11 juin 2010

Jean-Christophe Rufin doit quitter Dakar

L'ambassadeur de France au Sénégal, Jean-Christophe Rufin, vient d'être « viré » par le président Sarkozy assisté de ses ministres. Après trois ans de présence dans ce pays d'Afrique présidé par M. Wade, l'ambassadeur Rufin a eu le temps de se faire détester eu égard à certains télégrammes adressés au président français et portés à la connaissance du président sénégalais. En gros, M. Rufin demandait au gouvernement français de ne pas accorder d'aide financière au Sénégal tant que ses gouvernants n'auraient pas fait de progrès en matière démocratique.

Et ce qui devait arriver arriva. M. Rufin a appris tout récemment qu'il avait un successeur, un successeur choisi par M. Bourgi, un spécialiste de la Françafrique. Autrement dit, la rupture dont se gaussait Nicolas Sarkozy n'a pas lieu d'être dans les relations entre la France et les états africains, anciennes colonies françaises. Les présidents africains doivent être choyés, câlinés, soutenus, même quand ils bafouent les règles élémentaires d'une démocratie ordinaire avec pluralisme politique, liberté de la presse, liberté d'association. On en est loin au Sénégal.

Jean-Christophe Rufin a d'ailleurs appris qu'on ne lui attribuerait pas d'autre ambassade. Ce n'est pas grave. l'académicien peut vivre de ses livres et poursuivre ses engagements humanitaires. L'ami de Bernard Kouchner aura tout le temps de méditer son « licenciement ». Il savait déjà que les princes qui nous gouvernent ont des raisons d'état que la raison ignore.

photo © Jacques Sassier

La RFA existe bel et bien

François Loncle écrit au rédacteur en chef d'un hebdomadaire lovérien que je connais bien (l'hebdomadaire).
« Monsieur le Rédacteur en chef, Dans le numéro de La Dépêche du 10 juin 2010 que je viens de lire attentivement, la rubrique "Indiscrétions", en page 2, reproduit les panneaux situés à l'entrée de Louviers et de Val-de-Reuil et indiquant leurs jumelages respectifs avec deux villes allemandes. Sur un ton ironique, l'article intitulé "J'irais revoir ma RFA..." suppose que ces deux communes de l'Eure ignoreraient que l'unité de l'Allemagne ait été rétablie et que le terme RFA serait donc impropre.
Je suis au regret de décevoir l'auteur de cet article: la RFA existe toujours ! C'est la RDA qui a disparu. Les régions (Länder en allemand) de l'Est ont simplement adhéré à la RFA (Bundesrepublik Deutschland ou BRD en abrégé). Du reste, la constitution allemande proclame clairement, dans son article 20, que « la République fédérale d'Allemagne est un Etat fédéral démocratique et social ».
Bien cordialement,
François LONCLE
Député de l'Eure

10 juin 2010

Heureusement…Le Canard enchaîné…

Christine Boutin bousculée, heurtée, indignée ! Jean-Michel Apathie (Canal Plus) n'y va pas de main morte. Il évoque (1) une décision choquante, met en cause la compétence de l'ancienne ministre, juge indigne ce cumul emploi-retraite qui porte les émoluments de la présidente du Parti chrétien démocrate à près de 18 000 euros ! Le tout en temps de crise quand on demande à tout un chacun de faire des sacrifices.

A droite, on ne les changera pas. L'argent est tout, l'argent est roi. Toujours plus et pas forcément en travaillant plus. « J'ai lu votre pedigree, précise Apathie, vous n'êtes pas spécialement qualifiée pour remplir une mission sur les conséquences sociales de la mondialisation ! » Et Michel Denisot en remet une couche en précisant qu'il faudrait cumuler le salaire minimum de 82 travailleurs chinois pour égaler le salaire de Mme Boutin.

