4 octobre 2008

« Le monde est au bord du gouffre à cause d'un système irresponsable »

François Fillon a déclaré hier soir à Antibes : « Le monde est au bord du gouffre à cause d'un système irresponsable » on croit rêver. Le premier ministre de notre pays, le vassal de l'ami des Bolloré, Bouygues et consorts, constate les ravages du capitalisme financier et pleurniche. On sait maintenant que la croissance en France ralentit fortement comme disent élégamment les économistes. En réalité, après une baisse du PIB (Produit intérieur brut) de 0,3 % au second trimestre et de 0,1 % au 3e, nous nous acheminons vers une croissance annuelle plus que molle. Qui dit croissance molle dit peur de l'avenir, épargne maximum, baisse de la consommation, augmentation du chômage (plus 41 000 chômeurs en août). La récession frappe à notre porte.

A qui la faute ? A la crise financière mondiale et au « système » assure le gouvernement. Aux choix économiques et sociaux du gouvernement jure François Hollande : la récession est le produit d'une politique construite sur le paquet fiscal (15 milliards d'euros) et le bouclier fiscal (pas plus de 50 % d'impôts sur l'ensemble de ses revenus). La crise financière mondiale n'a pas encore fait sentir ses effets. Le tsunami nous envahira en deux temps : le reflux d'abord et le flux gigantesque ensuite. Nous n'en sommes qu'à la première étape.

Qui a raison ? Pour que le Diafoirus de l'économie marche sur les brisées de la gauche avec la nationalisation rampante de la banque Dexia, la nécessité d'une régulation plus grande, l'exigence d'agences de notation plus crédibles…soyons surs qu'il y a péril en la demeure. Nicolas Sarkozy demeure pourtant un libéral acharné qui n'hésite pas à taper dans le bas de laine des Français (le livret A) pour que les banques acceptent de prêter aux particuliers et aux petites et moyennes entreprises.

Détournement crie la gauche ! Et elle a raison puisque les excédents du livret A doivent financer le logement social et que ce dernier fait cruellement défaut. Elle a l'air maligne, Mme Boutin, avec son logement à 15 euros par jour…Combien de temps encore, cette crise ? Les plus pessimistes affirment qu'on en a encore pour deux ans. D'autres que seule l'année 2009 sera très dure. En réalité, personne n'en sait rien. Le plus difficile, affirmerait Monsieur de la Palice, c'est de prévoir l'imprévisible. Exemple : Dobelyou Bush nationalisant des banques américaines : le monde à l'envers !

Reprenons la question, qui a raison ? Ceux qui pensent que le libéralisme engendre la recherche du profit maximum par tous les moyens : la spéculation, les délocalisations, l'augmentation de la durée du travail sans vraie compensation, la disparition des acquis sociaux, le règne de loi de la jungle. Avec Staline et l'URSS, le communisme a touché le fond. Avec le capitalisme financier, le rêve américain est devenu un cauchemar. Inventons un monde nouveau.

Maîtriser l'urbanisme commercial comme à Pont-de-l'Arche

Notre photo : la rue du Matrey, à Louviers, un jour de foire à tout. (photo JCH)

Reynald Harlaut vient de m'adresser ce texte :
Richard Jacquet, maire de Pont-de-l’Arche et son conseil municipal viennent de prendre une décision extrêmement intéressante sur le plan de l’urbanisme commercial (La Dépêche n°39 du jeudi 25 septembre, p. 16). Afin qu’elle puisse mieux le maîtriser et l’orienter, ils ont doté la municipalité d’un dispositif innovant, du moins en province : il s’agit d’un droit de préemption sur les baux commerciaux. Nous laisserons le soin au lecteur de lire cet article pour en connaître les détails. Avec un tel outil, il sera désormais possible à la municipalité de favoriser la venue de tel ou tel commerce de détail ou artisanat de qualité dans le centre ancien de la ville et d’écarter certaines activités, qui lorsqu’elles prolifèrent sur un même lieu, ruinent le commerce traditionnel : banques, assurances, agences immobilières, etc.

Cette initiative ne suffira pas, bien sûr, en elle-même à résoudre l’ensemble des difficultés que peut rencontrer le commerce de détail et l’artisanat. Mais en lui permettant d’établir des synergies, en favorisant la venue d’activités variées et de qualité, dont un certain nombre pourraient être directement liées à l’artisanat, il sera intéressant de suivre au cours des années à venir l’évolution globale de ce secteur d’activité à Pont-de-l’Arche. Et pourquoi pas, le cas échéant, de s’en inspirer à Louviers qui a enregistré, faute d’une semblable volonté, une détérioration de la qualité du commerce local au cours de la dernière décennie. Nous avons abordé ce sujet lors de la campagne des municipales.

