30 mai 2010

Martine Aubry a raison de lutter contre le cumul des mandats, une plaie de notre République

René Dosière, député (apparenté PS) de l'Aisne traque les excès financiers de la Présidence de la République, des membres du gouvernement, et ne se prive pas pour mettre l'accent sur les gaspillages, les privilèges, les absences de scrupules quand il s'agit d'argent public. Il va proposer au Parlement le vote d'une loi interdisant certains cumuls au prétexte que les cumulards font mal leur travail, brillent souvent par leur absence mais continuent de toucher les indemnités liées au mandat qu'ils ont sollicité.

Bien qu'il ne soit plus membre du Parti socialiste, son combat rejoint celui de Martine Aubry et de l'immense majorité des militants de ce parti. A l'approche des élections sénatoriales, bien des voix s'élèvent au PS pour que les règles anti-cumul ne s'appliquent pas, arguant du fait que les candidats de droite ne seraient pas victimes d'un carcan qui nuirait seulement aux intérêts de la gauche.

Je lis ce matin une dépêche indiquant que Christine Lagarde, ministre de l'économie et des finances (photo) a manqué 33 réunions du conseil municipal de Paris sur 44. Autrement dit, elle est présente une fois sur quatre. 75 % d'absentéisme. Qui dit mieux ? Jean-François Lamour, président du groupe UMP au conseil de Paris lui trouve des excuses : elle est trop occupée par ailleurs. Justement, qu'elle démissionne et laisse la place à de gens qui auraient le temps de se consacrer à leur mandat et de l'exercer dans sa plénitude.

Le cumul des mandats et des indemnités est une spécialité française. Il trouve bien des justifications dites honorables. Il faut, assurent les cumulards, être au four et au moulin, pour défendre sa ville, son canton, sa circonscription etc. etc. Non seulement cet argument est fallacieux car il laisse entendre qu'il existe une catégorie d'élus plus «indispensables» que d'autres mais il est surtout complètement faux puisque les élus cumulards ne remplissent pas correctement leur tâche. Ils manquent des séances plénières, ils ne participent pas aux réunions de commissions, ne travaillent pas les dossiers, assurent mal la représentativité de leur ville ou de leur canton, de leur département ou de leur région.

Un élu important de notre région m'a assuré un jour que le cumul lui était nécessaire pour lui assurer un train de vie au niveau qu'il estimait légitime. Voilà donc la vraie raison du cumul des mandats : le niveau de rémunération des élus. Si le montant des indemnités versées aux élus était, disons correct, ce qui n'aurait rien de choquant, la course aux mandats prendrait fin. les avantages seraient évidents : un plus grand nombre d'élus, jeunes, femmes, issus de la diversité pourraient avoir accès à des voies actuellement obstruées par les «professionnels» de la politique qui ont fait d'elle leur métier à part entière.

Lors de la campagne cantonale à laquelle j'ai participé, j'ai fait campagne contre le cumul des mandats. Être maire d'une ville de 18 700 habitants, président d'une agglomération de 65 000 âmes et membre d'un exécutif départemental (ou régional) me semblait irréaliste et choquant. Les qualités personnelles des cumulards ne sont pas en cause. Ils (elles) sont souvent réelles. Mais une journée ne compte que vingt-quatre heures. Et les élus n'ont pas le don d'ubiquité.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je partage complètement votre analyse et il me semble que le PS se grandirait en mettant en application le non cumul des mandats dès les prochaines échéances électorales (adhésion d'une écrasante majorité de nos concitoyens). On demande des sacrifices aux plus démunis et on ne pourrait pas, sous couvert d'être un élu de la république, faire preuve d'exemplarité, de solidarité, d'assiduité politique ... ? Martine Aubry a pour le moment mes faveurs pour les prochaines présidentielles. Son "parler vrai" et sa proximité des réalités du terrain devraient la placer devant un DSK bien trop libéral ... Son discours à la convention, rassembleur, que j'ai suivi en partie sur LCP, m'a séduit.
Pour finir, il va de soi que je ne voterai plus jamais pour un cumulard ; fusse-t'il de ma famille politique !