Comme la droite mesure les ravages de la situation nouvelle de Mme Boutin, ses ténors invitent icelle à refuser de toucher sa retraite de députée (6000 euros mensuels) ce qu'elle n'est pas obligée d'accepter. « Si la loi est mauvaise, assure-t-elle, il faut changer la loi. »Pardi ma Christine. Heureusement que le Canard enchaîné existe. Sans lui, on n'aurait jamais eu connaissance de la situation de Mme Boutin.
Quand on vous dit qu'une vraie démocratie est une démocratie avec une presse libre, indépendante des puissances d'argent, non soumise aux pouvoirs, non assujettie aux partis politiques. Le Canard enchaîné vit du produit de sa vente et ne touche pas un centime de publicité. Il ne dépend ni d'Hersant ni de Lagardère. Ni de Bolloré, ni de Bouygues. C'est pour ça qu'on l'aime.

(1) Au cours du Grand journal de mercredi soir.

« La république des enfants de salauds »

« Il est troublant de constater à quel point l'histoire se répète. Si l'on considère que le régime de Vichy a été l’instrument d’une formidable revanche de la droite la plus réactionnaire sur le Front populaire et ses conquêtes sociales, comment ne pas voir aujourd'hui, après que le Gaullisme n'est devenu que l'ombre de lui-même, que l'acharnement mis par l'équipe au pouvoir à réduire à néant le programme du Conseil national de la Résistance n’est que la revanche tant attendue de cette droite d'avant-guerre.

La droite du grand patronat, des firmes, des fortunes coloniales, des deux cents familles, et aujourd’hui de ses héritiers. Cette droite qui faisait tirer sur les ouvriers grévistes. Celle des Papon, Bousquet et Touvier, empêchée depuis plus d'un demi-siècle, à quelques exceptions près, de figurer dans le premier cercle du pouvoir. Cette droite d'abord réduite au silence en raison de sa collaboration massive avec l'Allemagne nazie, puis par l'influence incontournable des gaullistes sur la politique, et enfin par l'arrivée de la Gauche au pouvoir en 1981, peut désormais s’afficher au grand jour et réaliser son rêve.

Ce rêve ? Celui d’une société où la liberté est celle du plus fort, du plus riche, d’une société où l’argent régit tout. D’une société ou « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé » et où l’on rend hommage aux bienfaits du colonialisme face à une Afrique « pas encore assez entrée dans l’Histoire. » D’une société décomplexée où l’on prend aux plus pauvres pour donner aux plus riches. Une société qui ressemblerait à s’y méprendre à celle de l’Ancien régime : les privilégiés d’un côté, le peuple de l’autre.

L’oubli est passé par là mais les fils ressemblent étonnement à leurs pères et la descendance relève aujourd’hui la tête, suivie par la cohorte des affairistes et autres opportunistes : les Bernard Tapie, Alain Minc, Stéphane Courbit pour ne citer qu’eux parmi la bande du Fouquet’s. Robert Hersant et Ambroise Roux doivent en frétiller d'aise dans leur tombe. »

Reynald Harlaut

9 juin 2010

Christine Boutin voulait sa part du gâteau

Christine Boutin perçoit 9.500 euros net mensuels depuis avril pour une mission sur la mondialisation confiée par l'Elysée, révèle Le Canard enchaîné d'aujourd'hui. Elle bénéficie, en plus de cette somme rondelette, d'une voiture avec chauffeur et de bureaux bien placés. Cette catholique fervente ne s'étonne pas que charité bien ordonnée commence par soi-même. Interrogée sur cette information du canard, elle a reconnu que c'était vrai mais juge que tout cela est très normal.

Nous sommes bien en Sarkozie. Christine Boutin, malmenée lors du dernier renouvellement gouvernemental, avait jugé son éviction saumâtre. Fillon avait même manqué de tact en ne l'informant pas directement et Mme Boutin avait alors menacé d'être candidate au premier tour des prochaines élections présidentielles. Cette simple menace, explique le Canard, aurait suffi pour que Nicolas Sarkozy comprenne que les 1 ou 2% de suffrages en faveur de Mme Boutin lui manqueraient et comme chaque voix comptera, il conviendrait de lutter, le plus tôt possible, contre l'éparpillement. Aussitôt dit aussitôt fait : l'argent public ne fait pas défaut pour les copains-copines.