De ce point de vue, il serait grand temps que la municipalité de Louviers se ressaisisse. Le laisser-faire total, qu’il soit en vertu de la sacro-sainte liberté – on le voit chaque jour davantage avec la crise financière internationale –, ou de l’ordre de l’indifférence, ne peut servir à lui seul de politique et résoudre par lui-même tous les problèmes. Que compte entreprendre le maire de Louviers pour rendre à la ville l’attractivité qu’elle a perdue ?

Reynald Harlaut

3 octobre 2008

Jean-Marc Rouillan et la liberté d'expression

Jean-Marc Rouillan est un ancien membre du groupe criminel Action directe. Il a sur la conscience la mort de Georges Besse et celle de l'Amiral Audran. Il a été condamné à perpétuité pour ces deux meurtres et a passé vingt ans en prison. Depuis 10 mois, il bénéficie d'une mesure de liberté conditionnelle. Travaillant chez un éditeur le jour, il dort en prison la nuit.

Parmi les conditions mises à sa liberté conditionnelle, il en est une que Jean Marc Rouillan n'aurait pas respectée en donnant une interview parue sur le site de l'express : il aurait évoqué les faits pour lesquels il a été condamné ! Ni une, ni deux, le juge d'application des peines, sur réquisition du parquet, l'a placé en détention dès hier soir et il dort maintenant aux Baumettes jusqu'au 16 octobre prochain, date de la réunion du tribunal d'application des peines qui devra juger si oui ou non, il a évoqué les faits en assurant lors de son interview « qu'il n'avait pas le droit de s'exprimer là-dessus » sauf à s'en repentir, ce que Rouillan ne fera pas.

Stricto sensu, Rouillan n'a pas évoqué les faits pour lesquels il a été condamné. Le juge n'avait pas à le placer en détention puisque Rouillan n'est plus un danger pour quiconque et qu'il n'a pas manifesté l'intention de partir à l'étranger. S'il l'avait souhaité, il aurait pu le faire depuis des mois ! Il vient, par ailleurs, d'évoquer son adhésion au NPA, le futur parti anticapitaliste dont Olivier Besancenot sera le leader. Peut-être faut-il voir là la faute majeure de Rouillan ? Ce qui serait tout simplement une atteinte grave à la liberté individuelle comme à celle de choisir sa religion ou son parti politique…ou n'importe quoi d'autre. Le comble est atteint quand le parquet évoque un trouble grave à l'ordre public alors que c'est le parquet qui justifie toute cette agitation autour du cas Rouillan. Le JAP serait-il aux ordres du parquet donc du ministre Rachida Dati ?

Je ne partage aucun des choix anciens de Rouillan. La lutte armée et la révolution violente ne débouchent pas sur la démocratie mais, le plus souvent, sur un pouvoir autoritaire et une dictature. Celle du prolétariat ou une autre ne sont pas plus acceptables. Rouillan se fourvoie quand il affirme que l'action violente peut se justifier. En France, il existe des partis politiques qui s'opposent au pouvoir en place. Les élections ont lieu à des rythmes réguliers. l'alternance est possible même si elle est difficile à réaliser. La seule solution : les élections. Longtemps, les gauchistes ont pensé qu'il s'agissait d'un « piège à cons. » Comme on n'a pas trouvé mieux, il faut s'en contenter. Les lois peuvent être changées. Tout dépend des majorités. A nous tous de favoriser l'élection d'un(e) président(e) de gauche, d'élire des député(e)s de gauche pour avoir un gouvernement de gauche.

