8 mai 2010

La CASE va payer cher son isolement

Rien ne vaut une course d'équipe. (photo JCH)

On a beaucoup raillé ma prise de position en faveur de l'adhésion de la CASE à la CREA ou en Français clair à l'agglomération de Rouen. Contrairement aux opinions publiquement affichées par Franck Martin et par Bernard Leroy — ce dernier toujours fébrile à l'égard des dirigeants rouennais — hostiles au Grand Rouen, je suis de plus en plus persuadé que la communauté d'agglomération Seine-Eure a tort de ne pas monter dans le train qui passe. Et qui va passer de plus en plus vite.

Si j'utilise cette expression du train qui passe, c'est justement parce que le Département a publié son étude concernant les lignes à grande vitesse et que la CASE pourrait être une plaque tournante du futur réseau. Que pèsera la voix de Seine-Eure face aux mastodontes que sont le Grand Paris, le Grand Rouen, le Havre et Caen ? La lecture des articles relatifs aux craintes de Louviers face au futur contournement d'Elbeuf n'est-il pas symbolique de l'impuissance de notre ville et de ses élus qui veulent avoir leur mot à dire sans être sûrs d'être écoutés ?

Soyons concrets. La CASE c'est un peu plus de 60 000 habitants. Les atouts du site sont nombreux : situation géographique (l'A13, la Seine, les nationales) équilibre rural-urbain, développement touristique, implantations industrielles porteuses d'avenir (malgré la fermeture de plusieurs entreprises et la croissance du chômage) mais les obstacles se comptent aussi en nombre : vieillissement de la population, villes moyennes malheureusement concurrentes, certains élus trop obsédés par le pouvoir « qui ne veulent pas donner les clés de leur fief aux seigneurs de Seine-Maritime ».

Franchement, ces réflexions peu politiques ne sont pas à la hauteur des enjeux et des ambitions que des élus devraient avoir pour leur territoire. Je rappelle que la CREA (1) c'est 473 000 habitants, un budget conséquent, des services publics maîtrisés, des mutualisations positives (transports par exemple) et la capacité de discuter d'égal à égal avec Le Havre et Caen. Le dialogue devrait donc être ouvert entre Laurent Fabius, président de la CREA et les élus de la CASE.

La crise oblige à des gestes forts. Limiter les gaspillages et rationaliser les fonds publics, cela devient encore plus indispensable qu'hier. Les élus d'Andé ont mis des années avant d'accepter l'entrée de leur commune dans la CASE. Aujourd'hui, ils ne le regrettent pas. Il en ira de même demain pour ceux qui auront le courage de rejoindre la CREA.

(1) CREA : communauté Rouen-Elbeuf-Austreberte

7 mai 2010

Il y a quelque chose de pourri au royaume des capitalistes

Nicolas Sarkozy et François Fillon ont-ils conditionné l'aide de l'Europe aux Grecs (et celle de la France en particulier) à la condition que le gouvernement grec honore les contrats d'armement signés par l'ancien premier ministre Caramanlis ? Daniel Cohn-Bendit a affirmé, ce matin, que M. Papandreou (premier ministre grec) lui avait raconté cela, récemment à Paris, à l'occasion d'un sommet de l'OTAN.

Si le récit de Daniel Cohn-Bendit est vrai, on ne peut qu'être totalement scandalisé par une condition pareille alors que la Grèce se débat dans des difficultés financières presqu'insurmontables et que les citoyens de ce pays se voient imposer des mesures drastiques d'austérité. Franchement, il y a certainement mieux à faire avec l'argent prêté par l'Europe et le FMI que d'acheter des sous-marins ou des hélicoptères, fussent-ils Français.

A ce sujet, c'est déjà Daniel-Cohn-Bendit qui s'est révolté, au cours d'une séance du Parlement européen, contre les conditions financières exigées par l'Europe. L'Allemagne et la France vont emprunter quelques milliards d'euros à 3% alors qu'ils vont prêter cet argent à 5 % aux Grecs ! Autrement dit la France et l'Allemagne vont gagner de l'argent sur le dos des héllènes qu'elles sont censées secourir. Il y a quelque chose de pourri au royaume des capitalistes.

