31 octobre 2008

Le devoir de résistance pour empêcher le pire

Le collectif est dans le vrai. Il va poursuivre son travail pédagogique auprès de la population. Personne ne nous découragera. (photo JCH lors de la conférence de presse de la St-Michel)
Au cours de la soirée-débat organisée mardi par le collectif anti-vidéosurveillance, on a vu le maire se dresser sur ses ergots et compter un à un les auditeurs venus écouter Dominique Guibert, invité à détailler comment le pouvoir utilise les nouvelles technologies pour transformer notre société en un monde nouveau où les libertés individuelles se réduisent au rythme de leur développement. Il n'y avait pas la foule au Moulin, c'est une réalité. Le maire aurait tort de s'en satisfaire. Pourquoi ? Parce qu'on n'a encore rien inventé de mieux que le débat démocratique contradictoire et public pour permettre aux citoyens de comprendre les enjeux d'une situation donnée. Le maire aurait tort de croire que les absents sont d'accord avec les mesures qu'il préconise. Il aurait tort de croire que les 71-73 % de Français qui, spontanément interrogés, se déclarent en faveur de la vidéosurveillance, déclament une vérité intangible.

Dans notre porte à porte, nous rencontrons de nombreux habitants qui, de prime abord, sont favorables à la vidéosurveillance. Parce que c'est conforme à l'idéologie dominante, parce que les médias répètent à satiété des contre-vérités sur l'efficacité des systèmes et enfin parce que les Lovériens n'avaient pas réfléchi, nous affirment-ils, aux conséquences individuelles de l'enregistrement des images et de leur possible utilisation. Notre rôle est donc un rôle pédagogique. Le même qu'utilisa Robert Badinter pour convaincre le Parlement de la nécessité d'abolir la peine de mort alors qu'une nette majorité de Français se prononçaient en sa faveur. Aujourd'hui, plus des deux tiers des Français sont opposés à la peine de mort. Heureusement.

Un élu — mais pas seulement un élu — s'honore à être du bon côté des droits de l'homme et des principes qui respectent l'autonomie des personnes, leur droit à l'image et la liberté d'aller et venir. Il s'honore à s'appuyer sur les bilans (tous négatifs) dressés par des pays ou des maires (comme à Levallois-Perret) qui ont recours à la vidéosurveillance depuis plusieurs années et qui vont y mettre un terme. Il s'honore enfin en reconnaissant qu'il a pu faire fausse route et qu'il changera sa « caméra » d'épaule comme on change…son fusil d'épaule.

Avec le maire de Louviers, rien de tout cela. Michel Doucet le lui a pourtant bien dit avec la familiarité construite sur des années de travail en commun : « reconnais que tu t'es trompé ». En tout état de cause et bien qu'il ait vanté la démocratie participative dont il nous rebat les oreilles à chaque réunion publique, nous ne lui reprocherons pas d'avoir organisé une réunion de quartier, récemment, qui a attiré…zéro habitant. Car c'est peut-être le fruit des one-man-shows avec beaucoup de promesses dont bien peu sont tenues. C'est peut-être, aussi, la fin d'un système dont on croyait à l'efficacité et qui s'éfaufile les mois et les années passant…

…Comme la vidéosurveillance dont on sait déjà qu'elle ne servira à rien. « L'un des aspects de notre enquête, écrit Thierry Rousselin, auteur du livre « sous surveillance », qui nous rend optimiste, c'est l'effervescence créatrice qui est en train de monter autour de la vidéosurveillance. De multiples formes de résistances artistiques ou associatives se mettent en place. Elles peuvent retarder ou empêcher le pire en sensibilisant le grand public. » Empêcher le pire…

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