2 octobre 2008

Des bagagistes de Roissy et la vidéosurveillance

Reportage édifiant, hier soir, sur les chaines info. On apprend que des bagagistes de l'aéroport Charles De Gaulle s'y livrent depuis des mois à un pillage quasi systématique d'objets précieux, d'ordinateurs, d'appareils photo, de sacs et autres objets, le tout pour la modique somme estimée à 450 000 euros.
Ce fait divers en lui-même n'aurait que peu d'intérêt si l'une des personnes interviewées n'avait lourdement insisté sur le fait que les caméras de vidéosurveillance installées, justement, pour… surveiller les faits et gestes des bagagistes n'ont pas permis de repérer leur manège et n'ont été d'aucune utilité.
Cela me rappelle un ami syndicaliste dont l'usine était truffée de caméras de surveillance et dont les salariés avaient préparé une grève sur le tas de plusieurs jours au nez et à la barbe des employés chargés de contrôler les images. Des stratégies avaient été élaborées pour, évidemment, tromper le DRH qui n'avait pas vu le coup venir. Il faut être naïf ou démagogue pour laisser croire que les caméras empêcheront les voleurs de voler et les pyromanes de mettre le feu aux poubelles. Ou les travailleurs en colère de faire la grève.

Plus haute sera la note…

Ce texte est dû à Reynald Harlaut, décidément très en verve pour notre plus grande satisfaction :

Petite pièce pour chœur sans orchestre, sans salle, sans chemises et sans partitions…
Lorsque fut créée la chorale d’adultes de l’École municipale de musique Maurice Duruflé de Louviers, il y aura dix ans en 2009, la cotisation annuelle fut alors fixée par la municipalité à 100,00 F par participant. En 2001, avec le passage à l’Euro, elle fut donc de 15,24 €. Elle demeura à ce montant jusqu’en 2006.

À la rentrée 2007, nous apprîmes qu’elle passait, sans qu’aucune explication ne nous soit fournie et sans que rien ne soit modifié dans la généreuse dotation en moyens ou en équipements de travail mis à disposition, à la somme de 30 €. 96% d’augmentation d’un coup ! Très belle performance inflationniste qui nous laissa tous pantois. Certes, il pouvait paraître anormal que, comme tous les prix, elle n’ait pas subi chaque année un petit réajustement, mais de là à faire un tel bond ! Il semblait que pendant tout ce temps, on eut oublié notre existence...

De toutes les pratiques musicales, le chant choral est probablement la moins onéreuse, la plus rentable pour adopter le langage d’aujourd’hui. Un professeur, chef de chœur, pour 40 ou 50 élèves, cela est évidemment sans commune mesure avec la pratique d’un instrument comme le piano. Résumons : investissement en matériel : un petit clavinova qui durera autant d’années que tiendra le ruban adhésif qui le pansait de tous côtés afin qu’il ne s’éparpille pas en menus morceaux… Paix à son âme ! Lieu d’exercice : d’abord squatt de l’auditorium de la médiathèque Boris Vian, puis installation dans celui de l’ancienne école maternelle Édouard Herriot. Non, je plaisante, l’ancien dortoir des petits : ravissant espace avec, au sol, petit carrelage années 50 en grès cérame 10x10 porphyré très branché et sur les murs, charmant papier-peint vichy bleu et blanc. Bon, d’accord, il partait çà et là en lambeaux, mais…on avait tout de même de l’électricité et du chauffage. De quoi se plaignent-ils ?

Pour s’asseoir – car les chanteurs ont, de nos jours, des exigences –, les vieilles chaises quinquagénaires de l’ancienne salle des fêtes étaient toutes désignées, marquées des lettres SdF – ça ne s’invente pas –, le luxe, quoi ! Enfin comme sanitaires – car il leur faut même des commodités –, l’abondance : des cuvettes de WC alignées en rangées pour les petits de trois ans… Génial, non ? On n’en manquait pas : il y en avait environ une pour deux choristes et autant de lavabos. On ne savait plus qui remercier.

C’était vraiment trop beau. Dès l’avant-dernière rentrée, la municipalité investit à crédit dans un chausse-pied afin que nous puissions tenir à 50 plus le piano demi-queue qui y est à demeure dans une salle de classe prévue à l’origine pour 25 enfants et sans piano. Économies d’énergie garanties. Plus besoin d’ouvrir les radiateurs. Et tant pis si les cantatrices ont des vapeurs…

Nul doute que si nous n’avions pas ce merveilleux chef de chœur qu’est Lydia Morvan-Vincent dont chacun s’accorde à souligner la compétence, le dynamisme, la gentillesse, le sourire indéfectible, la bonne humeur communicative, beaucoup des choristes, en dépit de la solide amitié qui nous unit, eussent probablement été voir ailleurs depuis longtemps déjà.