Le travail qu'on lui propose ? Une mission sur la mondialisation ! J'imagine que Mme Boutin va voyager, ici et là, et que son travail ne devrait pas être trop épuisant. Mme Boutin pourra bien mettre en avant ses valeurs morales et ses appels vertueux. Elle est comme les autres, ceux et celles qui veulent leur part du gâteau. Et vite !

Le collectif contre la vidéosurveillance écrit au maire pour qu'il stoppe l'installation des caméras

Le collectif comprend des membres de : la LDH (ligue des droits de l'homme) du PS, du PCF, du Parti de Gauche, du NPA et de l'association des élus de l'opposition de Gauche. (photo JCH)
Le collectif lovérien contre l'extension de la vidéosurveillance a tenu une conférence de presse, lundi, pour démontrer que la politique municipale en matière de prévention de la délinquance continue à faire fausse route. Pour appuyer leur démonstration, les membres du collectif ont cité de graves incidents commis dans le quartier des Acacias, quartier cité en exemple par le maire, pour justifier l'installation des caméras et invoquer un pouvoir de dissuasion.

Alors même qu'il faisait approuver par sa majorité (et la droite) une étude de 30 000 euros visant à l'extension du système de vidéosurveillance (centre ville ou Maison rouge ?) des voitures brûlaient aux Acacias sans que les enregistrements soient d'une quelconque utilité. Se livrant à une enquête de voisinage (traditionnelle) les policiers ont avoué que les contre-jours leur interdisaient toute identification des auteurs.

Non seulement les caméras n'empêchent pas la commission d'actes délinquants mais en plus elles ne sont pas utiles à la résolution des affaires. Je sais bien qu'on invoque à tout bout de champ le rôle des caméras pour aider à résoudre des actes de grand banditisme. Il faut des dizaines d'opérateurs pour visionner les bandes enregistrées et consacrer un temps fou à exploiter les éventuels indices. Chacun d'entre nous a vu, récemment dans les journaux télévisés, ces images de braqueurs de fourgon à Marseille, cagoulés, gantés, armés (ils ont même tiré !) filmés lors d'une attaque de fourgon se moquant comme d'une guigne des caméras et des policiers sur place mais menacés.

Les caméras posent un problème plus large que la simple prévention et la lutte contre le sentiment d'insécurité. Des maires de gauche et de droite en reviennent et conviennent que rien ne pourra remplacer la présence humaine dans les quartiers pour apaiser les tensions, établir un dialogue avec les jeunes souvent livrés à eux-mêmes. Voilà un rôle parfait pour des médiateurs, des éducateurs, et pourquoi pas, des policiers municipaux. Plutôt que de les armer de Tasers ou de pistolets il vaudrait mieux les armer psychologiquement et rationnellement pour qu'ils soient capables d'établir des liens avec la population et rétablir un dialogue souvent interrompu.

Le collectif a indiqué avoir adressé une lettre au maire de Louviers pour qu'il cesse d'étendre le réseau de vidéosurveillance à la fois parce que ce dernier met en cause des droits fondamentaux, notre liberté d'aller et venir, notre refus d'être considéré comme suspects a priori, et surtout parce que le système est inefficace sur le long terme. Je rappelle que 800 foyers du quartier de Maison rouge ont signé notre pétition contre la vidéosurveillance. Enfin, en cette période de crise financière, il y a mieux à faire que dépenser des dizaines de milliers d'euros dans des investissements totalement improductifs.

8 juin 2010

« Le naufrage » par Eric Roussel

Le 16 juin 1940, la France bascule dans le reniement, le renoncement, la lâcheté. Alors que Paul Reynaud, président du conseil, veut continuer la lutte contre les Allemands et qu'Edouard Herriot et Jules Jeannenay (1) sont sur la même ligne, il se trouve des généraux (Gamelin et Weygand) pour pousser à l'armistice et encourager le maréchal Pétain à revendiquer cette position au sein du gouvernement.

Le 16 juin 1940, il s'agit bien d'un naufrage. Emportés par la déferlante de l'invasion nazie, nombre de politiques se laissent aller au découragement. Il y a bien Georges Mandel et un certain colonel de Gaulle pour appeler à la poursuite des combats, il y a bien André François-Poncet, ancien ambassadeur à Berlin, pour encourager le pouvoir à gagner Alger et y poursuivre la lutte. Malgré la mort de 92 000 soldats français partis au secours de la Belgique et luttant sur des fronts désorganisés, Pétain devient président du conseil et demande l'armistice pour éviter aux militaires l'humiliation de la capitulation.