Ça n'arrive pas qu'aux autres ! La garde à vue n'est pas du cinéma

Un moment de vraie vie qui donne à réfléchir sur ce qu'est devenu notre pays.

C’est un reportage dans l’émission de Kathleen Évin l’Humeur vagabonde sur France Inter, le jeudi 6 mai 2010. Martine Abat, journaliste, a rencontré Hélène, militante RESF (Réseau Éducation Sans Frontières), abusivement retenue en garde à vue le 15 février dernier pendant plus de treize heures, par la section anti-terroriste de la brigade criminelle de Paris. En 2009, on a compté jusqu’à 800.000 gardes à vue, mais cela continue en 2010…

Hélène – « Je continue à croire quand même que c’est une erreur, que ce qui est en train de m’arriver, c’était pas possible, c’était quelque chose qui paraissait énorme, à 6h15 du matin, avoir cinq policiers avec des gilets pare-balles, un qui est armé, qui fouille partout. On a l’impression d’être dans les films. Enfin, je suis ressortie de là dedans 13 heures après. Ça a duré 13H25 tout ça. »

Kathleen Évin – « En France, ces derniers mois, il y a eu pas mal de réactions, d’enquêtes et d’articles sur les gardes à vue et sur ce qui maintenant s’appelle le délit de solidarité. Tous les journaux en ont parlé. Il y a eu des exemples partout, et vous Martine Abat, vous êtes allée interroger une petite dame un peu fragile à qui cette chose extravagante est arrivée un matin à 6 heures. »

Martine Abat – « Hélène est assistante sociale et militante depuis cinq ans à RESF, le réseau qui vient en aide aux sans papiers. Depuis deux ans, elle gère une liste anti-rafle, c’est-à-dire qu’elle dispose d’un téléphone portable avec une centaine de contacts de membres RESF et, dès qu’elle est informée qu’une rafle a lieu dans le métro – ce sont des contrôles au faciès assez massifs –, elle envoie un texto à tous ses contacts sur son portable.
Et puis, sale temps pour les militants puisque le 15 février dernier voici : »

H – « Le 15 février à 6h10 du matin, j’ai entendu frapper à ma porte. Donc, je me suis demandée si c’était pas une erreur, si c’était pas des voisins et j’ai attendu un petit peu, et au bout d’un moment j’ai entendu derrière la porte : « police ». Et quand j’ai ouvert la porte, j’ai vu cinq policiers, quatre hommes et une femme avec des gilets pare-balles, qui m’ont demandé si j’étais toute seule. Et quand j’ai répondu oui que j’étais toute seule, ils se sont engouffrés dans l’appartement et ils ont vérifié que j’étais bien seule. Et puis après, ils ont regardé mon chat et ils m’ont dit qu’ils le trouvaient beau et ils m’ont demandé comment il s’appelait. Je leur ai dit Rosa Parks et ils m’ont dit que c’était pas étonnant.

MA – « Rosa Parks, c’est une militante des droits des noirs aux États-Unis. »

H – « Rosa Parks, c’est la première femme noire qui a refusé de se lever pour laisser la place à un blanc. Quand ils m’ont répondu que c’était pas étonnant, là, j’ai compris qu’il y avait quelque chose à voir avec les sans papiers. Je leur ai demandé pourquoi ils étaient là. Ils m’ont dit « Madame, on est là pour vos idées gaucho et vos actes militants ». Quand ils m’ont dit cela, j’ai rien compris. Et au bout d’un moment ils m’ont expliqué qu’ils étaient là pour destruction de DAB (distributeurs automatiques de billets). Parce qu’apparemment, les distributeurs automatiques de billets appartenaient à des banques qui ont dénoncé les sans papiers ».

MA – « Et on en est arrivé à vous ? »

H – « Oui, on en est arrivé à moi, en m’expliquant qu’on était sur mon dos depuis plusieurs mois ».

