10 juillet 2010

Vite, vite, un juge d'instruction dans les affaires Bettencourt-Woerth

« Je dîne avec qui je veux ». Cette déclaration de Philippe Courroye, procureur de la République de Nanterre, a été faite après qu'on avait appris qu'il avait passé une soirée amicale avec Nicolas Sarkozy, président du conseil supérieur de la magistrature, lequel avait émis un avis négatif (non suivi par le président) à sa nomination dans les Hauts-de-Seine. Les liens entre M. Courroye et le président de la République sont donc d'une intimité certaine.

Or, il se trouve que M. Philippe Courroye est celui qui vient de déclencher les enquêtes préliminaires dans les affaires Bettencourt-Woerth suite à la publication de certains extraits de bandes enregistrées par le majordome de Mme Liliane Bettencourt. Autrement dit, le parquet, autrement dit les ministres de la Justice et de l'Intérieur (1) ont la haute main sur les enquêtes, les auditions, les témoignages, les perquisitions sans que les personnes entendues ou mises en cause aient la possibilité de se faire assister d'un avocat ou d'avoir accès au dossier. Il se peut que les affaires soient classées sans suite et ne puissent faire l'objet d'un appel.

On comprend mieux pourquoi le président de la République est un chaud partisan de la suppression du juge d'instruction. Si les procureurs conduisent les enquêtent (sous l'œil attentif du pouvoir en place) comment ignorer les influences de ce pouvoir et comment parler de justice libre et indépendante. J'entends dire que M. Courroye est incorruptible. Peut-être. Il est malsain et de mauvaise administration de la justice que ses actes soient suspects. Il convient donc, rapidement, de désigner un ou plusieurs juges d'instruction afin qu'ils prennent le relais du parquet.

La présidente du tribunal correctionnel de Nanterre avait l'intention de redevenir juge d'instruction dans l'affaire François-Marie Banier-Bettencourt. Philippe Courroye a immédiatement fait appel pour empêcher que Mme Prévost-Desprez avance dans les enquêtes. On saura si le tribunal de Versailles approuve M. Courroye. Il n'y aurait rien d'étonnant puisque le procureur général est un ami de M. Sarkozy. En attendant, le président a décidé de parler sur France 2 lundi soir. Il pourra commenter le rapport de l'inspection générale des finances. Je parie ce que vous voulez que ce rapport blanchira Eric Woerth. Jusqu'à quand ?

(1) Brice Hortefeux est soupçonné d'avoir donné au Figaro des extraits de PV policiers apparemment favorables au président de la République.

9 juillet 2010

Qui est le mieux dans ses baskets ?

Il ne s'agit pas d'acharnement mais de mise au jour d'actes que de nombreux Lovériens jugent sévèrement. L'affaire de l'écrêtement du maire de Louviers m'a conduit à réfléchir à cet écart immoral qui ne semble pourtant pas avoir bouleversé la conscience du premier magistrat de notre ville.

Rappelez-vous. A l'occasion des dernières élections municipales, les socialistes de Louviers ont choisi de constituer une liste d'union de la Gauche (avec des candidats PC et divers gauche) à la gauche du maire donc. L'une des raisons essentielles de ce choix était qu'ils ne voulaient plus cautionner des comportements antidémocratiques et aventureux.

Pour certains des candidats de notre liste, Christian Renoncourt, Michel Doucet, Nathalie Bellevin, Smaïl Chibane, notamment, ce choix était risqué puisqu'en cas de défaite, ils devraient renoncer aux indemnités dues dans le cadre de leur fonction d'adjoint et de conseiller délégué. Ils ont donc assumé pleinement le risque de perdre plusieurs centaines d'euros par mois au nom de leurs convictions. Le maire ne s'y est pas trompé qui, à plusieurs reprises au cours des séances du conseil municipal, fit remarquer à Christian Renoncourt et Michel Doucet qu'ils avaient perdu « gros » en refusant ses conditions pour la constitution d'une liste d'union à la sauce martinienne.

Battu aux élections cantonales, Franck Martin perdit le siège et l'indemnité de vice-président du conseil général. Ce fut l'une des principales raisons de son ralliement à la liste régionale conduite par Marc Antoine Jamet : bénéficier de l'indemnité attenante à la fonction. Avec, pour conséquence, un dépassement du plafond maximum autorisé et le versement à Ghislaine Baudet, sa compagne, de 1450 euros après un vote de l'assemblée communale.

