16 janvier 2010

N'est pas Maurice Clavel qui veut !

Arlette Chabot (Nouvel Obs)

Si j'en juge au buzz suscité par l'attitude de Vincent Peillon annonçant par un communiqué à l'AFP (durant l'émission à Vous de juger) qu'il ne répondrait pas à l'invitation d'Arlette Chabot, directrice de l'information de France 2 pour cause « d'indignité nationale », le responsable d'Espoir à Gauche a été plutôt désespérant. Tous les éditorialistes, sincères ou pas, l'accusent d'avoir été un menteur, un tricheur, d'avoir voulu faire un coup médiatique. Au sein même du Parti socialiste, des voix s'élèvent pour contester cette position individualiste car elle met en cause l'ensemble des dirigeants socialistes et des militants une fois encore contraints de subir les humeurs des ténors médiatiques.

Vincent Peillon est intelligent ce qui rend plus surprenant encore son comportement. Il assure que le débat était «pollué» par la participation de Marine Le Pen et d'Eric Besson et par cette proposition de discussion à 20 h 30 à une heure de grande écoute à quelques semaines des régionales. Le décor était d'ailleurs planté avec une femme portant la burqa en fond d'écran. Mais dans la mesure où il s'était engagé à débattre et donc à être présent, il ne pouvait pas se récuser et fuir une situation pourtant très favorable à ses idées.

Je m'explique. Le débat sur l'identité nationale dérape. Besson se trouve en situation d'échec et Sarkozy aussi puisque c'est lui qui manœuvre. Ce débat, tous les Français le constatent, se résume à susciter des réactions contre les immigrés et l'Islam. Malgré les tentatives de rétropédalage du ministre, ils sont de moins en moins nombreux ceux pour qui ce débat doit perdurer.

Avoir une Le Pen et un Besson dans sa ligne de mire et ne pas profiter de l'occasion est politiquement coupable et va être chèrement payé par Peillon et peut-être le PS dans un contexte pourtant favorable à la Gauche. Martine Aubry, gênée aux entournures, est obligée de « couvrir » Peillon, de charger Besson tout en exonérant Arlette Chabot (pour laquelle je n'ai aucune sympathie)…tâche ingrate.

Il eût été si simple d'honorer son engagement et de se ménager un dégagement idéologique pertinent. Il est vrai que, comme dit l'autre, n'est pas Maurice Clavel qui veut !

Aucun commentaire: