13 juin 2010

Véolia en eaux troubles

Le Canard enchaîné – toujours lui – publie cette semaine un article très complet sur les grandes manœuvres qui viennent d’opposer les principales multinationales de l’eau dans le cadre du renouvellement du contrat d’affermage de la distribution en Île-de-France. Un contrat fabuleux pour un marché de 3,7 milliards d’euros que vient de remporter Veolia, concessionnaire sans discontinuité sous ses successives dénominations (C.G.E. puis Vivendi) depuis bientôt un siècle. Dans ce même article, un encadré dont nous reproduisons ci-dessous le texte, aborde la question de la tarification de l’eau.

« La baisse de quelques centimes du mètre cube que devrait négocier le Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif) fait pâle figure à côté de la décrue des factures d’eau constatée un peu partout. Il y a quelques années, l’agglomération nantaise avait négocié une diminution de 30 % pour la moitié des communes. En 2008, le grand Lyon a décroché un rabais de 16 %, Biarritz de 18 %, et Saint-Étienne de 23 %. Toulouse vient d’obtenir de Veolia une remise de 25 % sur la distribution, ce qui se traduira par une réduction des factures de 12,5 %. Et Montbéliard, où le député PS Pierre Moscovici vient de décider une « remunicipalisation » de l’eau, espère une baisse de 10 %.

À l’origine de cette évolution, l’épluchage serré des contrats par des élus et des usagers mieux informés que naguère. Et l’arrivée d’un nouveau « régisseur » (public ou privé) dans un contexte de compétition : une demi-douzaine d’opérateurs (dont un allemand) se livrent une guerre des prix allant jusqu’au dumping.

Justement, le contrat aquatique de nombreuses villes arrive bientôt à échéance. C’est le cas de l’assainissement marseillais et bordelais (2012), de la distribution de l’eau à Brest (2012), Marseille (2013), Versailles (2014) et dans les communautés urbaines de Lille (2015) et Lyon (2016). Des marchés pour la plupart détenus par le duo Véolia-GDF Suez. Mais ces grands de l’eau savent encore protéger leur territoire, comme le montre l’exemple du Sedif… »

Quand le président de l’Agglomération Seine-Eure vole au secours de Véolia comme il l’a fait il y a quelques mois en déclarant que sa marge bénéficiaire annuelle dans le cadre du contrat de distribution d’eau qui la lie à la CASE serait comprise entre 2 et 3% du chiffre d’affaires, il prend les habitants de l’Agglomération pour des buses. D’abord parce qu’aucun actionnaire ne saurait aujourd’hui se satisfaire d’un si faible rendement. Ensuite parce que si c’était vraiment le cas, on voit mal en effet comment Véolia, dans le cadre de contrats similaires, pourrait consentir une remise de 25% sur la distribution de l’eau à Toulouse sans se mettre en difficulté.

L’acharnement que met Franck Martin à prendre fait et cause pour Veolia qui truste sur l’Agglomération les marchés de l’eau et de l’assainissement, du ramassage des ordures ménagères et des transports, paraît de plus en plus troublant. Cette attitude qui nie les évidences, remet en cause le principe selon lequel l’intérêt général doit passer avant les intérêts privés, fussent-ils ceux de grands groupes adossés au pouvoir. Il nous appartiendra d’en connaître les raisons profondes et de le faire savoir le moment venu à la population.

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