On le voit, les comportements des socialistes lovériens et du président départemental du PRG, ont été aux antipodes l'un de l'autre. D'un côté la défense de valeurs et de principes, de l'autre, le maintien d'un niveau de vie élevé. Qui est le mieux dans ses baskets ?

8 juillet 2010

Christine Fillâtre : « Jusqu'alors on travaillait dans l'échange et dans la confiance »

Il fallait que cela arrive. Depuis des années, on s'interrogeait sur la personnalité de celui ou celle qui, appartenant à la majorité municipale de Louviers, oserait s'élever publiquement contre une décision du maire. L'affaire de l'écrêtement des indemnités de Franck Martin, outre qu'elle a suscité des abstentions de certains de ses collègues majoritaires, a autorisé Mme Christine Fillâtre à rompre l'omerta imposée jusqu'alors.

On sait pourtant ce qu'il en coûte de s'opposer ou tout simplement de ne pas être d'accord avec Franck Martin. Ghislaine Raud, ancien maire de Poses, et Leslie Cléret, ancien maire d'Incarville, Didier Dagomet, maire de Pinterville et Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil, ont toutes et tous subi les foudres du maire-président de la CASE. Pour les unes ce fut la suppression des délégations et des indemnités, pour les autres, ce furent les insultes ou le mépris ou pire, les procès d'intention et les agressions verbales.

Christine Fillâtre, adjointe au maire, ancienne conseillère régionale PRG « éjectée » de la dernière liste d'union de la gauche pour faire de la place à sa seigneurie, a déclaré à un journaliste de La Dépêche : « Jusqu'alors, on travaillait dans l'échange et dans la confiance. Là, ça a manqué de débats et d'explications au sein de notre groupe. Le maire n'a pas pris la position adéquate…je trouve qu'il se démarque de l'équipe en faisant cela…En théorie on est tous égaux mais là on ne l'est pas. On ne l'est plus. »

Christine Fillâtre faisait partie du premier cercle. Pour oser s'exprimer publiquement de la sorte, on peut parier que le maire le lui fera payer d'une façon ou d'une autre. L'homme a la rancune tenace et l'adjointe à la petite enfance sait ce qui l'attend. Peut-être a-t-elle voulu également faire savoir que le manque de moyens de son service et les économies imposées dans tous les secteurs de la vie municipale et à tous les échelons cadrent mal avec les revenus du maire. 9500 euros, cela permet de bien vivre, non ?

La fronde : au Sénat comme à l’Assemblée nationale, Nicolas Sarkozy n’a plus vraiment de majorité

« C’est une nouvelle qui en d’autres temps aurait fait la une de tous les médias. Mais, dans le tumulte des affaires auxquelles le président de la République et son Gouvernement ont à faire face, elle est passée presque inaperçue. Elle témoigne pourtant de la déliquescence du pouvoir en place et de sa délégitimation démocratique. Un vent de fronde souffle sur la majorité qui ne supporte plus les dérives du pouvoir sarkozyste et craint de plus en plus les conséquences à venir pour ses élus.

Par 365 voix contre 5 – un véritable camouflet –, le Sénat, en deuxième lecture de la loi sur la réforme territoriale, a rejeté mardi dernier l’article du projet de loi qui supprimait la clause de compétence générale des collectivités territoriales que sont les conseils généraux et régionaux, leur permettant d’intervenir dans tous les domaines de l’action publique. Le Gouvernement avait pourtant mobilisé pas moins de quatre ministres pour défendre son projet : Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, Alain Marleix, secrétaire d’État aux collectivités territoriales), Michel Mercier, secrétaire d’État à l’espace rural, Henri de Raincourt, secrétaire d’État aux relations avec le Parlement. En vain. Les élus de l’UMP, du centre et de l’opposition se sont unis pour faire bloc contre le Gouvernement. (Source Rue89).