MA – « Qu’on vous surveillait ? »

H – « C’est ce qu’ils m’ont dit. Au bout d’un moment, ils m’ont expliqué que j’allais signer le papier comme quoi j’allais être mise en garde à vue, et si je voulais un avocat, un médecin, et si je voulais prévenir mon employeur ou quelqu’un de ma famille. J’ai pas compris. Au début j’ai dit que je ne voulais pas d’avocat, et, une fois que j’ai signé, je suis revenue sur ma décision et j’ai dit que oui, je voulais un avocat. Et ils m’ont regardée et ils m’ont dit : « C’est trop tard, vous avez signé, donc, vous n’y avez pas le droit ». Ils ne m’ont pas expliqué que j’allais avoir le droit d’être une demi-heure avec lui. Rien ne m’a été expliqué ».

MA – « Alors là, vous étiez encore en chemise de nuit chez vous, à 6h30 du matin ? »

H – « Et ils regardaient partout. Ils ont fouillé ; ils ont pris des photos, des magazines, et ils cherchaient des lectures subversives. Et ils ont fouillé mon ordinateur. Et ils m’ont aussi demandé si j’avais des photos de manifs. Ils ont regardé les photos qu’il y avait dans mon appareil photo. J’ai appris dans l’appartement que je partais au 36, quai des Orfèvres et au fur et à mesure, les choses, elles s’écroulent, parce que ça devient quelque chose d’énorme. Je leur ai demandé si j’allais sortir le soir. Avant de partir de chez moi, ils m’ont autorisé à prendre mon petit-déjeuner. Ils m’ont demandé si je voulais leur faire un café. Et là j’ai dit qu’il ne fallait pas quand même exagérer.
Ensuite, on est partis au 36, quai des Orfèvres. Ils m’ont pris mes empruntes digitales, les doigts, puis les mains. Ils ont fait des photos anthropométriques. J’avais une ardoise sous la tête avec mon nom et mon prénom. Et après, alors qu’ils m’avaient sortie de mon lit, ils m’ont fait la fouille à nu. Et comme j’ai une maladie génétique – c’est la maladie de Reglinhausen – j’ai des traces dans le dos, sur la peau, ils les ont pris en photos. Ils m’ont expliqué que c’était pour que je sois reconnaissable »

MA – « Et c’étaient des femmes qui faisaient cela ? »

H – « Oui, c’étaient des femmes. Et quand ils m’ont mise en cellule, la femme policier disait à ses collègues : « Elle a plein de choses partout, sur le corps. Elle dit que c’est pas contagieux, mais on sait jamais ». Et ça je crois, des choses comme ça, c’est humiliant. Pour moi ça a été l’humiliation : la fouille à nu, les photos de mon corps et les réflexions.
Et j’ai été descendue pour ce qu’ils appellent je crois l’interrogatoire de personnalité. Ce que faisaient mes parents, ce que faisaient mes sœurs, toute ma scolarité depuis le primaire, quels avaient été mes voyages, enfin tout. Et après, quelles étaient mes opinions politiques. Quand je leur ai demandé pourquoi cette question, ils m’ont dit : « Mais Madame, vous êtes là pour ça, vous êtes là pour vos opinions politiques ».

KE – « Délit d’opinion. »

H – « Ah oui ! Et ils m’ont dit : « vous seriez pas un peu anar ou copine du p’tit facteur Madame ? » Et plusieurs fois, ils m’ont dit : « Madame, on pense que vous êtes innocente, mais on sait jamais, lors du deuxième interrogatoire, vous allez peut être craquer et tout nous raconter ».

MA – « Qui avait détruit ces distributeurs automatiques de billets ? »

H – « Eh bien, en fait, on n’en a jamais vraiment parlé de ces distributeurs automatiques de billets, parce que dans le premier interrogatoire, apparemment, c’était pour savoir qui j’étais, et ensuite je suis retournée en cellule pendant trois ou quatre heures. Quand ils m’ont réinterrogée, lors du deuxième interrogatoire, on n’en a pas reparlé de l’affaire. On m’a redemandé que mes opinions. Sur ce que je pensais des banques qui dénonçaient les sans papiers ; sur ce que je pensais des actes de violence. Et les faits en eux-mêmes, non. C’est moi qui leur ai demandé à quelle date avaient eu lieu les faits parce qu’ils ne m’en parlaient pas. Et les dernières questions, ils les ont modifiées, en fait.

