, et en cas de refus, de mettre la France en état de cessation de paiement de sa contribution à l’Europe puisque la France reste contributeur net, c’est-à-dire qu’elle verse plus qu’elle ne reçoit. Cela pourrait être de nature à faire réfléchir tout le monde. Pourquoi la France, bientôt le premier pays d’Europe en population, le second par sa superficie et l’un des plus riches, serait-elle forcée de se coucher devant le diktat de la finance internationale associée à l’Union européenne ? »

L’intérêt de la France est de clamer haut et fort qu’elle ne se laissera pas faire.

Mais de quels moyens disposerait le pays pour qu’un gouvernement vraiment de gauche l’engage dans les réformes dont il a été précédemment question ? Cela ne demanderait t-il des moyens financiers considérables, hors de portée ?

« La France est un pays riche, nous l’avons dit. Il suffirait que l’équilibre entre la part des richesses créées dévolue au capital et celle dévolue au travail, c’est-à-dire aux salariés, redevienne ce qu’il était il y a encore vingt ans. Il faut, en période de crise, que chaque Français contribue en regard de ses moyens, ce qui sous-tend de revoir la fiscalité telle qu’elle s’établit actuellement. Et de ne plus seulement faire porter les efforts sur le peuple, mais aussi sur les gros portefeuilles. À partir de cela, ceux qui ne sont pas contents peuvent s’en aller. Ils vont fuir la France. Que leur répondre ? Eh bien, je leur dis au-revoir ! Qu’ils s’en aillent ! La vraie richesse ce pays, elle est dans son peuple. Ce sont les conditions matérielles, réelles. Vous ne partez pas avec une usine sous le bras. Cela ne marche seulement que lorsque qu’on vous laisse déménager les machines. Mais sinon, les travailleurs et leur savoir-faire, il est là. Il ne faut pas se laisser intimider par des menaces de cet ordre. Selon M. Patrick Artus de la société Natixis, si l’on taxait aujourd’hui les revenus du capital comme on taxe le travail, ce qui n’est pas une hypothèse déraisonnable, il rentrerait environ 100 milliards d’euros par an dans les caisses de l’État. Ce sont là les 10% qu’il manque dans la répartition des richesses au détriment du travail.

Ce qui est difficile à faire passer, c’est de faire admettre aux possédants que c’est leur tour de payer. Mais cela, c’est la question du rapport de forces qui repose sur le vote des citoyens. Si les citoyens le veulent, s’ils le décident, alors, ils méritent d’avoir un gouvernement qui le fasse. S’ils votent pour un gouvernement de Front de Gauche, cela sera fait ».

Reynald Harlaut
Parti de Gauche