Ainsi dopés par cette audace, les sénateurs ont remis le couvert dans la nuit de mardi à mercredi et, unissant cette fois les voix du centre et de l’opposition, ont rejeté le mode d’élection des futurs conseillers territoriaux au scrutin uninominal à deux tours que tentait d’imposer le Gouvernement avec le soutien de la seule UMP, sans la moindre dose de proportionnelle. Amputée de ces dispositions essentielles proposées par le Gouvernement, la loi sur la réforme des collectivités a tout de même fini par être adoptée par le Sénat, mais dans quel état !

Cette fronde, engagée au Sénat, se propage désormais à l’Assemblée nationale. La majorité UMP, emmenée par Jean-François Copé, a voté hier mercredi contre une des mesures principales de la loi en faveur du dialogue social dans les très petites entreprises (TPE), visant la possibilité de rétablir des « commissions paritaires territoriales pour permettre le renforcement du dialogue social dans les TPE ». Cette loi était défendue devant les parlementaires par le ministre du Travail Éric Woerth qui se voit ainsi cruellement désavoué dans le même temps où le président de la République lui témoigne sa confiance et son soutien.

C’est donc bien une ambiance de fin de règne qui s’installe chaque jour davantage dans les allées du pouvoir et qui montre clairement dans quel désarroi se trouvent les forces de droite dont tous les espoirs s’étaient incarnés dans la personne de Nicolas Sarkozy. »

Reynald Harlaut
Parti de Gauche

7 juillet 2010

Franck Martin fait travailler Hortefeux…


…pas le ministre de l'Intérieur mais son cousin germain. Pas Brice mais…Fabrice. Le Canard enchaîné (1) est décidément une mine précieuse pour les lecteurs-observateurs attentifs. En lisant un article en dernière page du Canard (notre photo) de ce jour, on découvre que Brice Hortefeux propose d'«inonder le pays de caméras» et ainsi de donner du travail à son cousin germain, Fabrice Hortefeux. Celui-ci dirige CIPCEO, un cabinet qui conseille les communes pour l'installation des systèmes de vidéosurveillance.

Parmi les villes clientes, on découvre que Louviers (Le Havre et Dinan aussi) travaille avec ce cabinet et qu'ainsi Franck Martin, maire dit de gauche, n'hésite pas à encourager le cousin du ministre lui-même fervent partisan, comme on peut le lire dans l'article, d'un développement exponentiel de la vidéosurveillance.

J'imagine que des conseillers municipaux d'opposition (ou de la majorité ?) n'hésiteront pas à interroger le maire sur le contrat (s'il existe) liant la ville de Louviers à la société de M. Hortefeux. M. Hortefeux, ministre de l'Intérieur, pourrait faire l'amitié à Franck Martin de venir inaugurer les futures installations lovériennes. Entre cousins, on n'a rien à se refuser.

(1) J'ose espérer que le journaliste auteur de l'article a puisé ses renseignements aux meilleures sources. Souriez, vous êtes filmé.

6 juillet 2010

Il ne faut jamais prendre les gens pour des imbéciles

Une fois n'est pas coutume, je vous conseille d'aller sur le blog de José Alcala, caméra diagonale. Vous y découvrirez un texte fielleux contre Marc-Antoine Jamet (que sait précisément José Alcala des antécédents familiaux de MAJ ?) et l'apologie de la conduite de Franck Martin relative à son affaire d'écrêtement. Je laisse libre les lecteurs d'apprécier l'un et l'autre. Je vais donner, modestement, mon éclairage sur les réflexions que m'inspire l'attitude du maire de Louviers, président de la CASE, conseiller régional.

J'avoue qu'elle m'a sidéré. Ma première remarque est simple : comment peut-il à ce point se payer notre tête ? Profitant d'une perche tendue par un commentaire, il déclare avoir voulu jouer les provocateurs, créer un cas d'école. Il nous demande de nous apitoyer sur son sort. Un sort malheureux pour un homme frappé par l'incertitude de la réélection et donc par les lendemains qui éventuellement déchantent. On en aurait les larmes aux yeux si on ne connaissait l'animal et le personnage. Que les gros salaires lèvent le doigt ! Si, avec 9500 euros mensuels, le président de la CASE se plaint, combien allons-nous être à nous plaindre ?

Le maire de Louviers est comme un enfant pris les doigts dans la confiture. Ne pouvant éviter la délibération du conseil municipal sur l'écrêtement de ses indemnités, et contrairement à ce qu'il affirme, il pensait tuer la discussion dans l'œuf en choisissant sa compagne comme bénéficiaire et en étant certain que personne ne lui chercherait de poux dans la tête. « Ils n'oseront pas ». Voilà quelle était sa certitude.

