5 septembre 2008

Retour à la réalité par Reynald Harlaut

Notre photo : la villa Calderon est l'obsession du maire (photo JCH)
La Dépêche du 4 septembre consacre sa page 2 à l’interview politique de rentrée de Franck Martin, maire de Louviers et président de l’agglomération Seine-Eure.
L’éternel candidat n’a visiblement toujours pas digéré son échec aux dernières cantonales, échec qui semble t-il, lui occasionne quelques aigreurs d’estomac. Mais, fidèle à lui-même, et au lieu d’analyser objectivement les raisons de cet échec, il continue de se présenter en victime et d’en rendre responsables les autres : le Parti socialiste et principalement les socialistes locaux ainsi que le député, refusant d’esquisser la moindre réflexion autocritique (entre autres sur le cumul des mandats qui conduit à ne pas faire ou à bâcler le travail pour lequel on a été élu). Incurable sur ce point, il brigue désormais un siège de sénateur, avant sans doute d’être à nouveau candidat aux prochaines régionales, voire aux européennes…

Candidat à tout, Franck Martin est tout de même parvenu à se faire élire à la présidence du GIP Marité pour laquelle ne devaient sans doute pas se bousculer les prétendants au poste. Défenseur du patrimoine des autres, il n’en continue pas moins de négliger le patrimoine local : destruction inéluctable de la maison située à l’angle de la rue Tournante après l’avoir patiemment laissée se ruiner, abandon de l’ancienne usine Decrétot – à vendre au plus offrant, mais seuls les pigeons s’y intéressent –, sans reparler évidemment de l’état déplorable de l’église Notre-Dame. Confiée aux bons soins d’associations caritatives, son parvis sert à présent le week-end au stockage des poubelles et au stationnement des voitures ainsi que le montre sur son remarquable site, une photo récente de la Société d’Études diverses de Louviers.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on ne s’étonnera donc pas ensuite que reprenne de plus belle au sein de la CASE, le conflit qui l’oppose depuis des années à propos de tout et de rien à Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil. Conflit d’ambitions évidemment, mais aussi conflit d’hommes que tout oppose : l’origine sociale, la formation, la méthode, le style.

Parlons à présent des grands chantiers ? Les sept projets-phares du maire : vous-en souvenez-vous ? Qu’en est-il à ce jour ? La mise en service de la cuisine centrale est certes une bonne chose, mais cette opération était déjà sur les rails bien avant les dernières élections. Le chantier de la Villa Calderon, démarré dans la précipitation avant même que les financements aient été obtenus (le contrat d’agglomération n’était pas encore signé par la Région) était sans aucun doute un projet d’une urgence absolue puisqu’il n’est aujourd’hui question que de lui.

Quant aux autres projets : silence absolu ! Quid de l’École de musique au cloître des Pénitents, de l’école Jules Ferry? Pour ne citer que ces deux opérations. Apparemment ces projets peuvent encore attendre puisque rien n’est annoncé par le maire à leur sujet dans cet entretien et que les lignes budgétaires votées cette année sont insignifiantes ou inexistantes.

Car au plan local, et selon les informations dont nous disposons, il apparaît de plus en plus clairement que la municipalité doit faire face à une situation financière quelque peu délicate, et c’est là un euphémisme. Il a bien fallu depuis cinq mois procéder au règlement de toutes les factures – pour l’essentiel non budgétées – de la communication municipale pré-électorale du maire : commémorations, présentations, inaugurations, vœux somptuaires du maire avec cartons d’invitation sur papier glacé et enveloppes de luxe, buffets gargantuesques avec champagne, petits-fours et animations, bulletin municipal dont la fréquence de parution augmenta de manière tout à fait inhabituelle, etc… Les fournisseurs ont présenté la note qui sera salée pour le contribuable. C’est pourquoi, avant de procéder à l’augmentation des impôts locaux, on commence à rogner sur tout. Ainsi, un repas non pris à la cantine scolaire par un enfant qui tombe malade sera facturé aux parents sauf s’ils peuvent justifier d’un certificat médical ; et ce n’est là semble t-il qu’un début. D’autres mesures antisociales sont en préparation sur lesquelles nous reviendrons le moment venu. Est-ce là l’expression du mendésisme auquel se réfère encore et encore Franck Martin ?

Il n’est malheureusement plus loin le temps où les évènements donneront raison à tous ceux qui comme nous disaient que l’heure n’était plus aux grands projets, que le maire faisait fausse route, que les finances municipales devaient être réorientées vers des opérations plus modestes visant en priorité à l’entretien de l’ensemble du patrimoine communal : écoles, gymnases, mairie, etc… et à sa remise à niveau en vue de le rendre plus performant, donc moins coûteux en fonctionnement pour la collectivité.

Mais lorsque nous disions cela, Franck Martin, nous répondait d’un ton méprisant que nous n’étions que des petits gestionnaires ! Certes, mais pas au point de rogner sur les tickets de cantine…

Reynald Harlaut

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