Les temps sont durs, c’est la crise nous répète-t-on. Et depuis quelques mois, les nuages semblent s’amonceler sur les finances locales. Nous en avons à présent la preuve. Nous venons d’apprendre que la cotisation annuelle passe en 2008 de 30 € à 40 € – Ouf ! Seulement 33% d’augmentation –, en attendant sans doute 50 € dès l’an prochain. Les chausse-pieds sont devenus hors de prix, les premières traites arrivent, et Denis Lahaye, notre adjoint à la culture, ne nous oublie pas… Il rêve à présent d’investir dans un peigne à poux pour racler les fonds de tiroirs. Encore un petit effort M. Lahaye et le chant choral deviendra bientôt une activité élitiste.

Par bonheur, car nous sommes résolument optimistes, nous ne doutons pas un seul instant que chaque Euro ainsi laborieusement récupéré va pouvoir grandement aider le Maire à payer les travaux de notre future nouvelle école de musique. On pourrait peut-être même créer une association et donner gratuitement des concerts payants pour recueillir des fonds à cet effet. Il paraît que c’est à la mode.

Reynald Harlaut

Et si la crise financière américaine des subprimes n’était qu’un hors-d’œuvre ?

Le texte publié ci-dessous est dû à Reynald Harlaut, un collaborateur talentueux de ce blog.

« Frédéric Lordon est économiste, et même docteur en économie et chercheur au CNRS.
Il sait donc de quoi il parle et se situe évidemment aux antipodes de Nicolas Sarkozy, notre Diafoirus de l’économie. Il signe régulièrement dans le Monde diplomatique des enquêtes très fouillées sur la situation de l’économie mondialisée. Ses articles ont ceci de remarquable – et c’est là le signe des gens supérieurement intelligents – qu’ils permettent à tout un chacun, non spécialiste de l’économie, voire même béotien comme je le suis dans ce domaine, par l’usage de mots et de phrases par tous compréhensibles, d’aborder le monde extraordinairement complexe de la finance internationale, et même de se croire un peu moins stupide. En outre, il n’a pas ce côté pédant, opportuniste et donneur de leçons qui rendent insupportables les discours de MM. Jacques Attali ou Alain Minc pour ne citer qu’eux.

C’est grâce à un article qu’il avait publié en septembre 2007 dans le Monde diplomatique sous le titre « Quand la finance prend le monde en otage » que j’ai découvert et compris avec effarement ce qu’était et comment fonctionnait le système diabolique des subprimes américaines. Je pensais alors que les banquiers et les financiers américains avaient atteint pour « faire de l’argent » comme ils disent, la quintessence du cynisme et de la perversité.

Eh bien je me trompais. Car si j’en crois les termes de son dernier article paru dans le numéro d’octobre du Monde diplomatique sous le titre « Le jour où Wall Street est devenu socialiste », les subprimes, qu’on se le dise, ne constituaient en sorte de la crise qu’un délicieux hors-d’œuvre. Sans entrer dans les détails de ce très long article, selon Frédéric Lordon, le plat de résistance est à venir. Il a pour nom les Alt-A mortgages.

Les subprimes ne consistaient, oserait t-on dire, qu’à prêter de l’argent à des gens qu’on savait fragiles en leur proposant des taux progressifs, avec des remboursements très raisonnables les deux premières années, puis une montée régulière les étranglant progressivement, mais en douceur. Efficace, et presque sans douleur… Ils sont autour de 3 millions de foyers américains à avoir comme cela déjà tout perdu ; et la maison, dont on les a expulsés pour la vendre, ne vaut plus rien. Pour eux, pas la moindre pitié ! Ils continueront de rembourser leur dette s’il le faut toute leur vie, tant qu’ils disposeront du moindre revenu. De ces crédits pourris, il s’en est tout de même vendu pour 885 milliards de dollars. Vous savez, cette fameuse croissance américaine dont nous rebattait les oreilles le candidat Sarkozy : c’étaient eux. Et, pour faire simple, les 700 milliards de dollars que M. George W. Bush essaie de soutirer aux contribuables américains pour renflouer les banques, sont destinés à éponger cette casse.

Avec les Alt-A mortgages, c’est trop fort comme disent les gamins à l’école ! C’est toujours de l’argent qu’on prête à des gens qu’on sait fragiles voire insolvables, mais là, pour les faire signer, on va beaucoup plus loin et plus fort encore… On leur propose de seulement commencer à rembourser dans deux ans, trois ans, voire cinq ans. Irrésistible, non ? Et là, sauf miracle, c’est 100% de pertes ! Ce système, mis en place depuis 2006 commence à peine à produire ses premiers effets, désastreux bien sûr. Et de ces crédits hyper pourris, il s’en est vendu, tenez-vous bien, pour 1.000 milliards de dollars selon Frédéric Lordon. C’est donc une sorte de bombe nucléaire à retardement qui attend d’exploser dans six mois, dans un an, dans deux ans.