C'est si vrai que lors de la réunion de la commission des finances qui évoqua le sujet avant la réunion du conseil, il n'y eut pas de remarque acerbe ni de propos critique. L'étonnement rend muet. J'ai alors pensé qu'il fallait agir en amont pour amener le maire de Louviers à une saine réflexion et un changement d'attitude. En rendant publique cette délibération, j'ai souhaité qu'il retrouve la raison et reprenne ses esprits.

Peine perdue. Il a persévéré dans l'erreur. Et aujourd'hui, il doit faire face à un flot de critiques et d'agressivité peu surprenant eu égard à ce qui se passe au sommet de l'Etat et au comportement de certains responsables politiques de l'UMP. Les moyens de défense développés par le maire sont faibles, peu crédibles, pour tout dire inefficaces. Que José Alcala vienne à son secours en évoquant les turpitudes d'autres hommes politiques (il a oublié Bernard Tapie !) ne finit pas de m'étonner. Faut-il être à bout d'argument pour taper sur MAJ, maire de Val-de-Reuil, et tenter de sauver le maire «actuel» de Louviers…ainsi que sa compagne «actuelle»(1). Quelle élégance n'est-il pas ?

(1) L'expression est de Franck Martin lui-même.

5 juillet 2010

Des têtes vont tomber, il faut dire lesquelles !

Ne tombons pas dans le piège qui nous est tendu. Les démissions spontanées ou commandées des sous-ministres Joyandet et Blanc sont avant tout destinées à protéger le trésorier de l'UMP, un certain Eric Woerth. On apprend d'ailleurs aujourd'hui que le procureur de la République de Nanterre souhaite enquêter sur les conditions de l'embauche de Mme Woerth au sein de la société Clymène, chargée de gérer les dividendes de Mme Bettencourt. M. Courroye est un procureur, proche de Nicolas Sarkozy, en bisbille avec l'une des présidentes du tribunal correctionnel, ancienne juge d'instruction.

Cette dernière a refusé de juger François Marie Banier, le protégé de Mme Bettencourt, tant que les bandes enregistrées par un majordome, pendant plusieurs mois, ne seraient pas authentifiées et décryptées. Elle se propose même de reprendre son métier de juge d'instruction pour assurer que le dossier serait conduit à charge et à décharge. Que M.Courroye veuille avoir la main sur l'enquête n'est pas forcément bon signe d'où l'appel interjeté contre la décision de cette juge…jugée trop indépendante et trop imprévisible. Devrons-nous descendre dans la rue pour soutenir la présidente du tribunal de Nanterre ? Que veut-on cacher ? Qui veut-on protéger ?

Quant à M. Woerth, malgré la sérénité à toute épreuve qu'il dit afficher, il met le président et le gouvernement dans l'embarras. Edwy Plenel, l'un des patrons de Médiapart, publie à dose homéopathique le contenu des bandes dont il a obtenu copie. Chaque jour qui passe apporte son lot de révélations. Elles indisposent immanquablement le pouvoir. Ce dernier ignore jusqu'où vont aller les « aveux » du proche conseiller fiscal de Mme Bettencourt. Les comptes en Suisse, l'île aux Seychelles, les voyages de Mme Woerth à Genève (un, deux, trois ?) les 30 millions d'euros remboursés au titre du bouclier fiscal…que de découvertes ! Le dossier Woerth fragilise le ministre du travail chargé de conduire la réforme des retraites et le sondage assurant que plus de 60 % des Français considèrent que les hommes politiques sont corrompus commence à faire désordre. Les vacances sont là mais les Français ont plus de temps pour lire et suivre le feuilleton en temps réel, sur ce blog par exemple. Nous ne manquerons pas de l'alimenter.

Il va donc bien falloir que Nicolas Sarkozy prenne l'affaire en main et tente de stopper la machine emballée. Comme le remaniement ministériel de l'automne tombera lors des grandes manifestations contre la réforme des retraites, le président va devoir agir plus vite et plus fort. Des têtes vont tomber. Il faut dire lesquelles et pourquoi ?

