5 décembre 2008

Pas d'unanimisme de façade au Parti socialiste

Martine Aubry fait ce qu'elle a dit qu'elle ferait. S'appuyant sur les 71 % des suffrages des militants obtenus lors du vote des motions, autrement dit sur les lignes politiques de Bertrand Delanoë, Benoit Hamon et la sienne, elle a rédigé un texte d'orientation qu'elle a soumis aux amis de Ségolène Royal et à Ségolène Royal elle-même. Elle a conditionné la présence des « royalistes » dans les instances dirigeantes du parti à leur approbation de la ligne politique ainsi définie. Vincent Peillon, l'un des principaux conseillers de Ségolène Royal a regretté de ne pas avoir été associé à la rédaction du texte mais il a précisé que le refus de tout accord avec le MODEM (contenu dans le texte) empêcherait les royalistes d'approuver cette ligne politique. Par conséquent, ils s'abstiendront samedi lors du vote du conseil national.

Pour une fois, le PS ne va pas adopter une ligne mi-chèvre, mi-chou. Avec Martine Aubry, il fallait s'attendre à ce qu'elle agisse conformément à ses déclarations d'il y a quelques semaines : « c'est la ligne politique qui conditionne les alliances, ce ne sont pas les alliances qui conditionnent la ligne politique. » Les socialistes, dans leur grande majorité, ont adopté une ligne refusant tout accord national avec le MODEM. Bien sûr qu'il y aura ouverture, bien sûr qu'il y aura un renouvellement mais pas dans la confusion. C'est le premier message que je retiens de l'abstention des royalistes.
Le second message, corollaire de leur attitude, est le positionnement à gauche de Martine Aubry et de la future direction. Elles n'iront pas par quatre chemins : opposition claire et nette à Nicolas Sarkozy et sa politique, question sociale au cœur du projet socialiste, réarmement de la puissance publique, relance par l'amélioration du pouvoir d'achat et des salaires et non pas relance par les cadeaux aux entreprises sans obtenir de contreparties solides.
Le troisième message s'adresse aux militants socialistes. Martine Aubry veut un parti de militants, pas un parti de godillots ou de fans. Pas un parti d'admirateurs béats forts pour faire exploser l'applaudimètre au Zénith. Un militant c'est un homme ou une femme, un jeune ou un vieux, un salarié du privé ou de la fonction publique, un cadre ou un ouvrier, un étudiant ou un chômeur. C'est quelqu'un qui prend de son temps pour distribuer des tracts, coller des affiches, participer aux réunions de sections et au débat d'idées. C'est quelqu'un qui apporte sa générosité, son désintéressement, son envie d'apprendre et d'échanger ce qu'il sait. C'est beaucoup plus qu'une machine à voter.

Légende photo : Les salariés de Tyco ont reçu le soutien officiel du Parti socialiste, samedi dernier, lors de la manifestation dans les rues de Louviers. Martine Aubry souhaite que les militants socialistes retrouvent le chemin des manifestations et se rangent derrière des banderoles aux textes non équivoques.

2 commentaires:

Vernonbluzz a dit…

Je constate un flagrant délit de contre-vérité, cher Jean-Charles. Tu crédites, en début de note, Martine Aubry de 71% de votes en sa faveur, lors des motions. Or, tu n'ignores pas que c'est le second tour qui compte, après les divers rassemblements. Si ma mémoire est bonne la Première Secrétaire a obtenu un peu plus de 50% des voix et Ségolène Royal un peu moins de 50%. Eh oui! c'est cela la réalité.

Jean-Charles Houel a dit…

D'accord sur le résultat du vote des militants au second tour (vote pour une présidentiable ?) mais je reste convaincu du primat du vote des motions définissant les projets politiques. Le rassemblement de Ségolène s'est fait…avec elle-même ce qui n'est pas le cas de Martine Aubry. Elle a réussi à Solférino ce qui n'a pu être réalisé à Reims : la synthèse sur une ligne, une équipe, qui réussira (ou échouera) et sur laquelle elle sera démocratiquement jugée.