Car combien de ces créances insensées ont été titrisées comme l’ont été les subprimes après avoir été réduites en confettis puis mélangées à des produits plus respectables et disséminées à travers le monde ? Nul aujourd’hui n’est capable de le dire. Mais déclarer comme le font le Premier ministre François Fillon et Mme Christine Lagarde, ministre de l’Économie, « que l’orage est passé, que la bulle financière a crevé , que c’est l’affaire d’un an, etc…» et laisser à croire que la France (dans une économie sauvagement mondialisée dont eux-mêmes et la Droite nous expliquaient il y encore peu tous les avantages) sera miraculeusement épargnée, relève du mensonge le plus éhonté, parce que pour ces deux-là, on n’osera même pas mettre en avant comme pour notre Diafoirus de l’économie, l’aveuglement total et la totale incompétence.

Reynald Harlaut

Frédéric Lordon est l’auteur de plusieurs ouvrages. Son dernier à paraître en novembre prochain a pour titre Jusqu’à quand ? Pour en finir avec les crises financières, Éditions Raisons d’agir, Paris.
Le site de Frédéric Lordon :
http://frederic.lordon.perso.cegetel.net/
L’article de Frédéric Lordon du Monde diplomatique de septembre 2007 :
www.monde-diplomatique.fr/2007/09/LORDON/15074

1 octobre 2008

Vingt quatre signatures de plus ce soir

Rien d'exceptionnel. Rien d'étonnant. Ce court papier n'a qu'un seul objectif : démontrer au maire de Louviers que ses insinuations par définition malveillantes sont déplacées et injustes. Au cours de la dernière séance du conseil municipal, par une allusion vaseuse, il a laissé entendre que les signatures de notre pétition contre la vidéo-surveillance étaient…extorquées. Le mot n'a pas été prononcé mais le maire le pensait si fort que nous l'avons entendu.

Pour son information et celle de tous les lecteurs de ce blog, je précise que nous étions cinq ce soir, à faire du porte à porte dans le quartier de Maison rouge de 18 à 19 heures et que nous avons recueilli vingt-quatre signatures supplémentaires. Ces signatures (avec nom, adresse et paraphe manuel) ont été recueillies parfois rapidement, parfois après quelques explications, et il est arrivé que des locataires refusent de signer précisant qu'ils sont d'accord pour l'installation des caméras. Une jeune femme m'a dit : « Je sais que cela ne sert à rien, que les caméras seront cassées ou démontées mais elles me rassureront. » Tout cela pour dire que nous n'avons violé aucune conscience ni volé aucun agrément. Etait-il besoin de le préciser ?

Je profite de l'occasion pour conseiller aux élus de la majorité de l'assemblée communale d'écouter vraiment les habitants du quartier. Ils ont tant de choses à dire qui méritent d'être entendues. Evidemment, il faut prendre le temps d'aller à leur rencontre. Et de cela nous ne nous lasserons pas.

Usine Audresset : la fin des fins de l'industrie textile lovérienne

Photo : l'usine a malheureusement été victime de deux incendies qui ont détruit des bâtiments industriels magnifiques. (photo JCH)
L'histoire de l'industrie textile de Louviers a pris fin avec l'arrêt des activités de l'usine Audresset située rue du Port. Ses bâtiments industriels auraient dû être protégés pour un destin meilleur. Deux incendies, en effet, sans doute dus à des visiteurs imprudents, ont causé la perte de la plus grande partie du bâti et donc d'un patrimoine dont ne subsistent qu'un pan de mur et une cheminée. Au cours de la dernière séance du conseil municipal, la ville s'est portée acquéreur de la propriété comportant un terrain de près de cinq hectares (une large partie est polluée) au prix de 275 000 euros.

Mme Baudet, adjointe à l'urbanisme, indique « qu'il est possible d'y envisager la création d'une base nautique avec centre de canoë-kayak ainsi que la création d'une coulée verte le long de l'Eure avec promenade et parcours de santé. » En réalité, aucun projet précis n'est à l'étude. Tout est encore ouvert et si une commission municipale existait, rien ne lui interdirait de faire des propositions pour utiliser ce terrain au mieux. Je sais, il est très archaïque de se réunir pour proposer. Alors imaginons un groupe de pilotage qui prendrait à bras le corps l'avenir de ce terrain magnifiquement situé et permettrait à la collectivité de définir un projet consensuel conforme aux vœux des habitants des quartiers Est de Louviers qu'on pourrait associer à la démarche municipale.

