2 juillet 2010

Conflits d'intérêts et intérêt des conflits

On parle beaucoup des conflits d’intérêts du couple Woerth. Des conflits nés des proximités entre les fonctions de Monsieur (ministre, trésorier de l’UMP et ancien trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy) et de Madame, cadre supérieure dans la société Clymène, société servant à faire fructifier les dividendes du capital de Mme Liliane Bettencourt. Madame vient de démissionner de son poste et reconnaît dans le Monde qu’elle n’avait pas bien mesuré l’ampleur du désastre public né du mêli-mêlo de toutes ces fonctions enchevêtrées.

Il existe donc des conflits d’intérêts entre l’argent privé et l’argent public. Il existe aussi des conflits d’intérêts entre argent public et argent public. Il tient en un mot cumul : des mandats. Comment, par exemple, un député-maire va-t-il voter telle ou telle loi sachant qu’elle aura telle ou telle conséquence pour sa ville ?

Nous avons l’exemple de Louviers et de la communauté d’agglomération. Franck Martin se réjouit du refus des délégués de la CASE d’accepter une avance de trésorerie sollicitée par la ville de Val-de-Reuil, ville dans laquelle il voit une concurrente et non pas une complémentarité collective. En affirmant publiquement ce qu’il affirme, il défend avant tout les intérêts de Louviers sans se soucier de ceux des autres communes et notamment ceux de Val-de-Reuil qu’il vit comme une rivale.

Idem pour l’affaire Immochan sur laquelle je me suis expliqué maintes fois. Franck Martin a utilisé sa casquette de président de la CASE pour empêcher le développement commercial de Val-de-Reuil et tenter de protéger ce qu’il croit être l’intérêt de la ville qu’il préside. Un président d’agglomération devrait être neutre, libre, indépendant des lobbies et ne considérer que l’intérêt général.

Quand il se défend devant les commerçants de Louviers en justifiant son action anti-Immochan, il ne fait que confirmer ce que tout le monde sait : la présidence de la CASE lui permet d’avoir le contrôle de l’ensemble des équipements des communes de la CASE, et finalement de posséder le pouvoir de décision ultime. Rappelons-nous la halle d’athlétisme de Val-de-Reuil. Il a fallu une révolte et un vote des délégués pour que le président de la CASE soit mis en minorité. Dernièrement, il s’en est fallu de quelques voix pour que le maire de Val-de-Reuil obtienne satisfaction.

Le conflit d’intérêts existe quand un élu est incapable de surmonter ses préférences personnelles ou politiques, et qu’il privilégie son pré carré. Accorder un écrêtement de 1425 euros à sa compagne et non pas procéder à une répartition collégiale, est-ce un choix qui relève d’un conflit d’intérêts ? A chacun et chacune d’entre vous de répondre. Je retiens une chose cependant : on a toujours intérêt à mener les conflits qui en valent la peine.

1 juillet 2010

Petits arrangements entre “amis”…par Reynald Harlaut

Nous dénonçons ici régulièrement les dérives du pouvoir sarkozyste. Comme ces conflits d’intérêts dont l’affaire Woerth est un cas d’école. Comment peut-on être ministre du Budget chargé de traquer l’évasion fiscale – sport pratiqué par les Français les plus riches – et dans le même temps être trésorier de l’UMP, parti politique de droite défendant les intérêts des mêmes, et recevoir d’eux des dons ? À qui fera t-on croire que ces généreux donateurs n’espèrent pas en retour une certaine indulgence du fisc à leur égard ? Il n’y a que cet histrion de Frédéric Lefebvre, le comique troupier du gouvernement, pour oser s’indigner qu’on puisse imaginer cela et tenter de nous faire avaler la couleuvre.

Les Français dans leur immense majorité ne sont pas dupes de cette manière de faire de la politique en mélangeant tout : intérêt général et intérêts privés, en faisant argent de tout, en profitant de tout : ministres qui mènent grand train sur le dos du contribuable qu’on s’apprête à saigner à blanc. Tel le secrétaire d’État au Grand Paris Christian Blanc et ses 12.000 euros de cigares ; telle Christine Boutin et ses 9.500 euros par mois pour un rapport fumeux ; tel Jean Sarkozy qui devait prendre la direction de l’EPAD, etc. La liste devient longue comme un jour sans pain.