Éric Roussel, bien connu de la société d'études diverses de Louviers, était invité, samedi dernier, à évoquer son dernier ouvrage (2). Je n'ai pas pu assister à cette conférence mais j'ai lu son livre avec un grand intérêt. Il situe le 16 juin 1940 dans un contexte historique vaste qui va de 1919 à la défaite et explique bien pourquoi le pacifisme et la volonté de faire « payer » la République ont abouti à la signature dans le wagon de Rethondes.

Ce 16 juin 1940, c'est le triomphe de Laval. Cet ancien président du conseil, sûr de lui et de sa politique, va enfin pouvoir prendre sa revanche sur une Assemblée nationale et des hommes de gauche qu'il hait profondément. Le régime qu'il préconise ? Un régime autoritaire calqué sur les totalitarismes allemand et italien…mais qui ne serait pas une dictature !

Heureusement, il y eut l'appel de De Gaulle, la naissance de la France Libre, les balbutiements de la Résistance et le courage de Français et Françaises, d'étrangers aussi, juifs, communistes, socialistes, des Français de droite attachés à la patrie et à la liberté. « La Flamme de la Résistance ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas ». Pétain, après la libération a été condamné à mort puis gracié par De Gaulle. Laval a connu le même sort sans obtenir la grâce du pouvoir.

(1) Herriot et Jeannenay étaient présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat.
(2) « Le naufrage » 16 juin 1940. Les journées qui ont fait la France. Gallimard.

7 juin 2010

Sondages : comment se fabrique l’opinion ?

« Les instituts de sondage manipulent de plus en plus ouvertement l’opinion et tentent d’imposer les idées ou les candidats qui leurs conviennent le mieux, à eux et à ceux qui en leur commandant ces sondages, les font exister.

On se souvient de la manière dont ils donnaient presque tous le oui largement vainqueur en 2005 lors de la campagne du référendum sur la Constitution européenne. On a vu ensuite, à partir de son succès aux élections régionales de l’année suivante, comment ils ont « fabriqué » la candidature de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007, l’imposant dans les faits au Parti socialiste.

Les voici à nouveau à l’œuvre dans la perspective de la présidentielle de 2012, disant à l’opinion quels sont les candidats convenables à leurs yeux entre lesquels il conviendra de choisir le moment venu. L’exemple le plus caricatural de cette manipulation est celui de la candidature supposée de Dominique Strauss-Kahn. Sondage après sondage, ils ne cessent à l’unisson de nous dire que ce dernier serait le mieux placé pour l’emporter sur Nicolas Sarkozy, dont personne ne sait aujourd’hui compte tenu du rejet massif qu’il suscite dans l’opinion, s’il sera en mesure de se représenter en 2012.

Pour dire les choses simplement, avec Sarkozy, la Droite est dans l’impasse. Elle sent bien que la situation risque fort de lui échapper. Et dans la perspective d’un échec à la prochaine présidentielle et de l’arrivée de la Gauche au pouvoir, elle considère que Dominique Strauss-Kahn, social-démocrate largement acquis aux idées capitalistes serait pour elle le moindre mal. À la direction du FMI, il lui a donné et lui donne encore tellement de gages de bonne conduite libérale. Alors, tout est fait pour l’imposer comme candidat de gauche et ce rôle est dévolu aux instituts de sondage. Dominique Strauss-Kahn qui n’a pourtant pas grand-chose de socialiste n’a jusqu’à présent rendu public le moindre élément de ce qui pourrait ressembler à un début de programme de gouvernement. Mais il s’est déclaré favorable à l’allongement de la durée du travail et à la fin de la retraite à soixante ans. Voilà de quoi rassurer le Medef et les marchés. La machine s’est donc mise en marche et le matraquage fonctionne à plein régime.