30 septembre 2008

Fadela Amara pose la première pierre de la Résidence des Falaises à Val-de-Reuil

Qu'il est difficile d'être Secrétaire d'Etat à la Ville quand il n'y a plus d'argent dans les caisses. C'est ce que vit Fadela Amara, l'ancienne présidente de « Ni Putes Ni Soumises » en visite ce mardi à Val-de-Reuil. Accompagnée de Marc Antoine Jamet, maire de la ville et François Loncle, député, la ministre a d'abord posé la première pierre d'un ensemble « collectif et pavillons » à l'entrée de la ville dont la date prévisionnelle de mise en service est janvier 2010.
Elle a ensuite signée une convention liant l'Etat et les chefs d'entreprises qui se sont engagés à embaucher des jeunes des quartiers dits sensibles. Enfin, Fadela Amara qui n'a pas sa langue dans sa poche a répondu aux questions d'un public nombreux réuni dans la salle de conférence du collège Alphonse Allais version Atelier des deux Anges.

Cette visite avait lieu au moment même où l'Etat ordonnait à la Caisse des Dépôts et Consignations de faire un chèque de trois milliards d'euros pour sauver la banque Dexia (la banque des collectivités locales). Suivant le sacro-saint précepte « on socialise les pertes et on privatise les profits », Nicolas Sarkozy, notre Diafoirus de l'économie, s'est dit-on levé à 5 heures du matin pour discuter avec François Fillon et Mme Lagarde ainsi qu'avec le numéro 1 de la banque de France avant de rencontrer les banquiers français et les assureurs.

A leur sortie, les experts ont parlé de la solidité des banques et compagnies françaises comme le gouvernement de l'époque évoquait l'absence de danger du nuage radioactif de Tchernobyl qui s'était, par miracle, arrêté à nos frontières. On sait ce qu'il advint. On trouva des traces de résidus radioactifs dans l'Est de la France, certes, mais aussi en Corse et ailleurs.

Ne paniquons pas mais nous devons nous attendre à une cascade de mauvaises nouvelles. Récession, pouvoir d'achat en berne, chômage… les années 2009 et 2010 vont être délicates. Et François Fillon a le mauvais goût d'appeler à l'union nationale après que son gouvernement a fait cadeau de 15 milliards d'euros aux plus favorisés (le paquet-boulet fiscal) et ne possède plus aucune marge de manœuvre. On entend même Hervé Morin (Nouveau centre) évoquer un changement dans les équilibres mondiaux avec affaiblissement des Etats-Unis et montée de nouvelles puissances (Chine, Inde etc.)

En attendant la suite, François Loncle a interrogé la ministre sur la suppression de la Dotation de solidarité urbaine à de nombreuses villes de plus de 10 000 habitants leur causant un préjudice évident : « Ce gouvernement a la fâcheuse habitude, a-t-il déclaré, de transférer des charges sans contreparties financières. » Fadela est consciente de la difficulté mais comme son budget « opérationnel » augmentera de 9 % en 2009, elle ne se plaint pas trop. Elle est, avec Martin Hirsch, la bonne conscience d'un gouvernement de droite dans le pétrin.

Christine Théault remplacée par Michel Doucet

Changement à gauche au sein du conseil municipal de Louviers. Christine Théault, élue sur la liste conduite par Christian Renoncourt, a adressé sa lettre de démission au maire. Elle s'appuie sur l'impossibilité pour une élue de l'opposition de conduire une action positive eu égard aux attitudes de la majorité et de celle de son chef de file en particulier.

Michel Doucet, ancien adjoint aux finances (notre photo) va donc entrer au conseil municipal. Sans minimiser l'apport de quiconque, il va de soi que les compétences de Michel Doucet dans divers domaines et dans le domaine financier en particulier vont donner du poids aux arguments de l'opposition de gauche. Disséquer un budget, découvrir les ficelles, mettre au jour les erreurs de gestion ou les fautes, voilà des qualités dont va faire preuve l'ancien cadre bancaire spécialisé dans les finances locales.