Raison de plus pour ne pas s’exonérer de dénoncer certaines pratiques à l’échelon local lorsqu’elles viennent du personnel politique réputé être à gauche ou plutôt se définissant comme tel. Deux exemples nous sont fournis par l’actualité dans lesquels se trouve impliqué Franck Martin, maire de Louviers, président de l’Agglomération Seine Eure et conseiller régional.

Maire de Louviers, Franck Martin, a fait des indemnités d’élu qu’il perçoit son affaire personnelle et fait voter par son conseil municipal, lors de la dernière séance du lundi 28 juin, l’attribution de son écrêtement d’indemnités pour cause de cumul des mandats à sa compagne adjointe au maire Ghislaine Baudet. Du balkanysme pur sucre. Il est d’ailleurs si fier de son exploit que dans la vidéo retransmettant la dernière séance du conseil municipal, il a censuré en la faisant purement et simplement disparaître, la partie du débat ayant trait à cette délibération. Bel exemple de démocratie, de transparence et de courage politique.

« À l’école de Sarkozy et de Balkany, Franck Martin, l’escamoteur, fait d’énormes progrès. Même cynisme, même absence d’éthique sinon de morale, mêmes méthodes tordues : je fais mes mauvais coups en douce, à la veille des vacances, quand la vigilance des citoyens se relâche, en fin de séance, après avoir usé de tous les artifices pour faire traîner les autres délibérations en longueur. À la rentrée, en septembre, ils auront déjà oublié, pense-t-il. Le maire de Louviers doit savoir que cet « arrangement » pour contourner la loi et conserver le bénéfice de ces 1.425 euros d’indemnités, il va désormais devoir le traîner sans cesse comme un boulet jusqu’à la fin de son mandat, tout comme Sarkozy, avec le bouclier fiscal, la soirée avec la bande du Fouquet’s et le séjour sur le yacht de Bolloré.

Président de l’Agglomération Seine Eure, la CASE, Franck Martin, à force de manœuvres et d’intrigues auprès d’Alain Le Vern, président de région et de Jean-Louis Destans, président du conseil général, est parvenu à se faire placer en position éligible sur la liste socialiste aux dernières régionales. Situation ubuesque puisque le Parti socialiste est dans son opposition au conseil municipal. En conséquence de quoi, Michel Ranger a perdu le siège qu’il espérait «regarnir» au conseil régional. Mais, auparavant, Michel Ranger, conseiller régional, avait été élu en 2008 président du Syndicat mixte de la base de plein-air et de loisirs de Léry-Poses, présidence qui n’est pas qu’honorifique et bénéficie d’une rémunération. En toute logique et dans le respect des statuts prévoyant que seul un élu pouvait assurer la présidence du Syndicat mixte de Léry-Poses, Michel Ranger aurait dû s’en retirer. Le Syndicat mixte est dans les compétences de la CASE. Franck Martin le sait bien, lui qui toujours à l’affût d’un fromage, avait déjà jeté son dévolu dessus en 2005 et tenté de se faire élire à cette présidence. Mis en minorité lors du vote par les délégués territoriaux, il avait vu Ghislaine Raud, à l’époque maire de Poses, lui ravir la place. Il s’était alors vengé sur les délégués félons en leur retirant leur délégation. Histoire de leur apprendre à bien se tenir et leur rappeler, lui le suzerain, la place des vassaux.

Cependant, il existait dans le pacte conclu entre ces grands seigneurs qui nous gouvernent localement, une clause secrète. C’était que, comme lot de consolation, Michel Ranger conserve la présidence du Syndicat mixte. Que croyez-vous qu’il advint ? À la dernière séance du conseil communautaire, Franck Martin a fait voter par l’assemblée des délégués qui s’est exécutée, la modification des statuts du Syndicat mixte, permettant ainsi à Michel Ranger d’en conserver la présidence. L’engagement est honoré. Les comptes sont apurés.

Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais en ces circonstances, en adoptant certains comportements du pouvoir en place, ces braves gens ne seront sûrement pas les mieux placés pour critiquer dans les prochains mois l’équipe de bras cassés qui gouverne notre malheureux pays. Les citoyens du canton de Louviers-Nord devront s’en souvenir lorsqu’ils iront voter aux prochaines cantonales (1) de mettre leur bulletin dans l’urne. Nous saurons leur rafraîchir la mémoire en temps utile. »

Reynald Harlaut
Parti de Gauche


(1) NDLR : il va de soi, qu'en ce qui me concerne, j'appelle d'ores et déjà mes amis et les électeurs du canton nord de Louviers à voter pour Leslie Cléret, la conseillère générale sortante. Elle est socialiste, elle a un bilan, elle est honnête et elle est franche ce qui lui vaut quelques fois des reproches mais je préfère ces personnes-là.
Jean-Charles Houel