Cependant, et pour faire bonne mesure, il faut aussi, dans la même perspective, affaiblir ou marginaliser les autres candidats potentiels. C’est le cas avec Martine Aubry. Chaque nouveau sondage la donnant devancée par Dominique Strauss-Kahn tend évidemment à l’affaiblir au sein du Parti socialiste. La méthode utilisée à l’endroit des autres composantes de la Gauche n’est pas vraiment différente. Chez Europe Écologie et chez les Verts, alors que monte un courant de sympathie à l’égard de l’ancienne magistrate Éva Joly, les instituts de sondage, pour la marginaliser, enquêtent sur la popularité de Cécile Duflot.

Enfin, alors que commence à émerger pour le Front de Gauche, la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, ils enquêtent sur Marie-Georges Buffet, pourtant partante de la direction du Parti communiste et qui plafonnerait disent-ils à 3% dans les intentions de vote. Plus fort encore, au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), pourtant chargé de garantir l’exercice de la liberté de communication dans l’audiovisuel, on ne sait même pas qui est Jean-Luc Mélenchon, absent de toutes les hypothèses électorales. Sans doute vient-il de débarquer d’une autre planète ?

Nous n’oublierons pas de sitôt comment les médias dans leur ensemble, presse et audio-visuel confondus, ont ostracisé le Parti de Gauche dès sa création. Impasse quasi-totale sur son premier meeting le 29 novembre 2008 à l’Île-Saint-Denis et sur son congrès fondateur du 30 janvier 2009 à Limeil-Brévannes ; impasse totale sur le meeting du Front de Gauche au Zénith du 9 mars 2009 pour le lancement des Européennes qui réunit plus de 4.500 personnes. Et nous n’aurons pas ici, sur ce blog ami, la cruauté de rappeler au Parti socialiste combien de personnes il parvint à réunir le 23 mars 2009 pour son meeting du « Printemps des libertés » au même endroit et qui cependant eut droit aux honneurs de la presse et des télévisions.

Ainsi se fabrique jour après jour l’opinion. Et pour contrer cela, internet et les blogs sont incontestablement aujourd’hui un formidable outil pour la démocratie. Il suffit de les utiliser. »

Reynald Harlaut

Parti de Gauche

J'ai publié intégralement le texte de mon ami Reynald, c'est la règle du jeu. Ses pertinentes analyses aident à mieux comprendre les différences à gauche. Avant l'union ?
JCH

Crimes et châtiment au Musée d'Orsay

Il ne reste plus que quelques jours pour se rendre au Musée d'Orsay à Paris et visiter l'exposition consacrée aux « crimes et châtiment » inspirée du texte de Dostoïevski. Sur une idée de Robert Badinter et une réalisation de Jean Clair, l'exposition permet de mieux comprendre comment la société juge, condamne (tue aussi) les voleurs, les brigands, les assassins, et de mieux connaître les moyens techniques et philosophiques qu'elle utilise pour justifier le châtiment suprême heureusement aboli en 1981.

« L'exposition envisage une période d'environ deux siècles : de 1791, lorsque Le Peletier de Saint-Fargeau réclame la suppression de la peine de mort, jusqu'au 30 septembre 1981, date du vote de son abolition en France. Durant toutes ces années, la littérature a créé d'innombrables personnages de criminels. Dans la presse, notamment dans les quotidiens illustrés, le crime de sang décuple par la fiction du romanesque sa puissance fantasmatique. Dans le même temps, le thème criminel investit les arts visuels. Chez les plus grands peintres, Goya, Géricault, Picasso ou Magritte, les représentations du crime ou de la peine capitale sont à l'origine d'œuvres saisissantes. Le cinéma également assimile sans tarder les charmes troubles d'une violence extrême, sa représentation la transformant même en plaisir, voire en volupté…»

…« Au-delà du crime, il s'agit de poser encore et toujours le problème du Mal, et au-delà de la circonstance sociale, l'inquiétude métaphysique. A ces questions, l'art apporte un témoignage spectaculaire. Esthétique de la violence, violence de l'esthétique, cette exposition ne saurait que les réconcilier en rapprochant des images de toutes sortes, littérature et musique…»

Dans l'exposition on trouve, sur son passage, une guillotine et une phrase de Marat : « l'instrument du supplice doit susciter l'effroi alors que la mort doit être douce. » J'ignore, quand on a la tête tranchée, si la mort est douce, mais je suis certain que la guillotine peut susciter l'effroi. Le biseau de la lame parait si bien affûté.