Quand on est de Gauche, on doit avoir un comportement exemplaire

Les réponses de Franck Martin à José Alcala me rappellent celles que faisait Odile Proust, ancien maire de Louviers (UMP) à qui l’on reprochait de dépenser trop d’argent public dans les restaurants et les voyages. D’ailleurs, Denis Laheye, actuel adjoint, fut le principal pourfendeur de ces pratiques que les opposants d’alors (dont j’étais) jugeaient condamnables. A l’époque, Odile Proust déclarait qu’elle passait beaucoup de temps au service des Lovériens, que l’indemnité perçue n’était qu’une obole et que, finalement, il était bien normal qu’elle se rattrapât sur la bête. Elle ajoutait même qu'elle perdait au change avec le salaire gagné à son poste au sein du CNPF (Centre national du patronat français devenu MEDEF)

Au pouvoir aujourd’hui, le maire de Louviers se défausse, lui aussi, de façon tout à fait fallacieuse. Le connaissant, personne ne croira qu’il travaille de 9 à 23 heures sept jours sur sept au bénéfice des collectivités auxquelles il appartient. Quand on ose déclarer aux commerçants de Louviers qu’on n’a pas lu un document tel que le plan de déplacements urbains (1) c’est qu’on fait mal son travail, mal son métier en l’occurrence puisque le maire, président de la CASE, conseiller régional, est devenu un professionnel de la politique.

Il y a plus amusant. Dans une déclaration à France 3, FM affirme qu’il aurait pu, comme d’autres, désigner un élu quelconque « qui lui aurait restitué la somme écrêtée » sans que personne ne trouve à redire. Que Ghislaine Baudet, sa compagne, soit devenue cette élue quelconque, rend nulle et non avenue la déclaration sur « la compétence » de cette dernière. D’ailleurs, s’il a choisi l’écrêtement de son indemnité municipale et non celle de conseiller régional, c’est bien parce qu’il tenait à choisir la bénéficiaire la plus proche de lui.

S’il veut jouer la transparence à fond, cet argument n’est pas le bon. FM fond doit reconnaître qu’il a souhaité que l’écrêtement ne sorte pas de son foyer et doit maintenant l’assumer totalement. Bien sûr, c’est difficile car le contexte économique et financier oblige les Français à se serrer la ceinture. Et quand celui qui vous matraque fiscalement perçoit 9500 euros par mois avant écrêtement et autant après (du moins peut-on le penser) ses grandes déclarations sur les économies nécessaires ne sont que péroraisons.

Mon ami Reynald Harlaut dit bien ce qu’il faut dire. Denis Szalkowski aussi sur son blog voie militante qui ose même comparer Louviers à « Une République bananière ». L’agence France presse a diffusé une dépêche sur le sujet, dépêche reprise dans maints quotidiens régionaux. Cette information fait le buzz et c’est légitime. Après 15 ans de pouvoir, le maire actuel de Louviers a oublié ce qui avait fait son succès de 1995 : une démocratie rénovée et partagée, des pratiques inattaquables. Quand on est de Gauche, on doit avoir un comportement exemplaire.

(1) Le plan de déplacements urbains a été commandé par la CASE et payé par elle. Il est invraisemblable que le président de la CASE traite ce document d'un revers de main comme s'il s'agissait d'une étude tombée du ciel. Quant à sa lecture, elle demande une heure d'attention. Du moins est-ce le temps que cela m'a demandé. Et bénévolement !

Franck Martin ou le déni de la réalité

L’attribution par Franck Martin de son écrêtement d’indemnités d’un montant de 1.425 euros pour cause de cumul des mandats à sa compagne adjointe au maire Ghislaine Baudet n’a pas fini de faire des vagues.