Ce renfort important pour l'opposition doit faire « sourire » jaune Franck Martin qui, depuis sa réélection, a cité à plusieurs reprises Michel Doucet. Celui-ci assis habituellement dans le public, va donc occuper un poste en première ligne au sein même de l'assemblée. Il ne doit s'attendre à aucune mansuétude ni bonne manière de la part du maire qui a pourtant reconnu publiquement et en privé que l'absence de Michel Doucet au sein de la municipalité était, pour lui, un handicap sérieux.

Apaisant mais perfide

Dans son nouveau rôle, le maire de Louviers conserve, tout de même, du venin dans la seringue. Interpellé par Gérard Prévost et Christian Renoncourt sur l'éventuelle installation de la vidéosurveillance dans le quartier de Maison rouge, Franck Martin a confirmé que cette installation se ferait même s'il reconnait — c'est un progrès — « que la vidéosurveillance a des qualités et des défauts. » Il n'a pas explicité son propos mais on aimerait connaître les défauts (vus par le maire) de ce système dont il affirme sans sourciller qu'il a fait chuter la délinquance en deux mois d'installation dans le quartier des Acacias. Comme on ne dispose d'aucune statistique officielle et fiable, c'est facile…aux Acacias, nous avons recueilli, aujourd'hui, plus de 120 signatures hostiles à l'espionnage filmé.

Ce qui est réellement regrettable, c'est la phrase suivante prononcée lundi soir lors de la réunion du conseil municipal : « On sait comment vous obtenez les signatures au bas de votre pétition. » Qu'insinue le maire ? Qu'on utiliserait des moyens déloyaux, qu'on exercerait des pressions sur les habitants des quartiers, qu'on n'évoquerait pas les dangers de la vidéosurveillance pour ne parler que de la pluie et du beau temps ? Cette affirmation sans preuves est déloyale et perfide. Le collectif le met au défi de rendre public tout acte contraire à l'objectivité de notre combat contre un outil cher, déjà dépassé, totalement inefficace.

D'ailleurs le maire nous donne raison quand il assure que la rénovation du quartier Saint-Hildevert (où sévissaient selon lui violence et incivilités avant la démolition des immeubles et la rénovation avec construction de pavillons) est un quartier aujourd'hui tranquille où des caméras seraient totalement (selon la logique du maire) inutiles. Si les habitants de Maison rouge voient leurs conditions de vie évoluer positivement, si le quartier n'est plus un ghetto, si la cohésion sociale y est assurée, si les jeunes sont reconnus…pourquoi y installer des caméras ?

38 millions d'euros pour le quartier Maison rouge

Photo : Dernière séance pour Gérard Prévost (à droite) qui siège sur les bancs de l'opposition de gauche avec Christian Renoncourt et Claudine Dutheuil. (Christine Théault avait donné pouvoir)

Le conseil municipal de Louviers, à l'unanimité, a adopté lundi soir la convention liant les douze partenaires de l'opération de rénovation urbaine du quartier de la Maison rouge. Le maire, face à un public venu nombreux, a détaillé les objectifs d'un plan de 38 millions d'euros de 2008 à 2013 avec une participation financière de la ville à hauteur de 8 %.
Ce plan peut être résumé en une formule : « faire un quartier où il est bon vivre. » Le diagnostic établit que ce quartier de Maison rouge est marginalisé, que les habitants se sentent isolés du reste de la ville. Les opérations d'urbanisme à lancer comprendront des rénovations, des démolitions et de la « résidentialisation ». Derrière ce mot, il faut entendre « être heureux d'avoir un chez soi…une forme d'appropriation de l'espace, le logement étant le prolongement de soi-même…»
Outre le réaménagement des espaces publics existants, des lieux de stationnement, la création de liaisons nouvelles, le plan prévoit la construction de cinq équipements : centre de loisirs, pôle petite enfante (crèche, haltegarderie) centre social complet, équipement multisports et salle de futsal, un sport en vogue demandé par les jeunes du quartier. Des efforts seront faits en faveur du tri sélectif avec des outils modernes évitant les poubelles laissées à tout vent.
Le maire insiste sur la somme mis en jeu « c'est l'équivalent de cinq à sept ans d'investissements de la seule ville de Louviers ».
Pour la droite, « trop de questions restent sans réponse ». Olivier Aubert a insisté sur l'insécurité. On pouvait s'y attendre, c'est son cheval de bataille. Gérard Prévost dont c'était le dernier conseil municipal (il a démissionné hier soir et sera remplacé par Sophie Ozanne) approuve le plan de rénovation « même s'il vient bien tardivement ». Il a interrogé le maire sur les conséquences des démolitions, le relogement, le prix des loyers, les conquences fiscales et ajoute : « Les conditions de vie s'amélioreront, la vidéosurveillance sera d'autant moins nécessaire. » Il souligne que la pétition du collectif antividéosurveillance recueille de nombreuses signatures démontrant que les habitants préfèrent des animateurs et des médiateurs plutôt que des caméras.
Christian Renoncourt fait le même constat : « nous constatons que les gens de ce quartier se sentent délaissés, il faut mettre le paquet et associer les élus de l'opposition à ce projet ».
Le maire a également indiqué que des commerces et services viendraient s'installer dans le quartier. Il a cité : des médecins, des infirmières, un kiné, une boulangerie, une supérette…