MA – « Qu’est-ce que vous voulez dire ? »

H – Ils ont posé des questions. J’ai répondu et ils m’ont dit : « Madame, faut pas les tourner comme ça ; faut modifier vos réponses sinon ça va vous enfoncer auprès du juge. Ce soir, il vaut mieux tourner les choses de cette manière là ». Moi, je leur ai dit que ce qu’ils étaient en train d’écrire, j’avais l’impression que ça m’enfonçait plutôt auprès du juge que ça m’aidait. Ils m’ont dit : « Mais Madame, faites-nous confiance ». Et il était 17h30. Ça faisait depuis 6 heures du matin que j’étais dans toute cette histoire. Bah j’ai signé ! Parce que je ne savais pas que j’avais le droit de ne pas signer. Je ne savais pas que j’avais le droit de ne pas répondre aux questions et de ne pas signer. Et que si je faisais cela, le risque que j’encourais était qu’on prolonge ma garde à vue, mais c’était tout ».

KE – « Et ce qu’ils ont modifié concernait quoi par exemple ? »

H – « Sur mes opinions toujours. Jamais sur des faits concrets. On était toujours sur mes opinions. Et sur la Colombie, j’avais expliqué que j’étais allée travailler dans une ONG qui faisait de la prévention aux enfants des rues de Bogota. Sur le cahier d’audition, ils avaient marqué que « Je suis allée traîner avec les enfants des rues de Bogota ». Donc quand j’ai relu, j’ai dit que j’avais pas dit ça. J’ai dit que j’avais travaillé. Et ils m’ont dit : « Mais vraiment Madame, vous chipotez sur les mots ! » Et ensuite, il faisait nuit, il était 19h35, ils m’ont refait signer un papier, et là, ils m’ont dit : « Rentrez chez vous ! Allez prendre un bain et remettez-vous de vos émotions ».

« Quand ça m’est arrivé, là, la terre elle s’écroule en fait. C’était tellement énorme ce qui est en train de se passer que je me suis dit : ce soir, je suis à Fleury ».

KE – Vous vous êtes dit cela ? Que vous alliez aller en prison ? »

H – « Oui ! »

MA – « Mais vous n’aviez rien à vous reprocher ? »

H – « Oui, mais ils étaient arrivés chez moi à 6 heures du matin, donc… »

MA – « Vous avez peur de la police ? »

H – « Peur ? Je ne sais pas. Ce qui est certain c’est que s’ils m’ont blessée, s’ils m’ont meurtrie, la seule chose qu’ils ne sont réussi à toucher, c’est à mes idées. Avant le 15 février, j’étais militante, et j’y suis encore. Ça c’est sûr ».

KE – « Voilà : délit d’opinion gaucho et pour avoir appelé son chat Rosa Parks, c’est une dangereuse celle-là ! »

MA – « Hélène a été libérée à l’issue de 13 heures de garde à vue et sans qu’aucune poursuite ne soit engagée contre elle. On lui a quand même confisqué son portable avec tous ses contacts, les autres militants RESF ».

KE – « Cela fait donc plein de personnes qui vont recevoir la visite de la brigade anti-terroriste à 6 heures du matin ! »

MA « Hélène a décidé de porter plainte pour atteinte illégitime à sa vie privée et à son intégrité physique, à sa liberté d’aller et venir ».

Demain soir 7 mai est organisé par RESF par solidarité avec Hélène, un bal de 18H00 à minuit à l’Espace Macaque, à Paris dans le XVIIe.

Transcription
Reynald Harlaut

6 mai 2010

Les temps sont durs, il faut réduire la voilure

La baisse des dépenses publiques pendant trois ans annoncée ce matin par Matignon était inévitable. Le montant de la dette et celui du déficit budgétaire devaient, tôt ou tard, conduire les gouvernants à réduire la voilure. Comme le disait bien un économiste, il y a quelques jours, la crise grecque est mieux comprise par la rue que par les gouvernements. Il ne faudrait pas, pour autant, que les Fillon et compagnie tirent comme conclusion qu'il va falloir freiner les dépenses sociales et taper à nouveau sur les salariés.