L'écrêtement de l'indemnité du maire fait le buzz sur Internet

La décision du maire de Louviers d'écrêter son indemnité municipale en faveur de sa compagne fait le buzz sur Internet. Je viens d'être appelé par un journaliste d'une grande agence de presse nationale qui a lu sur ce blog mon article intitulé « le maire de Louviers se balkanyse. » Il se dit très intéressé par cette information et comme il est bon journaliste, il se livre à une enquête complète voire exhaustive pour comprendre le fonctionnement de Franck Martin, maire de Louviers. On peut donc s'attendre à des développements nationaux et, qui sait, à découvrir un article dans Le Canard enchaîné spécialisé dans les révélations à la fois opportunes et légitimes s'agissant de l'utilisation de l'argent public.

Evidemment, lui aussi considère que le cumul des mandats et des indemnités est un mal bien français. Il ne connaît pas beaucoup de situations comparables et s'étonne que les élus fassent preuve de tant de largesse avec ledit argent public. Des largesses bien ciblées, personnellement intéressées, et — ce qui est effarant — justifiées par les personnes qui en bénéficient. Il arrive un moment où l'usure du pouvoir, les habitudes (mauvaises) l'absence d'opposition interne, aveuglent les élus et les éloignent des réalités. Aujourd'hui, qui peut sans sourciller, palper 9600 euros (car il s'agit bien de cela) quand la loi cherche à limiter le plafond à 8200 euros !

Il faut être bien peu scrupuleux pour affirmer péremptoirement comme le maire de Louviers le fait dans La Dépêche de ce jour, qu'une indemnité totale de 8 200 euros est bien ordinaire eu égard au travail accompli. Attention ! Il n'est pas question de contester la nécessité de verser des indemnités correctes aux élus. Ce qui est contestable, c'est la course aux mandats, la chasse aux indemnités que j'avais dénoncées lors de la campagne des cantonales. J'avais mis le doigt sur les risques évidents engendrés par ces excès, le pire étant sans doute l'incapacité d'assumer chaque mandat dans sa globalité. La plupart des élus cumulards rétorquent qu'ils délèguent, font confiance...le fait est que plusieurs élus de la majorité municipale étaient absents de la séance de conseil de lundi sans avoir donné de pouvoir. Compte tenu de la main de fer avec laquelle le maire tient sa majorité, cette attitude nouvelle de certains élus n'est absolument pas anecdotique.

Avec mon ami Reynald Harlaut, du Parti de Gauche, mes camarades du PS, du PC, du NPA, nous allons populariser cette affaire d'écrêtement. Elle le mérite, non par acharnement personnel, mais plutôt par obligation tranquille : une opposition correctement conduite doit veiller au bon usage des impôts des Lovériens !

29 juin 2010

Débat public sur le deuxième EPR de Penly demain à Evreux

Depuis plusieurs semaines un débat public se déroule en Haute Normandie autour de l'opportunité de construire un deuxième EPR à Penly. Une seule réunion sera organisée dans l'Eure et ce sera le mercredi 30 juin à 18h30 au Cadran à Evreux. Tout citoyen peut participer en assistant à la réunion, en posant des questions. Même si le gouvernement de N. Sarkozy a déjà décidé en janvier 2009 de construire ce deuxième EPR, donc si les résultats du débat sont connus d'avance, différentes organisations dont le NPA ont rédigé un cahier d'acteur, c'est à dire un document où sont exposés des arguments et défendues des idées. Ces cahiers sont consultables sur le site : debatpublic-penly3.org.

Venez nombreux assister à cette seule et unique réunion pour notre département. Le nucléaire est un choix énergétique discutable, remis en question, coûteux et dangereux. D'autres solutions de production de l'électricité sont possibles. Venez en discuter.

Sophie Ozanne NPA

Les internautes lovériens «écrêtés» du vote du conseil municipal

Le vote des conseillers municipaux de Louviers était attendu avec impatience par tous ceux qui s'intéressent aux affaires de la ville. Il fallait savoir qui allait publiquement accepter de reverser les 1425 euros écrêtés de l'indemnité du maire à sa compagne, Mme Ghislaine Baudet. On aurait pu imaginer, dans le meilleur des cas, que le premier magistrat lovérien, eu égard au contexte de crise, allait comprendre le redoutable et négatif symbole du « j'garde tout. » Nenni ! Franck Martin s'est habitué à un certain train de vie — 8200 euros mensuels depuis 15 ans — et comme tous les professionnels de la politique, il considère que c'est un dû. Donc, il est resté droit dans ses bottes et a invité sa majorité à lui faire un petit cadeau.