Le règlement intérieur du conseil municipal a soulevé des remarques et des observations sur l'absence de commissions municipales. Le maire refuse les commissions technocratiques et archaïques et leur préfère des commissions répondant « à une logique de projets. » Il invite tous les élus à composer un groupe de travail qui rédigera le texte définitif définissant la nature et la composition de ces comités de suivi ou de pilotage « qui pourront durer 15 jours, 15 mois ou…15 mandats… »

Que dire de cette réunion de conseil ? Franck Martin est visiblement désireux de changer son image. Même s'il reste le chef d'orchestre de la majorité, omnipotent et seul à discourir, il n'a pas manifesté de mépris pour ses opposants écoutant sans les interrompre les différentes composantes municipales de droite et de gauche. Ses repas avec le préfet auraient-ils un impact sur son son comportement ? Ou est-ce la pratique du sport qui produit des endorphines reposantes ? La proximité du marathon Seine-Eure a incontestablement une influence apaisante.

29 septembre 2008

Graves incidents à la Foire Saint-Michel

De graves incidents ont opposé, samedi soir, sur le périmètre de la foire Saint-Michel, des jeunes appartenant à la communauté kurde de Val-de-Reuil à d'autres jeunes de la communauté turque de Louviers. Les heurts entre les deux groupes ont fait quatre blessés, une personne ayant même une épaule fracturée. Les CRS sont intervenus avec matraque et grenade lacrymogène. Le maire s'est rendu sur place et, face à la colère de certains forains, a menacé de fermer la foire. C'était le moyen de ramener le calme, ces derniers réalisant un chiffre d'affaires conséquent le samedi soir.
Il est dommage que ces incidents aient quelque peu gâché le bilan de cette foire favorisée par un temps exceptionnellement beau. Dimanche, la foire à tout dans le centre-ville a connu son flot habituel de badauds et de visiteurs venus de tout le département et d'ailleurs.

28 septembre 2008

Xavier Bertrand lâche le morceau : les départements appelés à disparaître

Malgré les précautions de langage évidente compte tenu des enjeux et des levées de boucliers à venir, Xavier Bertrand, ministre du travail et important hiérarque de l'UMP a assuré dimanche « que le niveau de compétences intéressant, c'est l'intercommunalité et la région…les départements et les régions devraient se regrouper ».

Après les déclarations récentes de Nicolas Sarkozy sur le trop plein d'échelons administratifs (ce qui coûterait trop cher d'après le président) on comprend que le morceau est lâché. Les dirigeants de l'UMP et le gouvernement vont, progressivement mais avec insistance, plaider pour la suppression des départements. Ils sont malins. Ce ne sera pas décrété du jour au lendemain mais le rouleau compresseur sémantique est en marche.

Faut-il rappeler que la majorité des département est gérée par la Gauche, que 20 région sur 22 ont une majorité de Gauche et que 60 % des habitants des villes ont des élus de Gauche majoritaires dans les mairies. Sans « l'anomalie » du mode d'élection des sénateurs, le sénat serait également animée par une majorité de Gauche.

Les conseillers généraux savent maintenant à quelle sauce le pouvoir veut les manger. On sait que le responsable électoral de l'UMP a imaginé un système dans lequel les conseillers généraux deviendraient également conseillers régionaux. On mettrait fin au scrutin actuel pour les élections régionales et on en reviendrait au scrutin cantonal uninominal, majoritaire à deux tours, dans lequel la droite a le moins à perdre.

En Haute-Normandie, le rapport de forces ne changerait sûrement pas. Il n'en sera pas de même dans d'autres régions de France. Attention aux mauvais coups. Une Gauche prévenue en vaut deux.