Réduire la voilure peut vouloir dire diminuer les dépenses militaires, limiter au maximum les dépenses de fonctionnement non indispensables (le débat est ouvert)…ce qui me fait penser aux choix de la municipalité de Louviers. En deux ans, deux augmentations d'impôts sensibles. Choix facile et laxiste pour ceux et celles qui préfèrent accroître la participation financière des contribuables plutôt que de se serrer la ceinture. L'augmentation des impôts c'est le parti de l'indifférence. Indifférence au sort des classes moyennes ou moyennes supérieures, indifférence à la fuite des habitants à l'extérieur de Louviers pour cause d'impôts locaux trop élevés, indifférence à la précarisation de nombreux Lovériens touchés par le chômage ou le travail intérimaire.

Je ne reviendrai pas sur les choix contestables de la majorité municipale. Je rappelle seulement que Michel Doucet avait tiré le signal d'alarme bien en amont, bien avant la crise financière, bien avant la crise de l'économie réelle. Je sais bien que le maire n'écoute que lui-même. Du temps où Michel Doucet occupait le poste d'adjoint aux finances, sa compétence était reconnue et ses avis avaient le mérite de freiner les emportements du maire. Aujourd'hui, ce dernier se trouve livré à la solitude de ses seuls conseils pas du tout adaptés à la situation. Et avec les conséquences fâcheuses que l'on sait. Il faudra s'en souvenir.

5 mai 2010

Les Français voudront-ils en reprendre pour cinq ans ?

Réunir les préfets, les recteurs, les inspecteurs d'académie pour leur demander un diagnostic sur l'insécurité dans les établissements scolaires, voilà qui est spectaculaire sans doute mais n'aura aucun effet sur les symptômes exprimés par la violence scolaire. Le président est donc en campagne électorale. Le résultat des élections régionales et la gifle qu'il a reçue à cette occasion le conduisent à bomber le torse, à durcir le ton et à requérir la plus extrême des sévérités.

Le fait est que Nicolas Sarkozy n'est plus ministre de l'Intérieur et que de son point de vue, le boulot n'est pas fait. Hortefeux est pourtant son ami. Mais un ami mollasson, à la poigne hésitante. Du moins est-ce ce que pense le président. Après quatre demi-journées d'absence par mois des élèves reconnus comme absentéistes chroniques, les allocations familiales ne seront plus versées aux parents.

Luc Ferry, Jean-Pierre Raffarin et d'autres hommes de droite ainsi que toute la Gauche sont hostiles à cette mesure proposée par un député niçois de la droite extrême, bien qu'adhérent à l'UMP. J'ai déjà dit tout le mal que je pensais de cette mesure qui pénalise des familles déjà dans la dèche. En accentuant la répression on favorisera immanquablement des réactions hostiles. Cette suppression des allocations familiales est une véritable provocation. Et surtout, elle ne résoudra rien.

Toujours est-il que la conduite du président depuis sa défaite de mars indique bien dans quelle direction il va aller. Même s'il recule sur certains projets, la réforme du code pénal par exemple ou la suppression du juge d'instruction, il braque les feux sur l'insécurité et sur l'anti-islamisme primaire. Je ne suis même pas sûr qu'il ira au bout de ses propositions en matière de retraite.

Après une rencontre avec les députés et sénateurs de la majorité, aujourd'hui, Nicolas Sarkozy a laissé entendre qu'il serait à nouveau candidat en 2012 ce dont personne ne doute. On pourra alors le juger sur ses actes et son bilan : agitation, contradictions, mensonges (sur l'environnement par exemple) injustices sociale et fiscale…Les Français voudront-ils en reprendre pour cinq ans ?

4 mai 2010

Hortefeux contredit par Eric Besson

Eric Besson vient d'écrire à son collègue ministre de l'Intérieur pour lui préciser qu'en l'état actuel des textes, il sera impossible de déchoir de la nationalité française le mari de la conductrice sanctionnée pour avoir osé prendre le volant en portant un niqab. On se souvient qu'un policier zélé l'avait verbalisée dans la région de Nantes au prétexte que son vêtement l'aurait empêché de bénéficier de conditions de sécurité optimales alors même qu'elle pilotait son véhicule.

