27 décembre 2010

Franck Gilard, député UMP des Andelys : plus réac que lui tu meurs !

Photo du site de M. Gilard.

Franck Gilard, député UMP des Andelys, est membre d'un sous-groupe de l'UMP appelé droite populaire. Dans ce sous-groupe d'une quarantaine de députés, on trouve Eric Ciotti, Lionel Lucca, les ultrasécuritaires, et le célèbre M. Vanneste, député du nord, homophobe, favorable à la destruction de la digue séparant la droite du Front national. Ces députés de la droite populaire sont très à droite avant d'être populaires. S'ils sont membres de l'UMP, c'est parce qu'ils auraient honte de côtoyer Jean-Marie Le Pen, toujours infréquentable car il sent trop le souffre de Vichy et de l'Algérie française.

Il n'est pas inutile, cependant, de lire ce que pensent et ce que disent des députés comme Franck Gilard. J'ai sous les yeux le compte rendu d'une réunion des « contribuables associés » que présidait M. Gilard. Ces contribuables associés « contre l'oppression fiscale et la pression des contribuables » sont évidemment des ultralibéraux « pour la liberté individuelle » et contre l'intervention de l'Etat, régulateur d'une économie moins sauvage, moins brutale, moins individualiste.

Franck Gilard outre « qu'il dénonce la culture française de la dépense publique » est l'auteur d'une proposition de loi sur l'incompatibilité entre l'appartenance à la fonction publique et un mandat parlementaire. Le 19 octobre dernier, il déclarait (après avoir précisé qu'il avait beaucoup d'amis fonctionnaires) : « Etre né, bercé, cajolé et nourri par la dépense publique ne développe pas le sens de la responsabilité individuelle dans une société plus libérale telle que nous la souhaitons. » Plus loin, il ajoute : « je suis d'une famille de médecins, de chirurgiens, père, fils, frère. J'ai un jeune fils externe des hôpitaux, payé 200 euros par mois, l'interne est payé 1300 euros et il est entouré d'infirmières beaucoup mieux payé que lui et qui, finalement, ne sont pas des saintes ni des héroïnes et elles travaillent 35 heures…l'état nous a refilé le mistigri grâce à la grande liberté de création et d'expérimentation voulue par M. Raffarin, c'est une connerie monumentale, je le dis tel que je le pense…les intercommunalités n'ont pas joué le jeu. Elles ont repris des compétences et elles ont créé des postes pour pouvoir assumer ces compétences. »

Plus loin encore, M. Gilard attaque bille en tête les postes de cabinets qu'il appelle les postes politiques. Il cite le cas de l'Eure : « je suis dans un conseil général — mais depuis mon double mandat j'ai abandonné mon poste de conseiller général — d'un département de 545 000 habitants, un département moyen. Le président du conseil général de mon département a créé 48 postes de cabinet et j'ai regardé qui était membre du cabinet. Tous les représentants des partis membres de la majorité départementale. On a légalement la possibilité de créer des postes fictifs, c'est un financement déguisé de la politique. Ce n'est pas de la bricole, c'est un million d'euros par an pour un département comme le mien…»(1)

On le voit, M. Gilard conduit une guerre larvée contre les fonctionnaires et contre les élus bénéficiaires de la décentralisation (90 % des élus de gauche et de droite sont favorables à cette décentralisation). Il est vrai que les électeurs, s'ils hésitent à confier la présidence de la République à un homme ou une femme de gauche, sont satisfaits de la gestion des socialistes-communistes-Verts au sein des collectivités territoriales. C'est bien pour cela que Sarkozy a inventé sa réforme-miracle censée affaiblir le pouvoir et les compétences des majorités de gauche. Et Franck Gilard de clamer : « le secteur public vit en état d'apesanteur, il n'a aucune conscience des contraintes qui s'exercent sur le secteur privé. » Et d'argumenter ainsi : « Etienne a parlé. Il est tout propre, il n'a jamais été fonctionnaire, ni son père, ni son grand-père, ni sa grand-mère donc c'est un gars parfait. »

Ce qui est proprement extravagant, c'est l'attaque de Franck Gilard contre les membres des cabinets alors qu'il en est un spécimen tout à fait exemplaire. Au-delà de ses mandats locaux (voir ci-dessous) M. Gilard vit de la politique depuis toujours. N'a-t-il pas été proche de René Tomasini, secrétaire général du RPR, assistant parlementaire d'Alain Pluchet, sénateur UMP ? Les postes qu'il a occupés l'ont été grâce à ses accointances dans le réseau UMP. Et il voudrait en remontrer aux élus de gauche ? Il est tout de même effarant qu'un pur produit de la nomenclature UMP fustige les élus de Gauche quand un Sébastien Lecornu, collaborateur du député des Andelys, est devenu collaborateur de Bruno Le Maire aux affaires européennes et à l'agriculture !
Franck Gilard est membre du groupe de la droite populaire. Il veut lutter contre la fraude des arrêts de maladie, il a voté contre le PACS, il est pour la peine de mort, contre la possibilité pour les fonctionnaires de se présenter à un mandat parlementaire ! Quel palmarès pour cet élu de la nation dont on peut dire : « plus réac que lui tu meurs ! »

A lire sur le site de M. Gilard : « Ancien assistant parlementaire de René TOMASINI, Député maire des Andelys puis de Alain PLUCHET, Sénateur, Franck GILARD a ensuite exercé la profession de Directeur de l’Association des Elus du Littoral sous la présidence d’Antoine RUFENACHT ! Il est devenu ensuite consultant en « relations institutionnelles ». Aujourd’hui Franck GILARD a quitté ses activités professionnelles pour se consacrer exclusivement à ses mandats de Député et de Président du SYGOM. »

Ses mandats électifs : 14/03/1983-18/06/1995 : adjoint au maire de la Roquette (Eure) 18/03/2001 - 2008 : maire des Andelys (Eure) 3/03/1998 - 09/07/2002 : membre du conseil général de l'Eure. Depuis 2002 député de l'Eure.

(1) J'ai appelé un fonctionnaire (le vilain mot !) du conseil général de l'Eure. Je devrais être en possession, très bientôt, de la situation exacte du cabinet et de ses emplois. Car les 48 membres du cabinet sont un produit de l'imagination de M. Gilard.

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