Lors du vote à bulletins secrets, seule l'opposition a voté contre, estimant à juste titre que dans cette affaire, le maire y allait un peu fort. Et pourtant, l'homme est gêné aux entournures. La preuve ? La séance du conseil municipal est maintenant diffusée sur Internet. Les personnes souhaitant suivre les délibérations et les discussions bénéficient d'un moyen moderne, encore rudimentaire, élément indispensable de la vie démocratique. On a bien eu le tunnel du maire sur le programme de déplacements urbains (il alla même jusqu'à dire : « on peut très bien ne rien faire » ! Alors pourquoi toutes ces études non gratuites ?) mais de retransmission sur l'écrêtement, Nada ! Rien ! Nothing ! Le maire aurait-il donné des instructions à l'employé municipal chargé du direct ? Considère-t-il que les Lovériens ne doivent pas tout savoir ? Il faudra dire pourquoi les internautes ont été «écrêtés» de ce vote. Quant à moi, j'ai la réponse.

À l’UMP, les conflits d’intérêt, on ne sait même pas ce que le terme signifie !


Jean Paul Gauzès, député européen UMP et Benoit Veyrat, conseiller municipal UMP de Louviers : Rien vu, rien entendu, rien dit…cette photo date de 2009.

« Éric Woerth, notre brillant ministre du Travail, nous l’affirme la main sur le cœur : il n’était au courant de rien. Il était alors ministre du Budget. Souvenez-vous ! Il avait fait de la chasse à l’évasion fiscale, son credo. Il possédait même une liste de 3.000 noms de mauvais Français disposant de comptes en Suisse et dans des paradis fiscaux. Ça, c’était pour faire peur au menu fretin, amuser le bon peuple et lui faire prendre une fois de plus les vessies pour des lanternes. Car, dans le même temps, Mme Florence Woerth, son épouse, travaillait au sein de l’entité chargée de gérer la fortune de Mme Liliane Bettencourt, la femme la plus riche de France. Son activité consistait à proposer des solutions permettant d’optimiser – euphémisme utilisé dans la profession – la situation fiscale de la milliardaire afin qu’elle ne paie qu’un minimum d’impôts. Voire, comme c’est assez souvent le cas, de lui trouver les moyens par de savants montages, de contourner la loi afin de soustraire ses avoirs et ses revenus à l’imposition du fisc français. La structure en question est dirigée par M. Patrice de Maistre. Or, il se découvre que le ministre Woerth a personnellement remis la Légion d’honneur il y a deux ans à M. de Maistre. La presse ne nous dit pas à quel titre, mais il est permis de douter que ce soit en raison des services rendus à la nation. De nombreux journalistes subodorent que cette distinction a pu être accordée en échange de l’emploi que Mme Woerth occupait jusqu’à ces derniers jours pour veiller jalousement sur la fortune de Mme Bettencourt.

Ministre du Budget, Éric Woerth n’en continuait pas moins à être trésorier de l’UMP, ce qui, bien entendu, n’a rien d’incompatible dans la France sarkozyste. Ça doit être cela, la rupture. Et, à ce titre, à encaisser les chèques de généreux donateurs, comme par exemple, au hasard, Mme Liliane Bettencourt. Mais n’y voyez-là aucun rapport de cause à effet. Il faut vraiment avoir l’esprit aussi mal tourné qu’un socialiste pour penser à cela. Remarquablement conseillée, elle n’oubliait personne. Ni Valérie Pécresse, ni Eric Woerth, trésorier de l'UMP, ni Nicolas Sarkozy, le président de la République en personne, auquel elle fit l’aumône de 7.500 euros. On aimerait savoir qui a encaissé le chèque et sur quelle banque.