Brice Hortefeux avait pris de gros risques en rendant publique sa demande de déchéance de la nationalité française. Maints avocats et magistrats, experts en droit, avaint soulevé divers obstacles juridiques empêchant cette déchéance. Autrement dit, Hortefeux voulait briller à peu de frais et surtout au mépris de la législation. Ce qui, pour un ministre de l'Intérieur, est fâcheux.

Hortefeux est cet auvergnat aux saillies indiscrètes mais rendues publiques qui voit des musulmans partout : «Quand il y en un ça va, c'est quand il y en a plusieurs que ça pose problème.» Qui a oublié cette fameuse sortie lors d'un rassemblement de jeunes UMP qui nous avait donné également l'occasion d'apprécier la classe de M. Besson et son doigt d'honneur aux journalistes de Canal Plus ?

Continuons avec les ministres. On apprend aujourd'hui que Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, a fait voter en première lecture au Sénat un texte obligeant les professionnels, sportifs, etc. pris en otage dans des pays jugés dangereux à rembourser les sommes engagées par l'Etat pour obtenir leur libération. Fort heureusement, la révolte des syndicats de journalistes va contraindre Kouchner à revoir sa copie devant l'Assemblée nationale : les journalistes et les membres des ONG humanitaires devraient être protégés de cette nouvelle loi totalement scandaleuse. Que quelqu'un ait pu imaginer d'appliquer un texte pareil à ceux et celles qui ont pour mission de décrire le monde et de le décrypter me laisse sans voix.

3 mai 2010

Quand les catholiques intégristes veulent bouffer du Musulman

Le site Rue89 (1) explique bien comment Alain Juppé, maire de Bordeaux, et Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, ont aidé et protégé des catholiques traditionnalistes dont les propos récents et les actes totalement illégaux ont été mis au jour dans une émission de télévision grâce aux journalistes Infiltrés.

Moi-même journaliste, je n'ai jamais fait usage, durant ma carrière, d'un autre titre que celui porté sur ma carte de presse pour obtenir des renseignements ou des informations. J'ai bien conscience que, parfois, cela m'a empêché d'avoir accès à certaines vérités ou a suscité refus et méfiance de la part de certains de mes interlocuteurs ou témoins dont j'aurais aimé entendre les propos. Je m'étais dit que c'était le prix à payer à l'exercice honnête et durable d'une profession qui ne peut tout savoir.

Les infiltrés travaillent caméra et micro cachés. Cela permet d'obtenir des propos bruts de décoffrage exprimant des opinions qui ne seraient jamais proférées devant des journalistes déclarés comme tels. Alors ? Ces journalistes en sont-ils vraiment ? Il faut bien admettre que oui puisqu'ils nous permettent d'avoir accès à des méthodes scandaleuses ou des avis que la morale et la loi réprouvent. Tout de même la fin justifie-t-elle les moyens ? Le débat est ouvert.

Dans l'affaire qui nous intéresse, il est notoire qu'Alain Juppé, maire de Bordeaux et son «ami» Sarkozy ont permis à des intégristes catholiques de bénéficier d'un lieu de culte servant de base agressive contre les prêtres modernes et contre l'Islam. Les propos entendus dans cette émission consacrée à ces fanatiques font froid dans le dos. On entend de nouveaux croisés prêts à massacrer les infidèles. On se croirait revenu à l'époque de Charles Martel !

Gilles Savary, personnalité socialiste bordelaise, est intervenu à de multiples reprises pour dénoncer l'action de ces catholiques prosélytes très proches de l'extrême droite. Le président de Dies irae, une association ayant pignon sur rue, vu à l'écran a même été candidat pour le Front national. Gilles Savary assure qu'il s'agit d'un scandale d'Etat. Je parie que cette affaire va avoir des suites publiques et fâcheuses pour les responsables UMP locaux et nationaux.

(1) http://www.rue89.com/2010/04/29/comment-juppe-et-sarkozy-ont-protege-leglise-traditionaliste-149509