Interrogé sur le sujet par José Alcala sur son site Caméra diagonale, les réponses qu’apporte le maire de Louviers ne laissent pas d’étonner. « Si cette affaire fait du bruit, c’est parce que j’ai voulu la totale transparence sur une pratique parfaitement légale […] j’ai voulu que cela soit su, voulu, exposé devant le conseil municipal en toute transparence alors que bon nombre de personnes écrêtées dans la même situation que moi s’arrangent pour que cela ne se sache pas ». Car, que ce soit sur le fond ou sur la forme, avec son art consommé de l’escamotage, Franck Martin travestit la réalité avec un aplomb que pourrait lui envier Frédéric Lefebvre, le porte-parole de l’UMP. Il serait victime, affirme t-il, de sa volonté de totale transparence. Mais de qui se moque t-il ? Faisant porter l’écrêtement de ses indemnités sur son mandat municipal, il n’a pas d’autre choix que de se soumettre à la loi. Et de soumettre à son conseil municipal la délibération accordant le bénéfice de cet écrêtement à la (ou aux) personne(s) de son choix. Ce n’est donc pas là du tout le fait d’une volonté quelconque de transparence, mais bien le résultat d’une obligation légale à laquelle il ne peut se dérober.

D’ailleurs, cette transparence qu’il revendique haut et fort, il prend avec elle des libertés qui la réduisent au minimum par lui inévitable. C’est d’abord, nous nous répétons, cette manière d’agir en inscrivant cette délibération à la toute fin du dernier conseil municipal, à la veille des vacances, quand la vigilance des citoyens se relâche, après avoir usé de tous les artifices pour faire traîner les autres délibérations en longueur. Et en se disant qu’à la rentrée en septembre, les citoyens auront bien d’autres chats à fouetter et que tout cela sera oublié. Si les mots ont encore un sens, est-cela qu’on nomme la transparence ? Et, c’est ensuite, cerise sur le gâteau, la censure qu’il a fait appliquer à la vidéo retransmettant la dernière séance du conseil municipal, en faisant purement et simplement disparaître, la partie du débat ayant trait à cette délibération. Terrible aveu !

Au constat que lui oppose José Alcala, pas vraiment satisfait de ses réponses précédentes : « C’est quand même un moyen de contourner la loi. Puisqu’il y a une loi sur l’écrêtement, c’est précisément qu’on estimait qu’on devait plafonner les revenus », Franck Martin a l’audace, car il en faut pour nier ainsi l’évidence, de commencer sa phrase par : « Absolument pas, je connais bon nombre de députés qui emploient comme assistant parlementaire leur épouse, leur fille, un membre de la famille. » Se défausser ainsi comme il le fait en invoquant pour sa défense les turpitudes des autres, quelles qu’elles soient, est un argument irrecevable. C’est une argutie de caniveau qui autorise à faire n’importe quoi sous le prétexte que d’autres font de même, et c’est indigne de tout élu en charge de responsabilités dont la première des vertus doit être l’exemplarité.

Nous ne cesserons de le répéter, le détournement à son avantage personnel et exclusif de l’esprit de la loi, s’il n’est pas juridiquement attaquable est moralement indéfendable. Il faut vraiment qu’il soit aveuglé par le goût du pouvoir et de l’argent pour ne pas vouloir ouvrir les yeux sur la réalité.

Reynald Harlaut

Quelques extraits de l'interview :

Est-ce illégal ? Pas du Tout. Franck Martin est-il le seul à avoir fait ce choix ? Évidemment non.
Il faut aussi parler des députés et sénateurs qui emploient leurs épouses ou enfants comme attachés parlementaires. Alors viser Franck Martin, pourquoi pas, mais ce n’est pas lui qui a fait la loi de 1992.
José Alcala
3 juillet 2010


Franck Martin: « J’étais un cadre supérieur. J’ai abandonné ma carrière professionnelle et tous les risques que cela impose pour travailler au service de Louviers, au service de la CASE, au service de la Région, maintenant, de 9H00 du matin à 23H00, sept jours sur sept. Il y a une possibilité d’être rémunéré. Je pense qu’il est tout à fait normal d’être rémunéré pour pouvoir précisément garder l’indépendance financière et ne pas être obligé d’avoir des pratiques douteuses. […] j’assume totalement le fait d’être payé normalement, comme un cadre supérieur, pour un travail de cadre supérieur ».

FM : « Absolument pas, je connais bon nombre de députés qui emploient comme assistant parlementaire leur épouse, leur fille, un membre de la famille. C’est, je l’espère parce que cette épouse, cette fille, ce membre de la famille est compétent. En l’occurrence, j’espère que personne n’osera contester ni le travail, ni la compétence, ni l’engagement de celle qui recevra cette indemnité et qui je le précise, était élue et exerçait ces responsabilités bien avant que nous vivions ensemble ».