15 décembre 2010

« Tout juste bons à emballer le poisson »

les bancs de la presse lors de la dernière séance du conseil municipal(photo JCH)

Dans une saillie dont il a le secret, saillie verbale rapportée par le quotidien Paris-Normandie de ce jour, le maire de Louviers a exprimé son sentiment sur la presse locale : « Ces journaux (NDLR : La Dépêche et Paris-Normandie) tout juste bons à emballer le poisson. » Si le maire faisait les courses plus souvent il saurait qu'on n'emballe plus le poisson dans des journaux depuis fort longtemps.

Mais cette sortie appelle quelques commentaires. Franck Martin exprime, tout d'abord, le dégoût qu'il ressent à l'égard de journalistes libres, non liés à l'histoire politique de Louviers, observateurs neutres des événements et séquences lovériennes. Ensuite, il fait part du mépris avoué pour des journaux locaux dont l'objectif est avant tout de rendre compte de la vie locale au travers du prisme journalistique forcément soumis aux choix éditoriaux des professionnels de la presse et de leur ressenti personnel.

Il n'est pas surprenant que Franck Martin rende publics sous cette forme insultante ses sentiments profonds vis-à-vis de la presse locale. Il fait partie de ces politiciens habitués à être adulés, encensés, imbus d'eux-mêmes et surpris que la vox populi pense différemment. Il n'aime les journalistes que soumis. Il se trouve qu'à Louviers, ces professionnels changent souvent, qu'ils n'ont partie liée avec personne et ne font qu'exprimer leur liberté.

Cela m'amène à corriger quelques erreurs (volontaires ?) commises récemment par le maire de Louviers, dans Paris-Normandie Dimanche justement. Il affirme avoir été journaliste à la Dépêche de 1978 à 1994. Ce n'est pas exact. Il l'a été, en effet, mais seulement de 1978 à 1984. Ensuite s'il a continué d'être salarié de La Dépêche, c'est en tant que secrétaire général, «responsable» (dans le bon sens du mot) de la gestion de cette société contrainte de déposer le bilan dans les années 93-94 après des années de mauvaise fortune.

En 1994, lors de la vente de La Dépêche au groupe Hersant (1) qui a mis 17 millions de francs sur la table (et non 14) Franck Martin n'a pas trouvé quatre millions de francs ! Il a proposé la création d'une SCOP (2) (je l'ai d'ailleurs suivi dans cette aventure) mais nous n'avons pas été capables de rendre crédible notre offre. Peut-être veut-il parler alors de l'offre de La Dépêche du Midi de Jean-Michel Baylet (actuel président du PRG) arrivé dans le dossier bien tardivement et bien faiblement au plan financier.

Les leçons de tout cela ? Il ne faut jamais accuser les journalistes de ses propres turpitudes. Quand on raconte l'histoire, il ne faut pas la réécrire car il se trouvera toujours un témoin pour corriger les erreurs et rétablir la vérité.

(1) Philippe Hersant n'avait, en juillet 1994, qu'un rival sérieux : le groupe Méaulle. Ce dernier mit la même somme que lui devant le tribunal de commerce d'Evreux mais ne fut pas retenu. Ce groupe racheté par Ouest-France depuis est, aujourd'hui, le propriétaire de La Dépêche… comme quoi !

(2) Une Société coopérative et participative (Scop) est, en droit français, une société commerciale, société anonyme ou société à responsabilité limitée. Soumise à l’impératif de rentabilité comme toute entreprise, elle bénéficie d’une gouvernance démocratique et d’une répartition des résultats favorisant la pérennité des emplois et du projet d’entreprise. Ses salariés-coopérateurs y sont en effet associés (ou « co-entrepreneurs ») majoritaires et détiennent au moins 51 % du capital et 65 % des droits de vote. Par ailleurs, quelle que soit la quantité du capital détenu, chaque coopérateur ne dispose que d'une seule voix lors de l'assemblée générale de l'entreprise. (source wikipédia)

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