De ces pratiques : la confusion des genres et les conflits d’intérêts, l’UMP possède une longue et sérieuse expérience. C’est ainsi, par exemple, qu’elle n’avait trouvé rien de mieux, pour fluidifier les relations entre la finance et les institutions européennes, que d’envoyer au parlement de Bruxelles un certain Jean-Paul Gauzès (qui fut président du conseil régional de Haute-Normandie en 1998), lequel exerça conjointement et discrètement de 2004 à 2007 les fonctions de député européen et de directeur juridique et fiscal de la banque Dexia. Dans un article paru le 24 mai 2005 dans le New York Times, intitulé : – nous en donnons ici la traduction telle que reprise mot à mot dans un article paru dans le journal Le Fakir du printemps 2009 –, « Le lobby de la finance démantèle une loi sur le financement des activités terroristes », le correspondant de ce journal à Bruxelles écrivait qu’une « proposition de loi [directive ? ] – qui visait à renforcer la législation sur les crimes financiers, à couper les fonds qui servent au terrorisme –, cette proposition a été coulée au parlement européen avec l’aide de députés liés au monde de la finance, notamment (…) un dirigeant d’une banque soupçonnée de blanchiment d’argent. ». Le correspondant visait nommément l’élu normand, pour avoir repris « mot pour mot » des « amendements » pré-rédigés par des lobbyistes. L’honorable parlementaire a depuis été brillamment réélu au même poste en 2009. Sans doute pour aider le président de la République à moraliser la finance. Ou la politique.

Reynald Harlaut – Parti de Gauche

27 juin 2010

L'aveu de Franck Martin : « J'ai fait en sorte que le projet Immochan ne se fasse pas »


Ce lundi les conseillers de Louviers vont devoir voter l'écrêtement de l'indemnité de maire de Franck Martin en faveur de sa compagne. Qui posera les bonnes questions ?

« Immochan (1) j'ai fait en sorte que cela ne se fasse pas ! » Cette déclaration du maire de Louviers, président de la CASE, rapportée par La Dépêche de cette semaine, est absolument scandaleuse. Pendant des mois, l'exécutif de la CASE a conservé le dossier sous le coude, manœuvré pour empêcher son évolution, fait fi des intérêts des Rolivalois et des habitants de la proximité…« Je vous ai toujours défendu lorsqu'il a fallu se prononcer contre Immochan. » a ajouté le maire convoqué devant les commerçants lovériens très remontés contre le projet de déplacements urbains à l'étude (2)

Ainsi, le projet de développement commercial de Val-de-Reuil a échoué à cause du président de la CASE. Et pourtant. Que n'avait-on entendu de sa part sur un projet pas assez comme ci, trop comme ça…alors que le seul objectif de Franck Martin était de faire échouer ce projet, ce qu'il fit. Que valent ses grandes déclarations sur le rôle de la CASE, communauté de projets collectifs et non de défense individuelle d'intérêts particuliers ? En l'occurrence le président de la CASE s'est exclusivement attaché à défendre, du moins le croit-il, de façon totalement poujadiste, le commerce lovérien. De fait, le président de la CASE sert avant tout les intérêts étroits de sa politique lovérienne, veut contrôler le développement de la petite région, met à bas tout ce qui, de près ou de loin, risque de porter atteinte à son pouvoir et à sa vision étriquée de l'avenir. On comprend mieux maintenant son refus d'intégrer la communauté d'agglomération de Rouen : il y perdrait de l'influence et…des indemnités.

Mais il y a pire. Invité à expliquer son attitude à l'égard du plan de déplacements urbains rendu public le 5 mars dernier sous l'égide de la CASE, on lit encore cette phrase parue dans La Dépêche : « Ce document, je vais vous le dire, je ne l'ai pas encore lu. » On croit rêver. Voilà le président de la CASE face aux commerçants de Louviers qui attendent des explications sur un projet communautaire important et ce que trouve à dire Franck Martin c'est : « je ne l'ai pas encore lu. » Désinvolture, j'menfoutisme, indifférence…ou façon de dégager en touche… Toutes les explications sont possibles.

Et comme si cela ne suffisait pas, le président de la CASE a invité ses collègues à ne pas répondre positivement à une demande d'avance des élus rolivalois dans le cadre du programme de l'ANRU. Par 33 voix contre et 29 pour, la majorité des délégués a refusé une simple avance remboursable de 3 millions d'euros à la commune de Val-de-Reuil. Voilà comment fonctionne la solidarité à la sauce martinienne : ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est aussi à moi. Je décide donc de tout.

(1) Le projet Immochan concernait tout un quartier de Val-de-Reuil et prévoyait un développement commercial indispensable à cette ville qui souffre d'un manque d'offre et de diversité.
(2) J'ai déjà évoqué sur ce blog le plan de déplacements urbains entre Louviers et Val-de-Reuil. La stratégie de la CASE consiste à distiller au compte-gouttes les infos pour tester les réactions. Du Fillon-Sarkozy, quoi.