Exposition visible jusqu'au 27 juin au Musée d'Orsay à Paris (photo JCH)

6 juin 2010

Charasse et Dray se distinguent

En assurant que Brice Hortefeux n'a rien d'un raciste, Michel Charasse et Julien Dray, deux hommes dits de gauche ou du moins qualifiés comme tels par la presse nationale, se distinguent une fois encore. Pour avoir rencontré Michel Charasse lors de l'inauguration de l'école Coluche à Val-de-Reuil, je sais qu'il a une aversion profonde pour les journalistes et qu'il ne se cache pas pour leur dire tout son mépris. Charasse est un homme intelligent, cultivé même mais c'est un grossier personnage. Il joue d'ailleurs de la vulgarité comme d'un sésame vers une forme d'originalité. En soutenant Sarkozy (sans le dire ouvertement) entre les deux tours de la dernière présidentielle, il a aidé à balayer les espoirs de Ségolène Royal et a reçu sa récompense en étant nommé au Conseil constitutionnel par le président de la République. Alors que cet homme-là vienne donner des leçons de comportement et aide à préciser qui est ou n'est pas raciste, franchement, on s'en tape.

Quant à Julien Dray, c'est une autre histoire. Juju a du mal à se remettre de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet sur des paiements bancaires « jugés suspects » par la cellule antiblanchiment tracfin. On sait que Juju aime les belles montres, les montres très rares et très chères. Il a dit merci à Nicolas Sarkozy qui a fait ce qu'il fallait pour que le député socialiste ne soit plus inquiété par la justice, dise du mal de ses amis et beaucoup de bien de ses adversaires.

Julien Dray, conseiller régional, toujours député, devrait se souvenir qu'un système de dette est toujours pénalisant pour celui qui doit. Quant au créancier, il aurait tort de ne pas profiter de la situation. Les affaires sont les affaires. Je souhaite simplement qu'on ne vienne pas mouiller la gauche dans cette histoire d'Auvergnats à la sauce Hortefeux, le seul ministre à avoir été condamné pour injure raciale.

Les socialistes défendent la retraite à 60 ans

Le Parti socialiste a lancé une grande campagne de défense de la retraite à 60 ans. D'ailleurs, l'immense majorité des Français considèrent cette conquête sociale comme acquise et refusent de voir changer l'âge légal de départ en inactivité. Inactivité est un mot inapproprié car chacun sait que la retraite est un moment idéal pour faire tout ce qu'on ne peut pas faire quand on a un métier, des horaires, des contraintes.

Samedi, sur le marché de Louviers, plusieurs militants de la section PS de Louviers dont Christian Renoncourt, son secrétaire (photo JCH) étaient présents pour distribuer le quatre pages réalisé par les responsables nationaux et visant à bien faire comprendre aux Français pourquoi la volonté du gouvernement de modifier l'âge légal est une injustice. Une vraie injustice qui va, une fois de plus, désavantager les classes moyennes et les professions rangées au rayon de la « pénibilité ».

Le PS propose de taxer les stocks options et les revenus du capital, de revoir les privilèges fiscaux, de supprimer le bouclier fiscal, et d'abonder le fonds de réserve des retraites créé par Lionel Jospin. Une remarque, il semblerait que l'unanimité des socialistes soit acquise aux 60 ans sauf, peut-être, DSK (Dominique Strass-Kahn). Il doit être influencé par les mesures d'austérité qu'à titre de président du FMI, il impose à la Grèce et à tous les pays trop endettés. Répondant récemment à une question d'Arlette Chabot, il a raconté comment son rôle pouvait être comparé à celui d'un médecin : « on m'appelle quand les finances des états vont mal. Je suis là pour proposer un diagnostic et des remèdes. »D'ici l'été 2011, date des primaires à gauche, DSK a encore le temps de s'adapter à la situation française. Martine Aubry sera bien présente pour lui rappeler les évidences à gauche.